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Développer la vision et la mission du secteur pour l’émergence et la consolidation des capacités des entreprises face au VIH/Sida et la réduction du fléau dans le milieu des entreprises, tel était le but du forum organisé le 19 décembre par la Coalition du Secteur Privé (CSP) à l’hôtel Salam.

Le sida est un vrai fléau dans tous les sens du terme pour le continent africain. Il est un obstacle pour son essor harmonieux, son avenir. Au Mali le taux de prévalence estimé à 1,7% selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS III de 2001 à 2006). Les professionnelles du sexe étaient à 31,9%, les routiers 3,9%, les vendeuses ambulantes 4,6% en 2003. Plus de 100.000 personnes ont été infectées en 2001. Les zones de vulnérabilité sont les zones des grands travaux, les grands chantiers nationaux, les grands axes routiers et les zones minières.

A l’échelle continentale, la réalité des chiffres est tout simplement effroyable. En effet, de 25 millions de personnes en Afrique subsaharienne vivent avec le VIH/Sida. Près de 40% de la population du Botswana et du Swaziland sont infectés par le virus. L’exemple des pays comme l’Afrique du sud, le Mozambique et le Zimbabwe a montré la vulnérabilité du tissu économique et social d’une nation face à une épidémie au sida non maîtrisée. Ces pays, à partir d’un seul cas, au départ, sont allés, de fil en aiguille jusqu’à atteindre leur taux actuel élevé de séroprévalence.

Ainsi, pour circonscrire, contrôler le VIH/Sida afin de minimiser son impact sur son développement, le gouvernement du Mali a posé des actes à l’image de la reforme institutionnelle, la déclaration de politique, la gratuité des anti-rétroviraux et des soins pour les personnes vivant avec le VIH/Sida.

En outre, le secteur privé, à travers la Coalition du secteur privé, commence à apporter sa réponse au VIH/Sida. Certaines entreprises sont motivées par leurs propres intérêts éclairés et un sentiment de responsabilité d’entreprises citoyennes.

Ces entreprises, par le biais du CSP répondent au VIH/Sida de manière isolée sans concertation au niveau de leurs institutions représentatives comme la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, le Conseil du Patronat, l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM).

La Coalition du secteur privé est dirigée par Dr Moctar Diallo, un jeune médecin sensible à la cause des autres. Elle entend devenir un véritable fer de lance dans la lutte contre le VIH/Sida. Le CSP a vu le jour le 27 septembre 2004 avec un démarrage effectif de ses activités en avril 2005.

Elle est aujourd’hui constituée de 25 entreprises qui comptent dans l’environnement économique du Mali dont Energie du Mali SA, la CMDT, Morila Sa, le groupe CFAO, le groupe AZALAÏ, le réseau Aga Khan et le groupe Accor.

Les zones d’intervention sont dispersées sur toute l’étendue du territoire malien auprès des entreprises privées aussi bien nationales qu’internationales. « Nous avons aujourd’hui l’occasion de faciliter à travers cette Coalition, ce partenariat afin que le secteur privé puisse se tourner vers celui du public pour solliciter et obtenir son expertise et ses cofinancements par des mécanismes certes qui restent à éprouver et à consolider, mais susceptible de pérenniser et d’augmenter la portée de ses actions» a souligné Malick Sène, Secrétaire Exécutif du Haut Conseil National de Lutte contre le Sida.

La Coalition facilitera, en effet, sur la base du partenariat le développement des stratégies opérationnelles pour renforcer les capacités des entreprises à mettre en œuvre des plans d’action de prévention et de traitement du VIH/Sida. Sur le lieu de travail. Ces programmes sont destinés aux employés, à leurs familles et dans la mesure du possible, aux communautés locales, grâce à une assistance spécifiquement adaptée.

La Coalition a procédé au dépistage, avec résultat en 20 minutes, de chaque participant au forum. Dr Aliou Sylla à l’aide d’un exposé Power Point, a expliqué les modes de transmission de la maladie et l’effort déployé du CESAC et l’Etat malien dans la prise en charge des malades.

Aussi à travers une projection vidéo Modibo Kané, le président de l’association des personnes vivant avec le VIH/Sida a fait part du soutien de l’école où il est enseignant. Modibo Kané et son épouse Aissata Sacko avant de convoler en justes noces alors qu’ils étaient membres de l’association après que chacun ai perdu son conjoint des suites du Sida, ont une mignonne petite fille de six ans séronégative.

Une patiente du CESAC, Kadiatou Bâ (27 ans) a fait un aveu à la salle, son rêve est devenu réalité puisqu’elle est enceinte de cinq mois.

Cependant, suite aux travaux supervisés par Dr Moctar Diallo, le forum a recommandé de renforcer les compétences des membres des comités Sida. Les participants ont, en outre, recommandé que les structures médicales privées soient impliquées dans la prise en charge.
Qu’il faut davantage tenir compte de l’environnement socioprofessionnel, lancer une réflexion sur la confidentialité en milieu d’entreprises en incitant plus d’entreprises à adhérer à la Coalition. Il s’agit aussi de faire reconnaître le VIH/Sida comme une maladie sociale, de mutualiser les ressources matérielles et financières interentreprises et enfin de rééditer le forum pour permettre davantage d’échanges.

Fatoumata Mah Thiam DOUMBIA

21 décembre 2006.