Quelques mois après les Etats généraux sur le foncier, les problèmes refont surface. Sans effet notoire et moins inclusif, selon les victimes de la spéculation, les Etats généraux n’ont été qu’un coup de sabre dans l’océan. La tension est vive et risque de s’amplifier dans un avenir proche. Les victimes de l’expropriation entendent user de tous les moyens pour avoir leur droit. Pour cela, une marche de protestation à laquelle prendra part toutes les victimes aura lieu le mardi 9 mars à Bamako.
Le samedi 6 mars dernier à Niamakoro Chèbougouni au siège de l’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour le Développement et la Défense des Droits des Démunis (UACADDDD), la déception et la colère étaient le comble des membres de cette union.
Sous l’égide de M. Soungalo Koné, c’est dans un climat de désarroi total, de désapprobation de l’attitude des autorités publiques que des voies angoissées ont annoncé cette sortie massive. Une sortie qui risque de mettre le feu à la poudre s’ils n’ont pas eu gain de cause. Le samedi, ils étaient des dizaines de personnes réunies sous un hangar et sous le soleil ardent à raconter à la presse leur déboire et les moyens qu’ils entendent utiliser pour que justice soit faite.
Après cette sortie, à en croire l’union, si rien n’est fait, une série d’activités sont prévues pour les festivités du cinquantenaire, il s’agira en marge des manifestations du cinquantenaire d’organiser une contre manifestation pour montrer au public le degré de l’injustice sociale qui a provoquée de nombreux déguerpis.
“Nous allons manifester et montrer au monde que nous sommes spoliés de nos dents”, disait Ba Konta de Kognoumani. En effet, les litiges fonciers sont des problèmes majeurs qui sévissent à tous les échelons. En dépit des cas isolés à l’intérieur des quartiers, chaque hectare d’élargissement entraîne son lot de frustrés et de son abri.
A cela s’ajoute la politique des logements sociaux qui selon les victimes se révèle plus expropriatrice que les précédentes.
De nombreux domaines sont automatiquement transformés sans un dédommagement des occupants ou propriétaires coutumiers. Après les zones de Yirimadio, c’est N’Tabacoro qui vibrent au rythme des bulldozers. Sans compter les titres fonciers antidatés qui déversent au quotidien les paisibles citoyens, en majorité les pauvres.
Le combat de l’Union
C’est fort de ce constat, en vue de coordonner les efforts qu’a été créé en 2005, l’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour le Développement et la Défense des Droits des Démunis. Elle regroupe de nos jours 43 associations, coopératives, des quartiers et villages qui sont victimes d’injustice foncière. Elle regroupe des millions d’individus, en majorité pauvres qui réclament haut et fort une justice sociale.
Rappelons qu’au moment des assises des Etats généraux, l’Union, à travers ces composantes avait organisé un sit-in devant le CICB sans succès, ni une quelconque considération. L’Union déclare que les Etats généraux ne peuvent réussir sans l’implication de la base.
Pour cela, elle exige sa participation à la résolution des problèmes fonciers, le recasement des déguerpis en priorité dans la politique d’urbanisation, le maintien des habitants à leur place en cas d’annulation des projets et la création d’une commission nationale de recasement composé du Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, la municipalité de la commune concernée, la population locale (Association et chefs coutumiers) et une commission d’arbitrage dirigée par la juridiction de la localité.
Les parcelles à usage d’habitation
Pour une meilleure gestion, l’union recommande la révision des plans déjà approuvés pour conformité au niveau de l’IGM, que l’ancienneté des titres soit prise en compte lors des procès et la comparution des maires chargés des affaires domaniales devant les juges pour plus de clarification le dédommagement des victimes des malversations foncières et la poursuite des responsables autour des faux documents.
Pour le cas des concessions rurales comme N’Tabacoro, Gouana, Niamana, l’union exige aux autorités la révision de sa position et le maintien des propriétaires dans leurs titres. Pour le cas des champs, l’union exige une réforme agraire conformément à l’article 78, le respect du droit coutumier et le respect des décisions de la justice par les élus municipaux.
Les espaces litigieux dont l’union réclame justice sont :
En Commune I Dianguinébougou Wèrèda, 84 ha, Kognoumani 28 ha, entièrement démolis, Dialakorodji 34 ha en litige entre la Commune I et le cercle de Kati.
En Commune II, Quinzambougou, le litige porte sur les mangerai Tourela.
En Commune III, la situation des commerçants détaillants déguerpis du marché Dibida reste sans suite.
En Commune IV, l’affaire de détournement des parcelles des lépreux est sans issue favorable, à Kalambougou, 24 ha est source de discorde.
Aussi, à Lafiabougou-Bougoudani, les familles déguerpies de la piste du projet de voie ferrée Bamako-Conakry réclament leurs droits.
En Commune V à Dadouabougou, les affaires de l’ancien tissu, la colline de Dounzombougou à l’ouest de la mosquée et de la bande 140 m restent non closes. A Sabalibougou, l’ancien tissu, la bande 140 et à Baco-Djicoroni, la restitution du plateau sont des foyers de tension.
En Commune VI, les zones litigieuses sont : Niamakoro, Djadjébougou, Carrefour de Niamkoro et la zone aéroportuaire, les 31 familles déguerpies du lieu du stade du 26 Mars de Yirimadio, les 15 ha de la famille Touré à Faladié, et le Carrefour Wara.
Dans le cercle de Kati, le cas de Gouana et N’Tabacoro sont cités.
Ousmane BERTHE
08 Mars 2010.