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La salle de conférence du Conseil de cercle de Nioro a fait le plein.
Femmes, hommes, jeunes et vieux de Nioro et des seize communes du cercle ont répondu présents à l’appel du Parti pour la Renaissance Nationale.

Conduite par Dioum Kaba Sissoko, membre du Comité exécutif du Parena, la délégation comprenait entre autres les maires Parena de Sandaré et de Gogui (cercle de Nioro), la secrétaire chargée de l’éducation du parti et le conférencier Moussa Diabaté.

Le début de la conférence, qui a fait l’objet d’une cérémonie solennelle, a regroupé autour du chef de la délégation, l’ensemble des autorités administratives et politiques notamment le député de Nioro, le préfet du cercle, plusieurs maires des communes rurales du cercle de Nioro, des représentants des services techniques du cercle.

Dans son mot introductif, le maire de Sandaré, Monzon Ali Coulibaly, a salué les militants Parena pour leur accueil et leur mobilisation. Il a ensuite expliqué aux nombreux participants les raisons de l’initiative du Parti du bélier blanc.

« Le projet de Loi d’Orientation Agricole est une initiative du Président de la République que le Parena a estimé nécessaire de partager avec les populations à la base« , a-t-il indiqué.

En tant que modérateur, le Maire Coulibaly a aussi expliqué les objectifs de cet exercice qui consiste pour le Parena non seulement à restituer le projet de loi aux populations, mais aussi et surtout à recueillir leurs préoccupations qui n’ont pas été prises en compte dans le projet de Loi d’Orientation Agricole afin de les transmettre à qui de droit.

Le préfet de Nioro, le Lieutenant-colonel Falé Tangara, qui a présidé la cérémonie d’ouverture, n’a pas manqué de saluer l’initiative du Parena, qui, selon lui, doit servir d’exemple aux autres formations politiques dans l’encadrement du citoyen en général et des militants en particulier.

Il a demandé aux populations de Nioro de profiter largement de ce débat pour comprendre les avantages que peut procurer la Loi d’Orientation Agricole. Car dit-il, cette loi est unique et compte beaucoup pour son initiateur, le Président de la République, Amadou Toumani Touré qui l’a imaginée et tente de la concrétiser afin de faire sortir le monde rural du sous-développement.

Le conférencier, Moussa Diabaté, lui-même technicien du monde rural, n’a pas eu de difficultés à expliquer aux populations en langue nationale Bamanan les avantages du Projet de Loi d’Orientation Agricole. Les sept titres, les trente trois chapitres et les deux cent articles ont été survolés de façon satisfaisante.

Il a aussi rappelé le processus qui a conduit à l’élaboration jusqu’à l’adoption du Projet de loi par le gouvernement du Mali en décembre dernier. M. Diabaté a beaucoup insisté sur certains aspects intéressant particulièrement les paysans notamment la prise en charge des risques sociaux, le statut du paysan, le foncier ou souvent la surveillance alimentaire.

Le conférencier a aussi attiré l’attention des participants sur l’importance de ces échanges qui consistent, selon lui, à protéger éventuellement la LOA dans son application. Car disait-il, c’est le manque d’information et de sensibilisation qui a empêché l’application de la Charte pastorale que les principaux bénéficiaires ont toujours ignorée.

En cinq heures de débat, une quarantaine de personnes composées d’hommes et de femmes ont pris la parole, soit pour comprendre, soit pour faire des contributions et souvent même des propositions. Ainsi, les réactions étaient multiples et diversifiées, mais toutes en relation avec la Loi d’Orientation Agricole.

Si les intervenants ont salué l’initiative du Président de la République, ils n’ont manqué à aucun instant de lancer des fleurs au Parti pour la Renaissance Nationale et ses responsables pour leur initiative et surtout pour le choix de Nioro du Sahel qui est un cercle à vocation largement agricole. Mais pendant que certains s’inquiètent, d’autres se plaignent de la méconnaissance de leurs efforts.

Le désengagement de l’Etat inquiète

Dans le projet de Loi d’Orientation Agricole, l’Etat a promis de se désengager de certaines activités agricoles notamment dans le domaine de l’élevage et de la sécurité alimentaire. Apparemment cela n’est pas du goût de certains professionnels du secteur à Nioro. Le vieux Tidiani Dicko pense que l’Etat a tué l’élevage en privatisant le service de l’élevage.

« D’accord pour la privatisation des pharmacies vétérinaires, mais non à celle du personnel« , martela-t-il. Il estime que l’Etat doit renforcer l’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM) et lui permettre de faire la commercialisation des produits agricoles, au lieu de le privatiser.

Partout au Mali, les femmes s’estiment abandonnées à leur propre sort. Les femmes de Nioro ne font pas exception à la règle. Elles l’ont exprimé à travers Bintou Diawara, une sexagénaire qui fait du maraîchage.

« Nous, les femmes de Nioro, nous ne réclamons rien de l’Etat sauf que les efforts que nous fournissons restent toujours dans l’ombre. Notre travail ne sort jamais à la télévision« , indiquait-elle.

Ignorant les rires en choeur du public, Bintou Diawara prend à témoin les responsables du Parena qu’elle invite à transmettre son message au Président de la République.

Liant le geste à la parole, les responsables du Parena qui partagent aussi les préoccupations du monde rural, ont sollicité séance tenante les services de la télévision nationale pour filmer Bintou Diawara et les autres femmes maraîchères au milieu de leur temple.

Idrissa Maïga

1er mars 2006.