Depuis plus de 40 ans, la société civile n’a jamais baissé les bras pour trouver la solution optimale à l’abandon de l’excision.
Aujourd’hui, les médias, plus précisément les radios communautaires constituent des acteurs incontournables. Et nous savons que la presse a la capacité d’informer. Et pour informer les populations, il faudrait que les hommes de médias eux aussi se forment.
C’est dans cet esprit que l’Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles a organisé hier, mardi 30 août, une journée d’information et de plaidoyer à l’intention des responsables des radios de proximité. Cela a été possible grâce au partenariat de l’Alliance des radios communautaires du Mali.
L’événement s’est déroulé sous le parrainage de la présidente de l’AMSOPT, Mme Sidibé Kadidia Aoudou et du président de l’Alliance, Modibo B. Coulibaly.
Mme Sidibé Kadidia Aoudou après avoir souhaité la bienvenue aux participants venus de divers horizons, dira que « son association entend impliquer davantage les médias, en organisant cette journée, d’information sur l’excision qui est considérée aujourd’hui comme une pratique néfaste« .
La journée a permis aux participants de formuler des messages convaincants à l’endroit des populations à travers des débats et des échanges.
Ces échanges ont surtout porté sur les déterminants socio-culturels de la pratique de l’excision, les rapports entre les mutilations génitales féminines et les droits humains. En tout cas, cette initiative de l’AMSOPT a été saluée par les participants.
La journée s’est bien passée et ceux-ci ont souhaité qu’une telle rencontre se poursuive désormais entre les hommes de médias. C’est en cela qu’on peut mieux lutter pour l’abandon de l’excision.
Faut-il rappeler que l’Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles a été créée dans la foulée des événements de mars 1991 pour défendre le principe de la participation pleine et équitable des femmes et des enfants dans le domaine de la santé de la reproduction et des droits sexuels.
Elle a pour objectif d’abandonner les mutilations génitales féminines, améliorer la santé maternelle et infantile, lutter contre toutes formes de violences faites à l’endroit de la femme malienne et enfin traduire en action les droits reproductifs et sexuels.
L’AMSOPT intervient dans le domaine de la santé de la reproduction et plus spécifiquement dans le domaine des MGF au Mali. C’est pourquoi, plusieurs villages ont pu bénéficier de l’aide de l’association.
Il s’agit notamment de 35 villages à Sanankoroba, 20 à Kangaba, 10 à Bananba, 10 à Kayes sans oublier le district de Bamako.
Aujourd’hui, plusieurs villages ont abandonné la pratique de l’excision. Il s’agit de 11 villages de Sanankoroba, 9 de Kayes, 2 de Banamba.
Il faut aussi souligner que 30 ex-exciseuses se sont reconverties, 6 filles ont été désinfibulées, 11 femmes traitées pour prolapsus tandis que. 87 femmes ont été traitées pour d’autres complications liées à l’excision.
Alou B HAIDARA
FRANCE
Une Malienne et sa fille qui risque l’excision menacées d’expulsion
Une jeune malienne de 13 ans vivant à Orléans risque d’être renvoyée dans son pays où elle est menacée d’excision, après une décision du tribunal administratif confirmant une décision d’expulsion de sa mère.
La demande d’annulation d’un arrêté de reconduite à la frontière de Mme Djénéba Koïta a été rejetée. Si elle rentre au Mali, sa fille risque d’être excisée, comme en témoigne une lettre envoyée de Bamako par sa grand-mère.
La jeune fille n’est cependant pas concernée directement par l’arrêté d’expulsion, qui ne touche que sa mère, a-t-on précisé à la préfecture. L’enfant aurait donc la possibilité théorique de rester en France.
La mère et la fille étaient arrivées en France en 2002, dans le cadre d’un regroupement familial, mais le père, ancien combattant de la France en Algérie, installé régulièrement en France depuis 1992, est décédé brutalement en 2003 sans avoir eu le temps d’officialiser le regroupement familial.
Leur avocat, Mme Sonia Krovnikoff avait plaidé pour l’annulation de l’arrêté, soulignant » les liens forts entre ses clientes et la France via M. Koïté, qui a servi la France et y a travaillé « .
Elle s’était également appuyée sur la Convention internationale des droits de l’enfant et avait rappelé les risques encourus par Kankou en cas de retour au Mali. Un collectif de soutien à Kankou et à sa mère a été créé à Orléans.
31 août 2005