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La preuve est établie que la justice malienne a encore du chemin à faire pour atteindre un niveau qui la fera entrer dans les bonnes grâces des justiciables. En effet, la justice est normalement le dernier recours de l’opprimé, de la veuve et de l’orphelin.

Elle est impartiale et procède de l’intime conviction du juge lequel, conscient de toute la responsabilité qui pèse sur ses épaules, dit la loi dans son esprit et dans sa lettre, de manière à gagner l’honorabilité et à pouvoir dormir la conscience tranquille.

Aujourd’hui, le Mali a mal à sa justice. Il ne passe un jour sans que l’on ne voit, étalés sur la place publique, des exemples de dénis de justice, des cas d’injustice commises au prétoire. Parmi les « affaires » qui encombrent la section administrative de la Cour suprême, les litiges fonciers sont les plus nombreux.

Dans le cas de l’affaire qui oppose l’Eglise du Mali à « l’héritier » du père Youssef Francis, les choses se présentaient pourtant simples : un prêtre d’origine libanaise, envoyé en mission au Mali, achète au nom de sa mission des terres dont les titres fonciers demeurent (malgré les faux et usage de faux) au nom de l’Eglise. Un « héritier » débarque de son bled perdu entre le mont Sinaï et la plaine de la Bekaa pour tenter de tout remettre en cause.

Il est étonnant de voir que malgré les témoignages, malgré les documents, malgré un décret présidentiel, le juge a décidé de spolier une institution pour un individu. Pis encore : au moment de l’exécution de la grosse, c’est un juge, en poste à Sikasso, qui établit les premiers documents !

Il ne devrait pas avoir de discussion sur ce dossier, car quand l’Eglise parle de père Youssef Francis, décédé en l’an de grâce 2004 à Albi, enterré comme prêtre, le « légataire universel » évoque Youssef Francis, retraité, célibataire !

Dans le cadre du règlement de cette crise, beaucoup d’anomalies sont apparues, faisant voir et comprendre le niveau de la gangrène dans l’administration publique malienne. « Tous, ou presque, ont bu », affirme un interlocuteur au fait de ce dossier.

Fait affligeant, d’autant plus que le simple bon sens aurait permis de comprendre qu’un prêtre est missionnaire et que sa descendance n’est pas héritière de ce qu’il laisse. A ce rythme, il ne serait pas étonnant de voir les héritiers du gouverneur Louveau réclamer la restitution du palais de Koulouba.


Alexis Kalambry

25 janvier 2006.