La concession …
Au temps de l’administration coloniale a été adopté et légiféré un texte règlementaire relatif à l’idée et la conception de la propriété individuelle. Celle-ci, conçue sous forme de concession pour l’usage d’une famille nombreuse, arborait fièrement les dimensions de 30 mètres sur 30 mètres. Chaque concession donnait sur deux rues, témoins celles des quartiers indigènes de Missira, Bagadadji, Médina coura à Bamako pour ne citer que ceux-ci. Ainsi quatre concessions constituaient un îlot carré dans sa forme et entouré de quatre rues.
… avant gratuite
A son origine, l’attribution d’une concession était gratuite, mais la propriété définitive n’était acquise qu’après avoir satisfait à un certain nombre de critères forts simples, mais utiles pour l’amélioration et la fourniture d’un cadre de vie et d’un environnement paisibles. Il s’agissait entre autres, d’entretenir et de garder propres les abords immédiats et d’y réaliser une construction et une clôture en matériaux durables. Avec l’utilisation de la paille comme toiture, contre tout risque d’incendie, une attention particulière devait être observée pour la sécurité du voisinage.
… est regrettée aujourd’hui
Bien de propriétaires, dans l’optique d’améliorer leurs conditions de vie, ont morcelées leurs concessions et les ont vendues par lots. Beaucoup de personnes, dans l’espoir un jour d’un retour proche au village, et le but de se préserver des contraintes de la ville, ont refusé ces lots de Bamako, chose qu’elles regrettent amèrement aujourd’hui. Le regret est alors plus grand, lorsque ces personnes pensent que si elles avaient accepté ces lots, leurs descendants seraient aujourd’hui à l’abri du besoin. Ceci est une cruelle réalité, surtout que près ou plus de 75% des familles fondatrices de Bamako, (Niaré, Touré et Dravé) sont aujourd’hui en location et ou vivent dans des conditions précaires.
En ville faut-il garder les habitudes du village ?
En ville, particulièrement à Bamako, il n’est pas rare de trouver dans nos concessions des habitudes souvent déroutantes : élevage de moutons et de poules, entassement des ordures derrière la concession, voie publique transformée en déversoir. Est-ce cette nostalgie, justifie-t-elle ce manque de citoyenneté et de civilité qui nous gagne quelque part ? Devons-nous vivre en ville tout en gardant les habitudes du village ?
Structure traditionnelle de la concession …
La concession est l’espace de vie d’un groupe familial. Une enceinte généralement constituée par un mur à hauteur d’homme et par des murs des bâtiments clôt le lieu. La cour, ainsi définit, forme l’espace principal aux dimensions très variables. L’entrée de la concession donne dans la cour et se matérialise par une simple porte ou par un petit bâtiment. Cette zone tampon est reconnue sous le nom de vestibule. Dans l’habitat, le rôle social de cette pièce est important et déterminant dans la résolution d’éventuelles crises sociales.
Autres dispositions …
Les bâtiments d’habitation et ceux réservés aux animaux se repartissent en périphérie de la cour. L’organisation et les différents types de bâtiments qui occupent une concession reflètent la richesse de la famille, son ancienneté et surtout sa culture. Il n’est pas rare, pour un observateur aguerri, à la vue de la disposition et de l’architecture d’une concession, de dire avec précision l’ethnie qui l’habite.
Concession actuelle …
De nos jours, services compétents offrent des lots moyens de 15 mètres sur 20 mètres, rarement des 20 mètres sur 25 mètres. Aussi la gratuité a totalement disparu : il faut au minimum payer la somme de 101.000 francs comme frais d’édilité. Cela pourra-t-il éviter les spéculations !
Sources:
– Archives nationales du Mali
– Bibliothèque nationale
21/02/2005
Cheich Abd El Kader, architecte
–abdelkader@afribone.net.ml
–abdelkader@Koulikoro.net