Mon cher, je suis désolé de te le dire, mais je n’avais encore jamais écouté ton émission qui t’a valu cette barbarie.
Et depuis la « lâcheté » perpétrée à ton encontre, j’ai eu l’occasion de l’écouter, encore que ce soient des extraits.
Tu sais, moi je suis de Mopti et je traverse régulièrement ta ville Ségou pour m’y rendre ou revenir ici, à Bamako, mais toi, mon ami, ce sont la justesse de tes propos, ta crédibilité dans ton émission et l’injuste souffrance que tu as subie, qui viennent de traverser tout un continent. Je suis fier d’être ton ami même s’il faut qu’on me mène aussi sur la route de Kati…
Le commissaire du 3è arrondissement m’a dit que ceux qui t’ont passé à tabac étaient méchants comme la gale, vu toutes les blessures ignobles et imméritées que tu portes.
Je n’ai pas répondu mais « j’ai parlé à moi-même » (tu sais, comme dans les bandes dessinées, quand quelqu’un se parle à lui-même avec les petites bulles en forme de flèches sur lui) et je me suis dit : « Ces gros bras étaient aussi bêtes que leurs pieds« .
Mais plutôt de me parler de méchanceté des « lâches qui courent toujours« , j’aurai voulu avoir l’explication sur le fait qu’une 4X4 dont la couleur est connue, sans immatriculation puisse rouler librement à Bamako (d’accord pour ça) mais que tous les policiers en faction, un peu partout, ne l’aient ni vue ni connue et qu’aucun d’eux, ne l’aient même pas entre aperçue – N’Terikè, Abè Famou wa
AH ! Tu vois que tu m’entraînes dans les expressions de l’excellent bambara de Ségou dont tu détiens le secret et que tu utilises pour mettre à nu les tares de notre société politico administrative, même au-delà.
Mon cher Dragon, sache que nous nous appelons tous “Dragon” maintenant ou de préférence nous sommes tous “Dragon” si cela veut dire « gardiens vigilants, farouches« , pour dénoncer toutes ces pratiques qui minent notre landernau politique et administratif.
N’Terikè, excuse-moi, je n’ai même pas pris soin de te demander si ça va mieux et te souhaiter prompt rétablissement mais tu comprendras peut-être l’état d’esprit dans lequel je baigne depuis ce mardi 05 juillet 2005, en plein jour, où je me suis senti en totale insécurité dans mon travail aussi noble qu’exaltant; depuis ce jour où, à cause de ton passage à tabac, j’ai découvert qu’il y a un quidam, désireux de réussir un effet de gel sur ma liberté de presse et d’expression et qui pouvait en toute impunité, m’envoyer ses nigauds abîmer mon corps.
Je te quitte, mon cher, en te disant que ce quidam peut toujours demander à ses sbires de casser du journaliste pour réduire, voire anéantir notre liberté d’expression, mais ce que cet ignorant n’aura jamais de nous, (comme dirait Florent Pagny) c’est notre liberté de pensée.
Salut à toi, Dragon.
HAIDARA ML
14 juillet 2005