La troisième et dernière partie de la lettre pastorale : « Plaidoyer pour une vraie solidarité : devenir de mieux en mieux ‘Un peuple, Un but, Une foi dans un Mali cinquantenaire », porte sur une « Foi ». Pour les évêques du Mali, « avoir foi en l’avenir du Mali, c’est vraiment croire que pour les jours à venir, l’unité nationale tire sa force de l’unité de dessein« .
Pour la conférence, pour « Une foi« , il faut croire en la paix constructive de notre unité nationale, promouvoir la paix. Ils décèlent « des menaces contre la paix qui sont les tensions sur le foncier, l’attachement à l’émigration, les risques latents de conflits frontaliers, l’insécurité et le manque de garde-fous à notre démocratie« .
En somme, la paix acquise est encore précaire si les menaces qui pèsent sur elle ne font pas l’objet d’une prise de conscience commune et de la recherche de solution rapide. Au-delà, les évêques du Mali affirment que la paix commence par « l’ordre intérieur« . « La paix l’un avec l’autre passe toujours par la paix intérieure. D’ordre spirituel, cette paix intérieure est accessible à tous les Maliens. Quelle que soit leur communauté confessionnelle, ils sont appelés à faire de la culture de la paix la marque distinctive de leur appartenance et de leur soumission à Dieu« .
• Imaginer des leaders religieux donnant à l’Alliance sacrée une personnalité suffisante qui leur permette de parler d’une seule voix et pour conserver à notre pays son sens du dialogue entre tous… Serait-ce trop demander ?
• Imaginer des femmes et des hommes politiques qui viendraient aux affaires pour servir et non pour être servis, comprenant combien « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir… » Serait-ce démagogique ?
• Imaginer tous les hommes et femmes du service d’Etat soucieux de leur dignité et de celle des administrés… Serait-ce un simple rêve ?
• Imaginer un mécanisme national de remise des dettes, tant au niveau de la nation que des individus… Serait-ce injuste ?
• Imaginer un mécanisme de solidarité intergénérationnelle qui rassurerait tous les Maliens contre les incertitudes du vieil âge et donne confiance aux jeunes dans la recherche d’un emploi de quelque nature qu’il soit… Serait-ce illusoire ?
• Imaginer un mécanisme d’allocation familiale au bénéfice des veuves en responsabilité parentale… Serait-ce un luxe pour le Mali ?
• Imaginer un mécanisme qui facilite l’accès à la gratuité accordée à certains soins, surtout ceux d’urgence en cas d’accident et qui sauverait bien des vies… Serait-ce trop ambitieux ?
• Imaginer une nouvelle école où la conscience serait autant magnifiée que la science, la morale aussi exaltée que les résultats de l’instruction, tant en ce qui concerne les éducateurs que les apprenants… Serait-ce utopique ?
• Imaginer un mécanisme de mutualité nationale qui permettrait aux victimes de catastrophes naturelles de garder courage… Serait-ce une simple vue de l’esprit ?
• Imaginer un mécanisme de subventions qui rendrait mieux accessibles le gaz et l’énergie solaire et encouragerait le reboisement ou le traitement des déchets plastiques… Ne serait-ce pas une réelle solidarité avec notre environnement ?
Pour les cinquante prochaines années de notre indépendance, notre devise nationale garde toute sa jeunesse et son actualité. Vivre en tant que : « Un peuple, Un but, Une foi », sera encore plus pressant qu’au moment où nous avons accédé à l’indépendance et requerra de nous une plus grande foi. Nous croire capables de faire un Mali nouveau, mais surtout croire que Dieu seul peut nous donner une intelligence nouvelle et un cœur nouveau, capables de faire advenir une nouvelle ère.
A. Kalambry
15 Octobre 2010