L’officier de Police affirme haut et fort son innocence.
«Je vous affirme que je ne suis impliqué ni de près ni de loin dans cette affaire.
En tout état de cause, vous pouvez, si nécessaire vous impliqué pour la manifestation de la vérité car nul ne connaît les vicissitudes d’une enquête et surtout les caprices de certains enquêteurs, s’ils veulent créer des ennuis», ainsi s’adressait au Directeur général de la Police, l’inspecteur Ahmed Yattara, placé sous mandat le 26 mai pour «enlèvement avec violence», sur la personne de Mory Magassouba, chasseur et féticheur guinéen.
En fait, il est reproché à l’officier de police d’avoir pris part à un différend qui opposait son frère Daouda Yattara au guinéen. Des mois après ce conflit et après la disparition de Mory Magassouba, ses parents ont porté plainte contre Yattara, lui reprochant d’être l’auteur de son «assassinat».
Après l’arrestation de Daouda, son grand frère haut fonctionnaire de la police nationale avait été interpellé la semaine dernière par les enquêteurs. Et il fut conduit devant le juge d’instruction chargé de l’affaire. D’où son inculpation.
Cependant, l’inspecteur Yattara, dans sa correspondance, indique qu’il n’a rien à voir avec cette affaire qui, déjà a entraîné l’inculpation d’une bonne dizaine de personnes : disciples, confrères et parents du féticheur Daouda Yattara.
Aujourd’hui, l’officier de police, vue la tournure de l’affaire, donne sa version à son commandement.
Pour lui tout débuta avec la visite dans la famille Yattara d’un individu (Mory Magassouba) venu solliciter de l’aide auprès de Daouda, en tant que confrère, pour aller fêter le Ramadan chez lui, en Guinée.
Daouda, selon l’Inspecteur Ahmed, lui a donné 175.000 F Cfa. «Mais curieusement, il a fait paraître des enregistrements sur une cassette – audio. Il traitait Daouda Yattara de tous les maux et promettait de l’assassiner», indique l’officier de police.
Selon le policier, le guinéen est ensuite allé à Kangaba où un certain Mamby (un chasseur) et ses adeptes le ramenèrent ligoté dans la famille Yattara «en vue d’une confrontation avec Daouda Yattara sur les propos qu’il a tenu à l’endroit de ce dernier».
L’inspecteur Yattara indique qu’il a immédiatement ordonné qu’on détache Mory Magassouba. Refus de Mamby et de ses adeptes qui, selon Ahmed, sont repartis avec le guinéen. Les geôliers de Magassouba l’amène alors chez un certain Céyan Kéïta, leur maître féticheur. De son côté, l’inspecteur se rend chez le vieux Kita Balla pour l’informer des événements qui venaient de se passer.
«Avec le vieux Kita Balla, à notre retour à notre domicile, nous avons trouvé Mory Magassouba avec Mamby. Le vieux, Céyan et moi même avons eu un entretien avec Mory et Mamby, en présence de Daouda Yattara. Nous avons pu convaincre les uns et les autres à mettre fin à l’altercation», révèle l’inspecteur Ahmed Yattara.
Ensuite, il évoque certaines démarches qu’il a entreprise. L’officier indique qu’il a personnellement informé le Commissaire Konaté au 9e arrondissement. Celui-ci à son tour aurait saisi le Directeur régional de la Police du District de l’époque, le Contrôleur général Falaye Kéïta «qui nous a dit de nous adresser à la Brigade territoriale de la gendarmerie», soutien l’officier Yattara. Et c’est là que Daouda renonça à porter plainte contre le guinéen.
Pour l’inspecteur de police, lui et son frère ont laissé le guinéen aux mains d’un officier de la gendarmerie. Et l’affaire était ainsi close de leur côté. Cependant, l’officier de police se pose nombre de questions au sujet de cette affaire dont celle-ci : «pourquoi les parents de Mory Magassouba ont-ils attendu cinq jours avant d’informer le Commissariat de son enlèvement ?
L’inspecteur de police, Ahmed Yattara ne semble pas également partager certaines méthodes utilisées par les gendarmes chargés de l’enquête. C’est ainsi qu’il informa ses chefs que le commandant Camara du Camp I lui aurait dit avant son incarcération qu’il «constituait une entrave à son enquête».
Aussi, l’officier de police indique que la porte de sa chambre a été défoncée à son absence le 13 avril 2005 et les gendarmes ont procédé à une perquisition. «Pourquoi» s’interroge l’inspecteur Ahmed Yattara.
Affaire à suivre.
C.H Sylla
31 mai 2005