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-L’Etat débloque 5 milliards F CFA

-Les banquiers prêts à s’engager

Les banques et autres institutions financières sous la conduite de la BNDA viennent de décider d’accompagner le gouvernement dans la réalisation de l’Initiative Riz. Cette importante décision a été prise à Ségou après concertations entre argentiers.

De son côté, l’Etat vient de débloquer un pactole de 5 milliards de nos francs pour le financement des intrants dans le cadre de cette opération. Cet argent mis déjà dans les comptes constitue la première mise de cet ambitieux programme.

Le Ministre des Finances, Abou Bakar Traoré accompagné de son homologue de l’agriculture, Tiémoko Sangaré et en présence du gouverneur de la région Abou Sow, a présidé vendredi dernier à Ségou « la journée de concertation des banques et des institutions de microfinance sur le financement du Plan d’opération de l’Initiative Riz de la campagne 2008-2009 ».

L’Initiative Riz prise par le gouvernement se veut une réponse structurelle à la crise actuelle du Riz, c’est-à-dire une mesure face à la hausse généralisée des prix des céréales et à la poursuite de cette tendance dans les années à venir. Mais au-delà, sa mise en œuvre est une étape vers la réalisation de la volonté exprimée par le Chef de l’Etat dans le PDES de faire du Mali une puissance agricole.

Elle s’inscrit donc tout naturellement dans la déclaration de politique générale du chef du gouvernement et la loi d’orientation agricole adoptée par l’Assemblée nationale en septembre 2006.

L’opérationnalisation du plan d’action pour la campagne 2008-2009 se prépare donc dans la perspective d’apporter une réponse structurelle à court, moyen et long termes, en clair, initier une action qui aboutira à l’autosuffisance du Mali en riz et à la commercialisation des excédents de production. Tout cela ne peut se faire sans l’implication effective des différents acteurs de la filière. En particulier les financiers.

En effet, cette campagne de réponse nationale à une crise qui touche tous les marchés internationaux a un coût qui nécessité des subventions de près de 11 milliards de F CFA permettant l’acquisition d’engrais et de semences ; le fonctionnement de la station de pompage de la plaine San Ouest ; et l’appui conseil nécessaire. En outre, le financement en équipements agricoles sera assuré par l’Etat à hauteur de 701 millions.

Le plan de financement ne peut donc se faire sans la participation des banques et institutions de micro finance dont le concours a été sollicité par l’Etat. Suite donc à la rencontre entre gouvernement et acteurs de la filière le 21 avril dernier, mandat a été donné à la Banque Nationale de Développement Agricole par l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Mali de conduire toutes les concertations et les accompagnements possibles des banques.


La BNDA, chef de file

Selon le PDG de la BNDA, Moussa Alassane Diallo cette journée de concertation devait servir à une large information sur la problématique du financement de l’Initiative Riz à l’issue de laquelle les différentes institutions bancaires et financières décideront de la forme et du niveau de leur participation au schéma de financement que sa banque pilote.

Il estime qu’il est temps de sortir des discours sur les potentialités pour traduire celles-ci en réalité, en action concrètes. Pour le PDG de la BNDA, l’Initiative Riz est à la fois un projet de développement économique prenant en charge les problèmes liés à la production et à la productivité ; un projet intégré qui traite les questions liées à la commercialisation et à la transformation ; et un projet fédérateur mettant en harmonie et en symbiose toutes les zones de production rizicole du Mali.

Les Ministres Traoré et Sangaré ont quant à eux expliqué aux financiers ce que le gouvernement attend d’eux et ont confirmé que l’Etat a déjà pris toutes les dispositions qui lui incombent les résolutions.

Les participants ont procédé à un examen approfondi et une analyse détaillée du plan d’opération notamment l’organisation et l’encadrement des producteurs, leur situation d’endettement, l’analyse des différentes zones de production, les prévisions, les circuits d’approvisionnement et de commercialisation. Les banquiers se sont spécialement penchés sur le schéma de financement de toutes les étapes de l’Initiative, sur les paramètres de sécurisation des concours bancaires et des IMF, sur la gestion de la subvention de l’Etat et sur les mesures d’accompagnement.

