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Actuellement, la mine de Sadiola emploie 1069 travailleurs. Elle a réalisé, l’année dernière, un bénéfice net de 6,3 milliards F CFA avec une production d’or de 458,671 onces. Quant à la mine de Yatela où travaillent 720 personnes, elle a réalisé en 2004, un bénéfice de 465 millions F CFA avec une production aurifère de 241,900 onces. S’il faut inclure les sous traitants, les deux mines ont permis la création de 2499 emplois dont 1302 à Sadiola.

Au cours des échanges avec les responsables de la mine de Sadiola et Yatela et les ministres présents, les questions des journalistes ont porté sur les effets de la production de l’or sur la vie des populations et de leur environnement, la sécurité et les conditions de vie des travailleurs et la situation du climat social. Ils voulaient également savoir l’impact de la mine de Sadiola et Yatela sur l’économie malienne et l’utilisation que le gouvernement fait des revenus générés par l’industrie minière.

« La sécurité des travailleurs n’est pas négociable », ont déclaré les responsables de Sadiola et Yatela. Ils privilégient ainsi la sécurité des travailleurs à la production de l’or. Ils ont précisé que les inspections sont faites tous les jours sur les sites et un comité d’hygiène a été mis en place par les travailleurs eux-mêmes.

Le constat est que les accidents de travail sont plus fréquents à Yatela qu’à Sadiola. Par exemple dans la mine de Yatela en 2004, un chauffeur d’un gros camion a vu ses jambes amputer à la suite d’un accident. Tout comme un autre travailleur a failli perdre la vie à la suite de morsure de serpent s’il n’avait pas été évacué à temps sur le Maroc. On a déploré un cas de décès d’un employé à la suite d’un accident de travail à Sadiola en 2003.

Des rumeurs de fausses couches démenties

Les responsables de mines ont coupé court aux rumeurs selon lesquelles à Sadiola les fausses couches et la malformation des nouveaux-nés sont dues aux effets toxiques du cyanure. Ils ont déclaré que l’INRSP de Bamako et des organisations internationales sont en train de mener une étude épidémiologique pour déterminer l’impact des mines sur la santé des populations des 17 villages les plus proches des opérations. Le rapport final de cette étude sera disponible au cours de ce mois.

A Sadiola, l’usine de récupération et de réutilisation du cyanure est en phase d’expérimentation. Il faut attendre encore une année pour qu’elle soit opérationnelle. Dans les mines de Sadiola et Yatela, le climat social est beaucoup plus apaisé. Les travailleurs et leurs responsables se consultent chaque semaine afin d’anticiper les problèmes. Un code de conduite a été établi pour régir leurs rapports.
Prévue pour 2005, la fermeture de la mine de Sadiola a été repoussée en 2011. Quant à la mine de Yatela, elle sera fermée en 2007. Les responsables des mines ont expliqué le prolongement de la durée de la vie de Sadiola par l’électrification de cette mine à partir de Manantali, l’installation de stockage de déchets, le coût de l’or sur le marché international et la stabilité politique de notre pays.

La part de l’Etat malien
S’agissant de la contribution des mines de Sadiola et Yatela à l’économie malienne, les chiffres sont assez éloquents. Depuis le début de production jusqu’à nos jours, les deux mines ont contribué à l’économie nationale à hauteur de 302, 81 milliards F CFA pour Sadiola et 59,5 milliards de F CFA pour Yatela. En 2004, leur contribution au développement de la région de Kayes est estimée à 9,9 milliards F CFA. Le ministre du Domaine de l’Etat et des Affaires foncières, Mme Soumaré Aminata Sidibé, a affirmé que son département, de sa création jusqu’à 2004, a encaissé 144 milliards F CFA de l’exploitation des mines de Sadiola et Yatela. Elle a justifié la non-visibilité des recettes de l’industrie minière par le fait que tous ces milliards sont directement injectés au Trésor public.

Compte tenu du principe de l’unicité budgétaire, il est très difficile pour le Malien lambda de palper les retombées positives de l’exploitation du précieux métal jaune dans notre pays. Il faut rappeler que l’Etat malien est actionnaire à la mine de Sadiola avec 18 % du capital social. Il détient 20 % de celui de Yatela.

Madiba Kéita

Envoyé spécial

10 mai 2002