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Le paludisme continue de tuer près d’un million de personnes chaque année en Afrique, pour la plupart des enfants et des femmes enceintes. Aujourd’hui, le combat contre le fléau progresse grâce à des partenariats internationaux qui accordent aux Africains une large part de responsabilité en ce qui concerne la conception et l’application des stratégies de prévention et de traitement.

Réduire de moitié les nouveaux cas de paludisme : tel est l’un des objectifs de l’élan de solidarité manifesté ces derniers temps par des partenariats internationaux à l’égard des pays africains comme le Mali dans leur combat contre ce fléau.

Plus de 90 % des victimes du paludisme vivent en Afrique, continent dont le produit intérieur brut est réduit de 12 milliards de dollars à cause de cette maladie. « Nous pouvons aujourd’hui célébrer le succès de programmes mis en œuvre dans 15 pays ciblés d’Afrique où l’objectif était de réduire les cas de paludisme de 50 % », a déclaré le coordonnateur de l’Initiative du président américain en matière de lutte contre le paludisme (President’s Malaria Initiative ou PMI).

L’amiral Timothy Ziemer intervenait ainsi le 3 mai, à l’occasion d’une conférence organisée à l’Université George Washington et intitulée « Vaincre le paludisme en Afrique : faire fond sur les succès enregistrés grâce aux partenariats ».

Lancée en juin 2005 par le président George Bush, la PMI est un programme sur cinq ans financé à hauteur de 1,2 milliard de dollars que dirige l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) en collaboration avec d’autres organes du gouvernement des Etats-Unis se vouant aux questions liées à la santé. Il s’agit notamment du Centre fédéral épidémiologique.

Pour les autorités américaines, l’optimisme est de mise en ce qui concerne la possibilité que les cas de paludisme, en Afrique, puissent être progressivement réduits grâce à la conjugaison de médicaments comme l’artémisinine et la mise en œuvre de mesures relevant de la prévention comme l’installation de moustiquaires imprégnées et la pulvérisation d’insecticides à l’intérieur des habitations.

Depuis le lancement de la PMI, 6 millions de personnes ont reçu un traitement contre le paludisme ou ont bénéficié de mesures mises en œuvre pour encourager sa prévention. En 2007, ce programme devrait atteindre 11 millions de personnes supplémentaires. Celui-ci a aussi renforcé la volonté des Africains à être de véritables partenaires dans les efforts visant à éradiquer le paludisme sur le continent.

Ce partenariat, a souligné l’amiral Ziemer, s’aligne sur la stratégie des Etats-Unis en matière d’aide étrangère qui privilégie les gouvernements responsables qui font preuve de coopération et qui ont mis sur pied un plan durable afin de répondre aux besoins de leur population. Il s’est traduit par un financement important de la part des Etats-Unis en faveur des pays comme le Mali.

Le financement total des programmes de l’USAID visant la lutte contre le paludisme atteignait 1 million de dollars en 1997 par exemple, alors qu’il sera de 300 millions de dollars pour l’année budgétaire 2008. « La PMI est donc l’un des nombreux éléments de l’engagement pris par ce gouvernement en faveur du développement des communautés et de l’amélioration de la santé publique en Afrique », a fait observer l’amiral Ziemer.

La PMI n’étant que l’un des partenaires parmi tant d’autres œuvrant à la lutte contre le paludisme, l’amiral Ziemer a fait remarquer que le président Bush avait mis le secteur privé au défi de se rallier à cette cause. « La bonne nouvelle, c’est que de nombreuses sociétés et organisations des secteurs public et privé participent désormais à la lutte contre le paludisme », a-t-il assuré.

« Le fait que des sociétés internationales, telles que la Coca-Cola Company, prennent part à la distribution de moustiquaires de lit pourrait avoir des effets bénéfiques lorsqu’il s’agit de protéger la population contre les moustiques qui répandent le paludisme », a expliqué un spécialiste des questions liées à la lutte contre les maladies parasitaires en Afrique.

« De telles entreprises sont implantées aux quatre coins du monde et les projets de lutte contre le paludisme pourraient se servir de leurs vastes réseaux de distribution qui ne se limitent pas aux villes », a-t-il précisé.

Le Dr. Mark Grabowsky, responsable du Service national de santé publique détaché auprès du Fonds mondial pour la lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, a indiqué pour sa part que les consultations avec les pays hôtes sont au cœur même des programmes internationaux visant la lutte contre le paludisme.

« Jadis, nous qui travaillions dans le domaine de la santé internationale, nous étions dans un bureau ici à Washington et dictions aux pays hôtes les stratégies qu’ils devaient suivre en matière de lutte contre le paludisme. Mais, à l’heure actuelle, l’accent est mis sur les partenariats qui tirent le meilleur parti possible des ressources américaines afin d’aider les pays africains à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés au plan de la santé », a-t-il, il.

Il s’agit là sans doute d’une méthode complexe pour lutter contre la maladie, mais les pays ont le sentiment d’être responsables des activités mises en œuvre, ce qui, à long terme, devrait assurer la pérennité des initiatives entreprises dans le domaine de la lutte contre le paludisme.

Moussa Bolly
(avec l’Usinfo)

17 mai 2007.