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Pour avoir rencontré une quinzaine de secrétaires généraux des sous-sections de Ségou, le secrétaire général de l’URD, Oumar Ibrahim Touré, a été suspendu ce samedi 27 septembre par le bureau exécutif national du parti pour “travail fractionnel” dans la quatrième région. Est-ce l’annonce d’une guerre ouverte au sein de l’URD ?

Cette information qui a fait le tour des rédactions et de tout Bamako le samedi en début d’après-midi est aujourd’hui diversement appréciée.

Pour le ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré qui fait partie des membres fondateurs de ce parti en 2002, que nous avons rencontré chez-lui à Kalabancoura, cette décision n’est ni plus ni moins que de « la myopie politique ». Selon lui, un grand parti doit savoir quand est-ce qu’il faut prendre des décisions. Le seul tort qu’on lui reproche, dira-t-il c’est d’avoir rencontré une quinzaine de sous-sections sur les 30 de la région de Ségou à leur demande.

Les secrétaires généraux des dites sous-sections ont en effet profité de son passage à Ségou en provenance de Goundam où il avait passé ses vacances gouvernementales pour lui demander de les rencontrer. C’est ainsi que dans la nuit du samedi, 23 septembre 2008, il a rencontré une quinzaine de secrétaires généraux des sous-sections de Ségou. Et tout au long de cette rencontre, nous confia-t-il « je n’ai fait qu’écouter les doléances portant sur les problèmes de chaises, de construction de CSCOM et de mosquée ».

Les seuls propos que j’ai tenus, ajouta-t-il, étaient relatifs à l’unité et à la cohésion du parti.

Oumar Ibrahim Touré affirme en effet avoir demandé aux dits secrétaires généraux de faire bloc derrière le parti et de resserrer les rangs pour mieux affronter les échéances électorales à venir, c’est-à-dire les élections municipales de 2009.

Selon lui, en aucun moment, il n’a tenu des propos sécessionnistes ou fait un travail fractionnel quelconque.

Toujours est-il que tant au niveau de la section de Ségou dirigée par Madani Traoré qu’au niveau de Bamako, cette rencontre a été très mal appréciée. Le parrain du parti, Soumaïla Cissé, qui est présentement dans nos murs pour les réunions statutaires de l’UEMOA a, depuis lors, multiplié les rencontres avec les responsables de la section de Ségou et ceux de la direction du parti.

Ces derniers, de source sûre, auraient d’ailleurs entendu le ministre Oumar Ibrahim Touré sur ses agissements à Ségou. Et c’est à l’issue de cette interpellation que la réunion du BEN a été programmée pour le samedi dernier sans pour autant préciser son objet c’est-à-dire l’ordre du jour.

Mais à la veille de la réunion, Soumaïla Cissé aurait rencontré le ministre Abdoul Wahab Berthé pour un tête à tête de plusieurs heures, indique les mêmes sources.

Sur quoi les deux hommes se sont-ils entretenus ? On ne saurait le dire.

Mais ce qui est sûr, le jour de la réunion, le président de la séance Abdoul Wahab Berthé aurait changé l’ordre du jour en inscrivant le « cas de Oumar Ibrahim Touré pour travail fractionnel dans la région de Ségou». Une question aussi importante pour la vie du parti, pour son unité et sa cohésion aurait dû être débattue en présence de tous les 65 membres du bureau exécutif national et du président du parti même. Mais au lieu de cela, la décision de suspension du 2ème vice-président du parti et non moins secrétaire général de Goundam a été prise par une vingtaine de membres sur les 31 présents ce jour-là et en l’absence du président Younoussi Touré.

Les partisans du ministre Oumar Ibrahim Touré crient déjà au scandale et à l’acharnement politique contre leur mentor. Ces derniers voient la main de Soumaïla Cissé derrière cette décision qu’ils qualifient d’illégale parce que contraire au règlement intérieur du parti. Selon eux, en effet, les textes du parti adoptés à l’issue des travaux du 2ème congrès ordinaire de l’URD qui s’est tenu les 26 et 27 avril 2008 ont été superbement ignorés en la matière.


Que dit le règlement intérieur en matière de discipline ?

C’est le titre III du règlement intérieur qui régit la discipline au sein de l’URD.

L’article 12 du chapitre 1 relatif aux militants stipule que « tout militant, tout responsable coupable de violation des textes du parti s’expose à une sanction ».

Quant à l’article 13, il précise que les sanctions disciplinaires applicables aux militants sont l’avertissement, le blâme, la suspension, l’exclusion.

Selon l’article 14, ces sanction s’appliquent dans les cas suivants : manquements aux textes, non respect des mots d’ordre du parti, non observance de l’éthique du parti.

L’article 16 quant à lui se veut plus précis dans ses dispositions :

« L’avertissement est prononcé par le bureau du comité. Le blâme, qui intervient après trois (03) avertissements, est prononcé par le bureau de la sous-section. La suspension est prononcée par le bureau de la section sur proposition du bureau de la sous-section ».

L’éminent juriste, ministre du travail, Abdoul Wahab Berthé, ignorait-il ces dispositions au moment où il faisait prendre une mesure de suspension par le BEN à l’encontre de son collègue du parti et du gouvernement ? On peut fort en douter. La vérité est que la suspension d’un militant fût-il responsable du parti ne relève nullement de la compétence du bureau exécutif national. Les textes du parti sont très clairs en la matière : « la suspension est prononcée par le bureau de la section sur proposition du bureau de la sous-section ».

Sur le cas d’Oumar Ibrahim Touré, le BEN ne fait nulle part cas d’une éventuelle proposition du bureau de la sous-section de Goundam encore moins d’une mesure de suspension prononcée par le bureau de Goundam contre son secrétaire général.

Pourquoi alors vouloir coûte que coûte sanctionner Oumar Ibrahim Touré ?

L’homme dérange et aux yeux des partisans de Soumaïla Cissé dans ce parti, il est en mission commandée de Koulouba au sein de l’URD pour contrarier les ambitions présidentielles de leur mentor.

C’est cette suspicion qui règne aujourd’hui dans l’URD. Cependant cette contre offensive des amis de Soumaïla Cissé laisse indifférent le 2ème vice président. « Je reste serein et je ne démissionnerais jamais … », conclut Oumar Ibrahim Touré.

Comme pour dire à ses détracteurs que le combat ne fait que commencer.

Birama Fall

29 Septembre 2009