Après le feuilleton Gabriel Touré , c’est le tour du le comité syndical ( SYMEMA ) de l’hôpital du mali d’entamer une grève de 72 h. Contacté par nos soins Dama Mahamadou, neurochirurgien et secrétaire général du SYMEMA, nous édifie sur la question.
72 h de grève telle est la prescription infligée aux patients ordinaires (et nouveaux ) de l’hôpital du mali . Depuis hier, les médecins bi-appartenants (membres du personnel médical et scientifique exerçant conjointement les fonctions universitaire et hospitalière) exerçant à l’hôpital du Mali sont en grève ; la consigne est claire et sévère, seuls les services minimums sont assurés par le chef de service, les cas urgents sont donc prioritaires.
Professeurs, maîtres assistants et assistants, tous exigent le paiement effectif de leurs primes de bi-appartenance ainsi que l’amélioration de leurs conditions de travail.
Selon le professeur Dama Mahamadou : « notre travail ne se limite pas qu’à l’enseignement, notre travail consiste également à traiter et opérer les malades, il y a une somme qui est versée par le gouvernement pour récompenser nos services et c’est cet argent qui est resté impayé ».
Il estime que cela fait plus de 20 mois que ceux-ci n’ont pas reçu leurs émoluments ou primes de bi-appartenance d’où la raison de cette grève.
Il a par ailleurs, comparé cette situation à celle des médecins de kati qui eux aussi enchaînent 30 mois d’arriérés. Pourtant, leur présence semble bien indispensable : « Avant toute grève, le syndicat donne un préavis. A l’hôpital du Mali cela fait plus de 6 mois que nous avons entamé cette procédure de grève. Plusieurs négociations ont été faites avec le ministère du dialogue social ainsi qu’avec le ministère de la santé, mais aucun compromis n’a été trouvé. Le gouvernement nous demande de céder 50% de nos arriérés ; c’est la condition sine qua non pour recevoir nos primes. Une condition que avons rejeté à l’unanimité, et comme nous ne pouvons pas aller directement à une grève illimitée, nous avons d’abord décidé de faire un préavis de 72h et si aucun compromis n’est trouvé, nous débuterons une grève illimitée le lundi prochain… Nous n’avons pas d’autre choix ! » a-t-il laissé entendre
Témoignages des gardes malades
Malgré l’accès aux services minimums, les patients et gardes malades sont du moins inquiets. C’est le cas pour Mariam Bagayogo, mère d’une patiente : « ma fille a accouché et son enfant est malade. Nous ne voulons pas de cette grève des médecins. Je demande à nos autorités de faire un effort pour mettre un terme à cette grève. Je vous en supplie mettez fin à cette grève. Nous avons des malades qui doivent être soignés ». a-t-elle supplié.
Idem pour cette vendeuse Mme Fatoumata Traoré mère d’une patiente qui reconnait tout de même les bonnes actions de certains médecins grévistes tout en denonçant le manque d’humanisme d’autres s médecins : « il y a des médecins qui passent toute la nuit à s’occuper des enfants malades mais d’autres non. Surtout quand tu es pauvre ton enfant peut mourir par faute de soins, alors que nous payons les frais d’hospitalisation et les médicaments. En ce qui concerne la grève, il est nécessaire de savoir qu’on est tous des maliens. Nous souffrons de cette grève car nous sommes des parents des malades, alors que les médecins sont payés pour qu’ils s’occupent de nous. Depuis le début de la grève, plusieurs personnes ont perdu la vie par faute de soins. Actuellement les malades internés sont pris en charge.Par contre les nouveaux malades sont expulsés sous prétexte qu’il y a la grève » déplore-t-elle.
Pour rappel, cette situation ne date pas d’aujourd’hui, à ses débuts l’hôpital du Mali avait démarré avec 7 agents et disposait d’un budget 60 millions de FCFA, une somme qui était destinée à payer les primes des « bi-appartenants ». A cause de son faible effectif, le gouvernement avait décidé de réduire ce budget à 28 millions de FCFA alors que l’hôpital s’était retrouvé avec un personnel de 38 médecins bi-appartenants.
De nos jours ces primes ont atteint un coût budgétaire de 120 millions de FCFA par an et leur paiement continue de poser problème, ils sont restés impayées depuis 20 mois. Désormais, les patients et gardes malades n’ont plus qu’un souhait : celui de voir la grève prendre fin.
Ils en appellent à la sagesse du président IBK fin de tout mettre en œuvre pour satisfaire les doléances des médecins grévistes : « J’ai une analyse qui n’a pas pu être effectuée à cause de la grève. Je souhaite que les protagonistes retrouvent un terrain d’entente pour le bonheur de la population », demande un patient sous couvert d’anonymat.
Reste à savoir si les doléances de ces médecins seront vite prises en compte par le gouvernent qui pour le moment à bien d’autres sujets qu’il priorise.
A suivre donc de près !
Darcia Utrech Ripoll B.
Bamako, le 03 Septembre 2019
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