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Assurément, le gouvernement du Mali veut prendre le pas sur le virus H5N1. Ainsi, après la réunion extraordinaire du comité de lutte contre la grippe aviaire, du vendredi 10 février, c’était au tour des ambassades et organismes internationaux de se retrouver, hier mardi, au ministère des Affaires Etrangères.

Après une brève allocution de l’hôte du jour, le ministre Moctar Ouane, c’est son homologue en charge de l’Elevage et de la Pêche, Oumar Ibrahim Touré qui a eu la lourde tâche de présenter la communication sur le sujet. « Ce qui était une hypothèse hier vient d’être confirmé avec l’apparition de grippe aviaire ou H5N1 au Nigeria le 8 février 2006. Le Nigeria est en Afrique de l’Ouest, donc aux portes du Mali ».

Un train de mesures réglementaires

Le ministre Oumar Ibrahim Touré d’égrener un chapelet d’actions entreprises aussi bien au Mali que dans la sous-région pour endiguer l’épizootie.

Dès le 18 octobre 2005 s’est tenue une réunion ministérielle à laquelle ont participé les ministres concernés par le fléau et des partenaires au développement tels que la FAO, l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), l’OMS, l’Union Européenne et l’USAID.

Cette réunion a instruit la mise en place d’un comité technique de coordination pour la lutte contre la grippe aviaire en République du Mali, de même qu’un Secrétariat technique permanent.

Une structure chargée de coordonner l’ensemble des activités de lutte contre le fléau, de promouvoir les synergie entre les différents acteurs, de collecter et traiter les informations y afférent.

Huit jours plus tard, c’était le Conseil des ministres qui prenait acte d’une communication verbale relative à l’évolution de la maladie dans le monde et aux mesures prises par le gouvernement pour empêcher son introduction au Mali.

Depuis, le comité technique tient régulièrement des réunions, organise des missions de prospection dans les zones d’accueil d’oiseaux migrateurs comme celles de Kayes, Mopti et Tombouctou.

Des tournées qui visent dans le cadre de renforcement de l’inspection sanitaire des volailles et des produits avicoles aux frontières.

Dans le domaine réglementaire, le gouvernement a tout d’abord pris l’arrêté n°05-2703 du 16 novembre 2005 fixant les dispositions à prendre dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire.

Un arrêté qui stipule qu’en cas de suspicion d’influenza aviaire, le préfet ou le gouverneur du District de Bamako prend, après avis du chef de service vétérinaire ou de son représentant, une décision de mise sous surveillance délimitant un périmètre hébergeant l’exploitation suspectée, avec des mesures de polices sanitaires.

Dans ce même cadre, une autre décision interministérielle dont nous faisions état en début de semaine dans nos colonnes, a été prise le 10 février dernier. Rappelons qu’elle porte interdiction temporaire d’importation des oiseaux et de produit avicoles.

Il s’agit, notamment des oiseaux domestiques ou sauvages, de la viande d’oiseaux sauvages ou domestiques, des œufs destinés à la consommation, des plumages d’oiseaux, des matériels pathologiques.

Cependant, l’importation de poussins d’un jour et d’œufs à couver est autorisée à condition qu’ils proviennent de pays indemnes de grippe aviaire au vu d’informations fournies par l’OIE.

S’y ajoutent la mise en place des comités de veille contre la grippe aviaire et l’atelier FAO/UEMOA sur l’assistance d’urgence pour la détection précoce et la prévention de l’influenza aviaire hautement pathogène en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Plus de 862 millions de FCFA pour contrer l’épizootie

Le coût total du plan d’urgence est de 862 094 646 Fcfa. Les moyens logistiques fournis par l’Etat représentent la somme 322 600 000 Fcfa. Il reste donc à chercher 539 494 646 Fcfa.

Le plan d’urgence dont il est question ici concerne l’ensemble du territoire malien et a pour objectif général de contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire et à la préservation de la santé publique.

Ses activités porteront, entre autres, sur l’acquisition de matériels et d’équipements essentiels de laboratoire, ainsi que de matériels de suivi ornithologique, sur le renforcement des capacités opérationnelles des agents de terrain et des laboratoires.

Le ministre Oumar Ibrahim Touré de terminer son intervention par ceci : « Je lance un vibrant appel à tous pour rendre opérationnel notre plan d’urgence de prévention et de lutte contre la grippe aviaire au Mali ».

Séance tenante, les réactions de certains partenaires au développement ne se sont pas faites attendre.
La FAO, par exemple, a suggéré certaines mesures à prendre en cas de crise, avant d’annoncer sa contribution de 25 000 euros pour le matériel d’urgence.

Paul Mben

15 février 2006.