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ATT avait eu beau dire qu’il n’était pas intéressé par un troisième mandat, qu’il était même pressé d’en finir avec celui qu’il exerce actuellement pour se consacrer enfin à ses petits enfants et aux prières à la mosquée de son quartier natal à Mopti, ses contempteurs, constamment à l’affût, n’avaient cesse de lui rétorquer:  » Cause toujours l’ami. On te connaît assez pour savoir que tes engagements ne sont pas toujours suivis d’effet, que mille lieues séparent souvent tes paroles de tes actes, que tu agis maintes fois dans le sens contraire de tes proclamations « .

Et de rappeler qu’en 1991, alors qu’il était au faîte de la gloire pour avoir débarrassé le Mali d’une dictature militaire honnie et que le chemin de Koulouba lui était largement ouvert par les urnes, il avait exprimé son dédain du pouvoir par ce propos resté mémorable :  » Il faut être fou pour vouloir être le président du Mali « . La suite est connue.

ATT s’est plaint, il y a peu, sur les antennes de notre confrère AFRICA 24, de ce que certains de ses compatriotes ne lui font pas confiance lorsqu’il déclare ne pas être tenté par un troisième mandat. La réponse est là.

Avec le projet de réformes politiques pour la consolidation de la démocratie mis au point, après large consultation de la classe politique, par le Comité d’Appui aux Réformes Institutionnelles (CARI) présidé par le ministre Daba Diawara et qui sera soumis à référendum avant la fin de l’année en cours, la question est définitivement réglée : ATT passera la main à un successeur qui sera investi le 8 juin 2012.

Pourtant, à y voir de près, le futur ancien locataire du palais de Louveau avait de bien meilleures raisons de déverrouiller l’article 30 de la Constitution malienne pour se maintenir au pouvoir que nombre de ses pairs africains qui ne s’en sont pas privés. Il aura été un acteur clé de la démocratisation du Mali et les réformes projetées en sont une illustration supplémentaire.

Il a entrepris de poser des jalons déterminants pour le développement économique, social et culturel du Mali à travers une politique audacieuse et sans précédent de création d’infrastructures de toutes sortes : routes, ponts, barrages, aménagements hydro-agricoles, aéroports, universités, hôpitaux, etc. Son engagement personnel dans l’humanitaire, à travers la Fondation pour l’enfance, soulage de la maladie au quotidien des milliers de nos compatriotes nécessiteux.

Ce parcours remarquable a certainement pu tenter ATT de rester au pouvoir, pour servir son pays, le plus longtemps possible. Mais le mauvais exemple donné par le président Mamadou Tandia qui, en dépit d’un bilan globalement positif, a réussi le pari de se mettre à dos toutes les forces vives du Niger (classe politique, syndicats et société civile) et la communauté internationale, a sûrement été un facteur dissuasif décisif. ATT ne sera plus le président du Mali après le 8 juin 2012.

Cependant, reprenant à son compte une formule de l’ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, lui-même a déclaré plus d’une fois :  » il existe une vie après le pouvoir « .

Parions qu’après avoir passé le témoin à son successeur, ATT sera toujours au service du Mali. Cette fois, à la tête d’une Fondation pour le Développement.

Saouti Labass HAIDARA

26 Avril 2010.