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Le chef de la Délégation de la commission européenne au Mali, Giacomo Durazzo, a animé le 2 octobre dernier dans sa résidence sise à Badalabougou, une conférence de presse ayant touché plusieurs actions de l’UE au Mali y compris les raisons de la visite du Commissaire européen chargé du développement et de l’aide humanitaire dans notre pays, à partir de ce jour. Louis Michel inaugurera aujourd’hui, en compagnie du président ATT, le Centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM).

Le chef de la Délégation de la commission européenne n’a occulté aucun sujet touchant à son institution. Ainsi, il a évoqué avec les journalistes les questions liées à la coopération et le rôle de l’UE au Mali. L’Union européenne est un acteur politique et de développement. Elle est le plus grand fournisseur d’aide au développement. La coopération avec le Mali porte sur plusieurs domaines dans le cadre du Fond européen de développement (FED) et du budget communautaire.

Mais les préoccupations des participants ont porté surtout sur le CIGEM et la démission de l’ex-ministre de l’Energie, des Mines et de l’Eau, Ahmed Sow.

Le CIGEM est le fruit d’une coopération entre le gouvernement malien et la commission européenne en vue de fournir une réponse au phénomène de la migration.

Le Centre d’information et de gestion des migrations du Mali est un centre pionnier en Afrique, qui se veut une réponse au phénomène de l’immigration.

Pour Giacomo Durazzo, l’Union européenne considère que les fils barbelés ne sont pas une solution au phénomène. C’est pourquoi, elle a imaginé avec les pays africains une nouvelle façon de gérer le problème migratoire en créant le Centre d’information et de gestion des migrations.

Le Mali a été choisi comme pionnier de cette nouvelle approche parce qu’il est un pays de transit, d’origine et de destination des flux migratoires.

Le gouvernement du Mali mène aussi, depuis plusieurs années des actions en faveur des Maliens de l’extérieur. Le CIGEM doit appuyer toutes les initiatives du gouvernement pour améliorer et faciliter la participation des Maliens de l’extérieur au développement du pays.

Dans un document remis aux journalistes, Louis Michel fait savoir que l’ouverture de ce centre pilote illustre concrètement la manière dont l’Europe et l’Afrique tentent, en partenariat, d’aider les immigrés de manière légale, équitable et digne. Il poursuit en apportant une précision de taille : « Il ne s’agit pas d’une agence pour l’emploi… Les Maliens qui s’y rendront n’en ressortiront pas avec, comme par magie, un emploi dans une capitale européenne ».

L’Union Européenne a-t-elle contraint Ahmed Sow à la démission ? Le chef de la délégation de la Commission européenne ne l’affirme pas, même s’il reconnaît qu’il y a une action judiciaire de la Commission européenne contre l’ancien ministre de l’Energie, des Mines et de l’Eau.

Mieux, Giacomo Durazzo a fait des révélations qui pourraient être résumées comme étant des instruments de pression de la Commission européenne sur le gouvernement du Mali. En effet, depuis la publication du rapport de l’OLAF qui met en cause Ahmed Sow, la commission a durci les conditionnalités de tous les programmes financés par l’Union européenne au niveau du ministère de l’énergie, des mines et de l’eau. Le chef de la délégation a aussi reconnu qu’avec de telles conditionnalités, il était difficile d’exécuter ces programmes.


Au regard de ces précisions, on peut conclure que l’UE n’est pas totalement étrangère à la démission de Ahmed Sow.

Au cours de son séjour, en plus de l’inauguration du CIGEM, le Commissaire européen chargé du développement et de l’aide humanitaire sera reçu par le président de la République Amadou Toumani Touré. Il aura également une rencontre avec le secrétaire d’Etat espagnol, Angel Lossada et procédera (et c’est l’un des aspects les plus attendus de cette visite) à la signature de la convention de financement “Facilité Eau“.

I. Maïga

06 Octobre 2008