Par la suite, on se demande ce qui a bien pu motiver cette décision de SAUR International. D’ores et déjà, on croit fermement que le divorce est né de divergences d’intérêts.
En effet, le contrat de concession d’EDM-SA, tel que négocié, ne faisait ni l’affaire des pouvoirs publics encore moins celle des consommateurs.
Pour preuve, conformément à ce contrat, les tarifs d’électricité devraient progressivement augmenter dans un pays où les pauvres sont les plus nombreux. Cela répondait à un besoin d’extension des réseaux de distribution et ce sont les consommateurs, naturellement qui devaient en faire les frais.
Par ailleurs, cette approche stratégique contrariait fortement les besoins des consommateurs qui aspirent toujours à un mieux-être, se traduisant par des baisses progressives et substantielles des tarifs d’eau et d’électricité, comme le réclament d’ailleurs les associations de consommateurs, mais aussi les différents syndicats.
De même, les pouvoirs publics, notamment le Président de la République, se sont engagés à tout mettre en oeuvre pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations.
Et, depuis son investiture, au nombre de la demande sociale, figure en très bonne place la réduction des tarifs d’eau et d’électricité jugés exorbitants malgré les efforts continus de baisse de tarifs.
L’EQUATION DES TARIFS POURRA-T-ELLE ETRE RESOLUE ?
Aujourd’hui, il y a au sein de l’opinion publique nationale, des questionnements sur les perspectives non seulement des prix, mais aussi de la qualité même des prestations. Le retrait de SAUR-International va-t-il faire l’affaire du consommateur ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’on estimait que la rupture du contrat de concession était la seule voie par laquelle les pouvoirs publics pouvaient consentir des baisses substantielles de tarifs. Les pouvoirs publics ont privilégié la renégociation du contrat.
La Banque mondiale avait, en son temps, reconnu, à travers certains représentants, que le contrat de concession avait été mal négocié et qu’il fallait le revoir. Ce qui met à nu les lacunes des autorités qui ont été impliquées dans un tel processus. En s’y engageant, quelles étaient leurs motivations réelles ?
S’interrogeait-on au sein de l’opinion publique nationale. Le moins qu’on puisse dire, c’est que pendant la décennie de gestion des affaires publiques depuis l’ouverture démocratique, et ce jusqu’à une période récente, on ne peut jurer que tout fut rose.
Ainsi, au nombre des lacunes et insuffisances de la gouvernance actuelle, on note surtout la faiblesse de la prise en compte de l’intérêt supérieur de la nation, et bien entendu, au profit des intérêts individuels et corporatistes.
Il faudra que le pouvoir ATT, dans sa démarche en vue d’une meilleure prise en charge de la demande sociale, pour l’approfondissement de notre processus démocratique, parvienne à renverser cette tendance négative.
Et d’ailleurs, depuis le retrait de SAUR- International d’EDM-SA, ce qui préoccupe, c’est l’équation d’une gestion rigoureuse qui concilie l’intérêt de l’Etat malien avec celui des consommateurs.
Cette autre équation qui, à notre sens est tout aussi fondamentale, est relative à la gestion des délestages. En effet, au moment où SAUR quittait EDM, des délestages avaient déjà refait surface.
Avec la nouvelle orientation qui sera donnée à EDM-SA dont l’Etat malien détient 66% des actions, il y a, en effet, de sérieuses inquiétudes pour l’avenir, en ce qui concerne la fourniture d’eau et d’électricité dans les conditions requises. Les délestages, c’est ce qui effraie le plus le consommateur malien, avec les dégâts matériels que cela engendre.
Au stade actuel, le fait que l’Etat malien soit actionnaire majoritaire réconforte, mais cela sera-t-il suffisant pour que nous assistions, dans les mois à venir, à une baisse substantielle des tarifs d’eau et d’électricité ? C’est le temps qui nous en dira long sur ces perspectives.
Moussa SOW
24 octobre 2005.