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«Honnêtement, j’ai le sentiment que le rythme de la mise en œuvre de la loi d’orientation agricole est lent». Cette appréciation est de la Commissaire à la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Yaya Haïdara. Cet avis est largement partagé par le monde paysan qui s’est exprimé à travers leurs représentants, le 29 mars dernier, à la quatrième session du conseil supérieur de l’agriculture.

Haute instance d’évaluation de la mise en œuvre de la loi d’orientation agricole, la quatrième session du conseil supérieur de l’agriculture s’est tenue, le 29 mars dernier. Elle a eu lieu dans la salle des banquets du palais de Koulouba sous la présidence du président de la République, Amadou Toumani Touré. Les secteurs de l’administration publique aussi bien que les représentants des différents corps professionnels du secteur y étaient présents.

Le ministre de l’agriculture, Agatham Ag Alhassane, a rappelé que la loi d’orientation agricole est une option volontariste du chef de l’État, et un instrument utile qui offrira des perspectives radieuses à l’agriculture malienne «C’est un instrument qui peut révolutionner notre agriculture et le monde rural», a souligné le ministre Agatham Ag Alhassane. Il ne s’est pas privé de dire que le Mali a le potentiel agricole le plus exceptionnel de l’Afrique de l’ouest.

Aux termes de la LOA, les autorités promettent donc un accès équitable aux terres agricoles, une sécurisation foncière, la modernisation des pratiques agricoles (semences et mécanisation), un financement approprié de l’agriculture, le renforcement des capacités des professionnelles du secteur agricole.

Tout ceci pour promouvoir une sécurité alimentaire dans notre pays et propulser le Mali au rang des pays exportateurs remarquables de produits agricoles.

Contre les discours d’embellie des ministres, les acteurs socioprofessionnels ne sont pas passés par quatre chemins pour dire que l’agriculture malienne souffre encore d’un manque de sources de financement adapté à son épanouissement.

Si de multiples efforts sont constatés au niveau institutionnel notamment l’élaboration de différents textes afférents à la mise en œuvre de la politique, nombre d’observateurs soulignent une léthargie dans son application sur le terrain. «Honnêtement, j’ai le sentiment que le rythme de la mise en œuvre de la loi d’orientation agricole est lent» a fait savoir Mme Lansry Nana Yaya Haïdara, commissaire à la sécurité alimentaire.

Elle a été soutenue par le président de l’assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, qui a ajouté que les conditions d’accès aux tracteurs promus par les autorités restent floues. Mieux, il a souligné qu’il est plus judicieux de mettre au moins un tracteur dans les différentes communes rurales.

Certains ont souligné que les dysfonctionnements de la répartition des tracteurs déjà livrés font que ces engins se retrouvent par la suite dans les centres urbains.

Pour sa part le président de l’association des institutions de micro finance a souligné qu’il y a encore un besoin de renforcement des capacités des organisations professionnelles et les taux d’intérêt des crédits agricoles doivent être modérés.

Aussi la LOA prévoit la mise en place d’une commission pour la gestion du foncier. Cette commission n’est pas encore opérationnelle. Mais le président de la CNOP (Coordination nationale des organisations paysannes du Mali) attire l’attention sur une garantie de transparence. «Si la transparence n’est pas garantie, ça peut amener au rejet de la commission par la population», a-t-il assuré.

Seydou Coulibaly

31 Mars 2010.