Partager

Sans désavouer les efforts déployés par son prédécesseur Ahmed Mohamed Ag Hamani, le président de la République a estimé que Ousmane Issoufi Maïga, connu pour son dynamisme sur le terrain alors qu’il s’occupait du département des sports dans le cadre des réalisations des travaux de la CAN 2002 pouvait faire l’affaire. Ousmane Issoufi Maïga a donné une bonne image de lui dans l’exécution de cette tâche. Et il y avait été convié en raison de certains actes concrèts qu’il avait déjà accomplis au niveau de la Dette Publique, des ministères des Finances et de l’Equipement et des Transports entre autres.

ENTRE LE MINISTRE ET LE CHEF DE GOUVERNEMENT

Etre ministre ou chef de gouvernement, c’est tout à fait différent et on a pu le constater avec Ousmane Issoufi Maïga. Il aura mis du temps pour comprendre le fond des situations socio-économiques du pays et envisager en conséquence des thérapies adéquates.

En tant que technocrate, Ousmane Issoufi Maïga est très peu impliqué dans les processus politiques. Et d’ailleurs le consensus politique en cours lui épargne de gros efforts sur le terrain politique. Au début, le premier ministre s’est attelé à affiner sa stratégie de gouvernance conformément aux directives qui lui ont été données par le président de la République. C’est ainsi qu’il aura fallu du temps pour se qu’il se déploie personnellement à corps perdu dans les profondeurs du Mali pour s’enquérir de la situation qui prévaut en échangeant avec les couches socioprofessionnelles.

A BAMAKO ET DANS LE MALI PROFOND

On peut diviser le champ de d’action d’Ousmane Issoufi Maïga en deux grandes partie représentant des phases ou étapes de son évolution dans le cadre de la conduite des actions du gouvernement. La première phase se situe à Bamako où le Premier ministre devait régulièrement contenir les revendications catégorielles en s’efforçant de prendre progressivement en charge les revendications.

Il y a certes eu quelques difficultés dans ce domaine si bien qu’un moment on avait cru que le chaos était incontournable au plan socio-économique. Les réflexes ponctuels ont permis de trouver des issues heureuses à ces situations, qu’il s’agisse du cas des revendications du SNEC ou de la CSTM. Il y a eu en effet beaucoup d’avancées significatives dans ces cas spécifiques pour lesquels on ne cessait de juger le pouvoir en place d’être de mauvaise fois dans le cadre de la prise en charge de certaines demandes sociales. A ce sujet, l’équivoque est levé.

Par ailleurs, l’évaluation de l’action des départements ministériels, un exercice nouveau auquel le Premier ministre s’est adonné apparaît comme une sorte de diagnostic sectoriel permettant aux plus hautes autorités du pays de savoir ce qui ne va pas où et pour quelle raison. La logique veut que tout ministre qui ne remplit pas à hauteur de souhait son contrat vis-à-vis de l’Etat soit remercié et remplacé. Ainsi, au terme d’un an, le Premier ministre ainsi que le président de la République savent, en principe, à quoi s’en tenir dans la perspective d’un remaniement ministériel, sans doute le dernier avant les prochaines consultations électorales.

Par ailleurs, ce qui intéresse le plus les Maliens, ce sont les avancées dans le cadre du changement de la réalisation, des grands projets de développement, de désenclavement mais aussi et surtout dans le cadre de l’amélioration immédiate des conditions de vie et de travail des populations. Ce n’est pas un hasard si, au sein de l’opinion publique nationale, beaucoup estiment que Ousmane Issoufi Maïga n’a pas été à la hauteur des espoirs placés en lui. Compte tenu des difficultés de survie, beaucoup espèrent sur un changement rapide qu’ils ressentent dans leurs conditions de vie et de travail. Cela est un processus de longue haleine or, les uns et les autres sont impatients.

A L’INTERIEUR DU PAYS

Les grands travaux d’aménagement dans le Mali profond se poursuivent sous Ousmane Issoufi Maïga et ils représentent des motifs d’espoir. Le Premier ministre, un moment a été au four et au Moulin avec les dossiers brûlants qu’il avait à gérer pratiquement au même moment. Il s’agit des problèmes de la CMDT et des zones Office du Niger, de l’école malienne. La démarche d’Ousmane Issoufi Maïga par rapport à ces situations, a consisté à investir le terrain, mais pour quels résultats, s’interroge beaucoup l’opinion publique nationale. Les résultats de telles initiatives ne sauraient être immédiats, tant elles permettent surtout d’échanger afin de poser des diagnostics.

Pour ce faire, un travail de synthèse est incontournable. Le Premier ministre vient à peine de boucler l’élaboration de certains documents à partir desquels il réorientera plusieurs actions du gouvernement. Aura-t-il le temps de réaliser cela ? A condition que le remaniement ministériel soit pour bien plus tard ou que le chef de gouvernement n’en soit pas concerné.

Ousmane Issoufi Maïga, logiquement, au terme des multiples concertations qu’il a initiées, vient en principe de se doter d’une feuille de route prenant en compte beaucoup d’aspects des problèmes de la gouvernance actuelle. S’il avait la chance de continuer jusqu’aux élections générales de 2007, il y a de fortes probabilités qu’il appuie solidement et de façon efficiente les efforts du président de la République, afin de permettre à celui-ci de présenter au peuple un bilan satisfaisant lui permettant d’assurer la continuité.

Il faut donc comprendre que c’est surtout maintenant que le Premier ministre est bien outillé et imprégné des réalités et difficultés actuelles de la gouvernance. Il a réalisé en fait un travail de fourmi dont les fruits doivent être récoltés plus tard. Il a marqué de bons points mais on dit toujours que c’est la fin qui justifie les moyens.

Moussa SOW

29 avril 2005