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L’Union soudanaise/Rassemblement démocratique africain (US-RDA) a tenu son 9e congrès ordinaire les 20 et 21 mai 2006. Une opportunité que le parti de la Charrue a saisi pour faire part de son point de vue sur des questions d’actualité relatives à l’économie, l’école, la décentralisation, l’immigration.

Dans la mouvance du congrès, on a appris que le parti a renoncé, « volontairement et sans pression » a son droit de revendiquer son ancien siège (actuels bureaux du Premier ministre), l’immeuble de l’ancienne école du parti (aujourd’hui Ecole normale supérieure, EN Sup) et l’ancien organe de presse du parti (L’Essor). Les réclamations sont cependant maintenues sur le reste du patrimoine.
L’US-RDA s’est également prononcée en faveur d’une économie libérale avec une priorité accordée au monde rural. Elle propose d’intensifier l’éducation des citoyens et des élus pour rendre effective la décentralisation.
Là où le parti de la Charrue n’a pas du tout surpris, c’est le renouvellement de son soutien au président Amadou Toumani Touré, en l’occurrence lors de la présidentielle à venir.

Mais, cette rencontre a laissé beaucoup d’observateurs parce qu’on attendait plus du parti de l’indépendance. On attendait surtout un point critique de sa position actuelle sur l’échiquier politique. Qu’apporte à cette formation son allégeance au régime en place. Est-elle aujourd’hui plus nantie que pendant ses années d’opposition sous le régime de l’Adéma ? Cette alliance lui permettra-t-il de reconquérir le pouvoir en 2012 afin de remettre sur la table son projet de société dont l’exécution a été douloureusement interrompue le 19 novembre 1968.

Les défis de la reconquête du pouvoir

De cet ambitieux projet, il ne reste peut-être plus que l’héritage politique que les responsables du parti son en train troquer contre une alliance dont ils sont les seuls à voir les avantages. Si le régime dictatorial a dilapidé les soubassements de l’économie, les 15 ans de démocratie ont définitivement « mariné » des valeurs comme le patriotisme, l’intégrité morale et professionnelle dans la sauce aigre-amère de la corruption, de la délinquance financière, de la gabegie…

De nos jours, l’un des vrais combats de l’US-RDA doit être de déterrer ce projet de société, de l’adapter au nouveau contexte socio-économique et politique. Cela doit être, à notre humble avis, l’essence de sa conquête du pouvoir. L’héritage des Modibo Kéita, Mamadou Konaté… est menacé. Or, malgré le temps écoulé depuis sa disparition, il y a près de 30 ans, l’itinéraire politique de Modibo Kéita doit rester une source d’inspiration pour les leaders politiques du Mali. A commencer par les responsables de l’US-RDA.

« Des erreurs et des fautes commises dans le feu de l’action, nous devons aujourd’hui tirer les leçons pour renforcer la chance exceptionnelle que notre peuple s’est donné le 26 mars 1991, pour reprendre l’initiative, pour assumer son destin », disait le président Alpha Oumar Konaré en 1995 à l’occasion du 18e anniversaire de la mort du père de l’indépendance du Mali. Plus que n’importe quel « conducteur » de la charrue, le premier président du Mali démocratique s’est toujours inspiré de l’œuvre politique de Modibo Kéita.

« Nous savons gré à Modibo Kéita pour sa rigueur morale, pour son intégrité, pour son amour ardent du travail, du travail bien fait, pour son sens élevé du devoir. Personne ne doit oublier sa contribution exceptionnelle à l’œuvre d’édification d’une économie nationale indépendante, sa passion du Mali et de l’Afrique, son combat inlassable pour l’unité africaine, son engagement constant auprès des peuples du Tiers-monde à travers le Mouvement des Non-alignés, sa lutte pour la paix dans le monde. Il a été de tous les combats justes, de tous les combats des opprimés », rappelait l’actuel président de l’Union africaine dans l’un de ses nombreux discours.
La construction du « Mémorial Modibo Kéita » et les célébrations des anniversaires de sa disparition traduisent la volonté du peuple malien de ne pas oublier les hauts faits et les sacrifices de son premier président. Un peuple qui, politiquement, attend plus de l’US-RDA qu’une simple alliance de circonstance avec un régime qui est en train de perpétuer des dérives contraires aux valeurs sociales et morales défendues par les fondateurs de l’Union soudanaise.

