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Le ministre Iba N’Diaye a fait un tour d’horizon des questions de l’emploi au Mali. Il a rappelé la volonté politique du gouvernement qui, en plus de l’ANPE (Agence nationale pour l’emploi), a décidé de créer l’APEJ (Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes), chargée de la question d’emploi des jeunes. Le ministre s’est ensuite appesanti sur la transversalité de l’emploi et les grands efforts constamment consentis par le gouvernement dans sa quête d’une réponse au phénomène du chômage.

Pour l’invité de L’Aube, la question de l’emploi se pose avec une telle acuité qu’elle devient aujourd’hui pour un pays comme le Mali une question de stabilité, de sécurité voir de développement tout court.

Le gouvernement, qui a compris toute l’importance de la question, dira le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, a élaboré une politique nationale de l’emploi qui entend trouver les voies et moyens susceptibles d’aider les sans emplois à s’insérer dans le tissu socio économique. «Toutefois, pour que cette politique atteigne ses résultats, il faut qu’elle ait pour base, pour socle, pour fondement, une formation professionnelle adéquate, une formation qui prenne davantage en compte les besoins réellement exprimés par le marché de l’emploi», a souligné Iba N’Diaye, qui précise que cet aspect est toute la question soulevée par l’inadéquation entre la formation et la demande. Ce qui explique en partie le chômage qui frappe une bonne frange de la jeunesse du pays. «Les mécanismes du chômage sont aujourd’hui suffisamment connus, il s’agit juste de trouver les solutions en prenant le taureau par les cornes», a déclaré notre Invité. Qui est convaincu que le chômage pourra être vaincu si les efforts sont orientés d’une part dans le sens de l’identification de créneaux porteurs et, d’autre part, en rendant le financement plus accessible aux porteurs d’initiatives.

La bourse de l’emploi

Malgré la présence de plusieurs structures prêtes à garantir le financement des projets soumis par les jeunes à travers l’APEJ, le constat reste que très peu de ces initiatives trouvent un écho favorable auprès des établissements bancaires. Interpellé sur ce sujet, le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle a donné une explication qui appelle les jeunes à plus de réflexion: «Nous avons dit aux jeunes de monter des projets pour financement. Mais le constat est que la plupart de ces projets ne sont pas bancables».

En vue de trouver une solution à cette situation, les services techniques du département ont initié une série d’initiatives dont la bourse de l’emploi et de la formation professionnelle qui sera lancée le 17 juin 2008. Cette bourse envisage, sur la base de l’identification de créneaux porteurs, de faire un millier d’offres d’emplois aux jeunes. Les activités portent, entre autres sur l’exploitation de fontaine d’eau, l’opération «Congélateurs» pour les femmes, 1 000 kits de labour, l’embouche bovine etc.

Dans ses explications sur la nouvelle bourse de l’emploi et de la formation professionnelle, le ministre Iba N’Diaye estime qu’une place de choix sera accordée à l’emploi rural. «Nous n’avons d’ailleurs même pas le choix ; nous sommes obligés d’aller vers un développement de l’emploi rural sous peine de rester encore longtemps dans la misère et la famine», a-t-il confié.

Dans ce secteur rural, il y a énormément de choses à faire, explique notre hôte du jour, qui rappelle que le PDES envisage d’installer quelques 900 000 exploitants agricoles. Pourtant, révèle notre interlocuteur, la réalité est qu’à ce jour, le nombre de ceux qui ont accès au service de la charrue, dépasse à peine les 30%. De telle sorte que, c’est tout un programme qu’on peut aujourd’hui monter, si on veut que les 70% restants accèdent à cet outil de travail.

Si aujourd’hui cet objectif est réalisé, le résultat sera impressionnant pour notre production agricole qui se verra multipliée. Une occasion pour le ministre Iba N’Diaye de dénoncer un certain état d’esprit largement répandu chez les jeunes qu’il invite à profiter pleinement des énormes potentialités qu’offre notre secteur rural.

Plus de 50 000 emplois d’ici 2012

En vue de trouver une réponse adéquate à la problématique de l’emploi au Mali, le président de la République, principal initiateur de l’APEJ, a pris l’engagement à travers le PDES, de créer au cours de ce quinquennat 50 000 emplois publics dont 8 500 cette année.
Interrogé sur la faisabilité de cette promesse, Ibrahima N’Diaye répond sans ambiguïté : «Il n’y a même pas à douter, le projet des 50 000 emplois d’ici 2012 est non seulement réaliste mais réalisable et nous le réaliserons». La preuve, explique t-il, est que, de part sa nature transversale, l’emploi se crée chaque jour dans le pays avec une importante contribution du secteur privé. Chaque département, selon ses spécificités, fait des recrutements.

Cette année, en plus de la bourse de l’emploi qui pourra offrir 5 000 possibilités d’emplois aux jeunes, il faut ajouter la fonction publique, qui envisage, au titre de l’année 2008, de recruter plus de 8 000 nouveaux agents. Avec ces statistiques, on aura franchi les 10 000 emplois prévus pour le compte de l’année, a indiqué le ministre. « Notre souci est d’offrir un emploi à chaque jeune de notre pays ; et notre sentiment est que notre mission continue tant qu’un seul Malien reste sans emploi », a poursuivi Iba N’Diaye qui affirme que les 50 000 emplois annoncés par le PDES au cours des cinq prochaines années pourraient être largement dépassés.

«Pour ce faire, il nous faut revoir la formation dispensée dans nos centres de formation, qui ne tient pas en compte les besoins. C’est une excellente chose que de former chaque année les jeunes, mais encore faudrait-il que cette formation tienne compte des besoins exprimés au niveau du marché. C’est ce travail que nous prévoyons de faire dans le cadre de notre programme décennal pour la formation professionnelle et l’emploi», a affirmé Ibrahima N’Diaye. Qui poursuit: «La formation professionnelle, c’est la base de tout. Elle doit même être au départ de toutes les initiatives».

Il regrette la non prise en compte de la formation par apprentissage dans le dispositif d’encadrement de notre pays : «C’est elle qui permet de faire des résultats impressionnants. Il y a lieu donc de voir dans quelle mesure 95% de ceux qui travaillent en milieu rural puissent accéder à un minimum de formation professionnelle».

Le retour des jeunes à la terre

«Compte tenu du caractère particulièrement important de la production agricole et surtout du grand espoir que fondent les autorités sur sa mécanisation, nous assistons à une multiplication des initiatives et actions incitatives pour aller vers une plus forte promotion de la culture de la terre», a indiqué le ministre Iba N’Diaye, qui explique que c’est la principale motivation d’une caravane de quelque 400 jeunes qui s’apprêtent à marcher de Bamako à Ségou, les 14 et 15 juin prochains. Leur slogan : «Le retour des jeunes à la terre».

Au cours de cette caravane, les jeunes feront passer des messages à l’intention de leurs pairs du pays en vue de les amener à prendre conscience du caractère très porteur de l’emploi rural.

Les caravaniers seront accueillis, le 15 juin, à leur arrivée à Ségou, par le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle en personne, en présence de certains de ses collègues du gouvernement.

Oumar Diamoye

05 juin 2008