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Les potentialités agro-sylvo-pastorales, halieutiques et aquacoles du Mali sont estimées à 46,6 millions d’hectares.

Dans ce potentiel productif global, il y a 12,2 millions d’ha de terres agricoles, 30 millions d’ha de pâturage, 3,3 millions d’ha de réserve de faune, 1,1 million d’ha de réserve forestière.

Les surfaces cultivables et irrigables sont de 2,2 millions d’hectares. Le Mali dispose également d’importantes ressources en eaux souterraines et de surface dont 2600 km de fleuve.

Il y a une grande diversité biologique, des ressources forestières et fauniques considérables et un cheptel nombreux et diversifié de bovins, d’ovins/caprins, de camelins et de volailles.

Mais toutes ces ressources brutes n’ont de valeurs profitables que lorsqu’elles sont exploitées de façon efficiente.

La loi d’orientation agricole dont le Président de la République ne manque pas d’occasion pour se faire le porte flambeau est vue comme une réponse à toutes les préoccupations du monde rural, du secteur industriel, des consommateurs et des opérateurs économiques.

Comportant 200 articles, cette loi s’articule autour de 7 titres et 38 chapitres. Alors que la population agricole représente 80 % de la population totale du pays et malgré les ressources et les potentialités, après 45 ans d’indépendance, on constate un déficit persistant en productions céréalières, un flux important d’importation en produits alimentaires, un secteur agro-industriel peu développé, un faible accès des populations aux services socio-économiques de base, une situation de pauvreté rurale chronique, une dégradation continue des ressources naturelles et l’avancée du désert, une dépendance persistante de l’agriculture des aléas climatiques et une menace périodique de l’attaque de divers déprédateurs.

Pendant 45 ans, les gouvernements successifs du Mali sous Modibo Kéïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré n’ont pas pu déployer suffisamment d’efforts et de réformes pour renverser cette tendance. Et le paradoxe demeure.

Malgré tout, l’intérêt manifesté par les différents pouvoirs pour le développement agricole, les politiques, stratégies et programmes mis en oeuvre au cours de ces décennies n’ont abouti qu’à des résultats en deçà des espérances des populations rurales.

En rupture avec les approches précédentes, le Président ATT a souligné le paradoxe malien de l’absence de souveraineté alimentaire et affiché sa volonté de transformer radicalement les conditions de vie et de production dans le secteur agricole en initiant une loi d’orientation agricole (Loa).

Cette loi ouvre la voie à « une autre agriculture possible » qui assure à la fois la prospérité des producteurs et la richesse de notre pays. La loi d’orientation agricole qui vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale est le fruit d’une large concertation.

Cette démarche participative a nécessité l’organisation de 24 ateliers locaux, 9 ateliers régionaux et 8 ateliers thématiques. Cette loi détermine et conduit la politique de développement agricole du Mali à long terme dans la logique des actes édictés par les états généraux du monde rural de 1991.

Elle s’inscrit dans la continuité de l’option de décentralisation prônée dans la Constitution et des prescriptions de politique économique et de politique agricole.

Souveraineté alimentaire

La loi d’orientation agricole embrasse toutes les activités agricoles au sens large du terme, notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche, la pisciculture, l’aquaculture, les activités forestières et fauniques ainsi que les activités péri-agricoles.

L’objectif est de garantir la souveraineté alimentaire et de faire du secteur agricole le moteur de l’économie nationale en vue d’assurer le bien être des populations.

« La stratégie de développement agricole prônée dans la loi d’orientation agricole s’appuie sur la promotion volontariste de la modernisation de l’agriculture familiale et l’appui à l’émergence d’un secteur agro-industriel structuré, compétitif et intégré dans l’économie sous-régionale« , selon le rapport de la Commission du développement rural et de l’Environnement de l’Assemblée Nationale.

La loi d’orientation agricole réaffirme les objectifs de réduction de la pauvreté, d’équité sociale, de sécurité alimentaire, de gestion durable des ressources naturelles et de protection de l’environnement.

Elle prend en compte les objectifs du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. La souveraineté alimentaire est l’option choisie pour assurer la sécurité alimentaire de la population.

En vue de minimiser les impacts des crises éventuelles, un Fonds national des risques et des calamités agricoles est créé. « La question foncière est traitée de façon volontariste avec l’objectif affiché de sécuriser les exploitants. Les droits coutumiers sont reconnus pour peu qu’ils soient équitables et qu’ils ne nuisent pas à la durabilité des ressources naturelles. L’accessibilité équitable à la ressource foncière est garantie, de même que l’accès à la terre pour les investisseurs privés nationaux et étrangers« , commentent les rapporteurs de la Commission du développement rural et de l’Environnement.

La politique de maîtrise de l’eau à des fins agricoles et la politique de gestion durable et intégrée de la ressource en eau sont mises en cohérence. Pour résoudre la question du financement, un fonds national de développement agricole est créé à côté des institutions financières dont la vocation est de financer l’activité économique.

Une forte implication de la profession agricole est prônée dans la gestion de ce fonds. Il est prévu la création du Conseil supérieur de l’Agriculture doté d’un Comité exécutif national et des Comités exécutifs régionaux pour une bonne mise en oeuvre de la loi d’orientation agricole.

Le Conseil supérieur de l’Agriculture repose sur les principes de partenariat équilibré entre l’Etat et les acteurs du secteur agricole. Il veille à la ratification des outils et méthodes de planification, au suivi et évaluation, à la gestion anticipée des risques découlant de la complexité des relations inter-institutionnelles.

ATT, principal gardien des champs

Le Conseil supérieur de l’agriculture est présidée par le Président de la République. Son secrétariat est assuré par le ministre de l’agriculture.

La Commission du développement rural et de l’Environnement a formulé des recommandations à l’adresse du gouvernement.

Il s’agit de mettre en place un système efficient de suivi des dispositions de la loi d’orientation agricole impliquant tous les acteurs, la mise en place effective du Conseil supérieur de l’Agriculture présidé par le Président de la République, la traduction de la loi d’orientation agricole dans les langues nationales et sa large diffusion sur le terrain.

La Commission recommande également la mise en oeuvre diligente des dispositions de la Loa sous-tendue par le financement effectif et l’application diligente des réformes du secteur rural.

Le parlement a adopté la loi d’orientation agricole, et avec elle, l’espoir et la promesse d’une révolution verte.

L’exécutif sous l’impulsion du Président ATT saura-t-il produire des fruits qui tiendront la promesse des fleurs ?

Boukary Daou

21 août 2006.