L’un des plus vieux partis du Mali, avec le Parti progressiste soudanais, l’US-RDA (créé le 22 octobre 1946) parait aujourd’hui comme une chapelle moribonde. Cela parce qu’elle n’a pas encore réussi à relever le défi du rajeunissement. On avait pensé que l’élection du Dr. Badara Aliou Macalou allait activer ce processus vital et incontournable pour tout parti qui a de réelles ambitions politiques. Malheureusement, l’Union soudanaise ne parvient pas encore à se défaire de cette image de parti de vieillards taciturnes et acariâtres ayant déjà leur avenir derrière eux. Il suffit de se rendre à une conférence de presse pour s’en rendre compte.
Ce qui paradoxale pour qui sait que toute la politique du président Modibo Kéita (paix à son âme), donc l’US-RDA, reposait sur la jeunesse comme fer de lance. C’est, en grande partie, grâce au dynamisme de leurs jeunesses et leurs mouvements des femmes que des jeunes partis comme l’Union pour République et la démocratie (URD, 1800 conseillers communaux et 20 députés en deux ans) lui dament le pion aujourd’hui.

Si, pour paraphraser Modibo Kéita, les dirigeants de l’US-RDA veulent être des dignes héritiers de leurs illustres prédécesseurs, des artisans d’un Mali resplendissant de prospérité intérieure et de rayonnement international, ils doivent s’affranchir de cette alliance asservissante et s’assumer politiquement afin de relever les défis ci-dessus cités et poser les vrais jalons de la reconquête du pouvoir avant 2012. A moins que la chapelle ne fasse le deuil de ses ambitions politiques, si elle en a. / Alphaly

Dix-sept membres majeurs démissionnent

La section IV de l’Union soudanaise-RDA vient de connaître une vague de démissionnaires. Dix-sept membres du bureau politique national parmi lesquels le secrétaire général Mahamadou Sissoko, la secrétaire politique, Mme Diawara Fatoumata Coulibaly, ont rendu leurs tabliers.
Les démissionnaires justifient leur acte par « trois entorses et pratiques du parti en matière d’investiture des membres du bureau politique national » lors du dernier congrès ordinaire. Dans leur communiqué dont une copie est parvenue à notre rédaction, les désormais ex-camarades du Dr. Macalou, 1er responsable du parti de la Charrue, dénoncent une entorse, c’est-à-dire une irrégularité, faite dans la composition de la commission d’investiture mise en place par le congrès.

Selon les démissionnaires, l’entorse a consisté à accepter au sein de la commission d’investiture, un individu dont les qualités statutaires ne lui permettaient pas d’y siéger. Sont membres de la commission d’investiture, les membres du bureau politique sortant ou de la commission nationale de réconciliation et d’arbitrage en fin de mandat ou les délégués d’une section ou d’une des organisations internes du parti soulignent-ils dans le communiqué. Selon les démissionnaires, le représentant de la jeunesse qui siégeait au sein de la commission avait été remplacé, la jeunesse s’étant dotée d’un nouvel organe.

Les autres griefs des démissionnaires portent, d’une part sur le refus d’un débat sur la proposition de la liste des membres du BPN soumise par la commission d’investiture et l’absence de la Commune IV au sein de l’instance nationale dirigeante du parti d’autre part.
A en croire les démissionnaires ces différents actes affectent la légalité et la légitimité du bureau issu du congrès.

Denis Koné

14 juin 2006