Convaincues que l’Initiative Riz est une réponse nationale à la crise céréalière et alimentaire, les banques et IMF ont affirmé leurs adhésion totale et leur engagement sans faille à soutenir et accompagner financièrement le plan d’opération. Aussi, ont-elles adopté des recommandations de nature à garantir la mise en œuvre du schéma de financement. A noter que ce schéma sera piloté de bout en bout par la BNDA dont le choix comme chef de file du pôle bancaire a été unanimement salué.

Les recommandations sont : l’élaboration d’un plan de campagne actualisé 2008-2009 par zone de production rizicole sur la base des objectifs du Plan d’opération de l’Initiative Riz ; la finalisation diligente des appels d’offre pour l’approvisionnement en intrants agricoles de la campagne 2008-2009 de toutes les zones de production agricole concernées par l’initiative Riz ;

le renforcement du dispositif d’encadrement ; la nécessité de faire assurer le strict respect du calendrier agricole et de l’itinéraire technique ; la recherche de solutions appropriées et immédiates pour assurer l’approvisionnement correct en intrants agricoles de la campagne 2008/2009 et la couverture intégrale de son schéma de financement ;

l’identification des circuits de commercialisation garantissant la maîtrise des flux financiers et la domiciliation des recettes de production à travers des conventions banques- IMF-structures de commercialisations organisées – organisations paysannes dans les zones encadrées, des conventions banques – IMF – OPAM -organisations paysannes dans les zones diffuses ; le renforcement des capacités de stockage par la construction et/ou la réhabilitation de magasins de stockage ;

la mise en oeuvre concertée du Plan d’opération de l’Initiative Riz de la campagne 2008-2009 de manière à ne pas perturber les équilibres internes et externes des exploitations agricoles et des structures d’appui et d’accompagnement ; l’accroissement des concours bancaires et financiers aux organisations paysannes solvables, crédibles et à jour de leurs engagements dans les livres des Institutions Financières ;

la mise en place d’une ligne de crédit dans le cadre d’une opération pour le compte et aux risques de l’Etat à travers les banques et IMF ou les Directions Régionales de l’Agriculture et les ONG pour couvrir les besoins de financement des organisations paysannes non éligibles aux crédits bancaires et des producteurs individuels ;

l’augmentation des refinancements bancaires aux Institutions de Micro Finance intervenant dans les zones de production rizicole ; le renforcement des articulations Banques et Institutions de Micro Finance dans l’octroi des concours aux producteurs dans les zones de production rizicole, la mise en place d’un mécanisme de centralisation des risques par zone de production rizicole ;

la recherche de solutions durables à l’assainissement des impayés des zones de production rizicole ; la diversification des offres de services financiers et bancaires pour couvrir tous les besoins de financement de la chaîne de production, de commercialisation et de transformation ; la promotion structurée de la mobilisation de l’épargne rurale et de son affectation dans le financement des investissements productifs ;

l’analyse comparée de l’affectation de la subvention de l’Etat à la production ou à la commercialisation pour dégager le meilleur moyen de stimuler la production par l’intensification agricole ; la mise en place d’un mécanisme de suivi afin de garantir la réussite de l’opération et d’assurer sa pérennité ; et la mise en place d’une cellule de coordination et d’information composée de représentants de Banques et d’Institution de Micro Finance pour assurer la mise en oeuvre des recommandations de la journée de concertation de Ségou.

Ces recommandations, selon le ministre des finances, doivent être traduites en plans opérationnels applicables immédiatement. Pour cela, chaque acteur doit établir un chronogramme avec les activités, les responsables et les périodes.


Cheick Tandina,

Envoyé spécial à Ségou

05 Mai 2008