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Sans le savoir, elle venait de se mettre à dos tous
les autres passagers, singulièrement les dames qui se
trouvaient à bord de la Sotrama. Quelque part, chacun
espérait qu’il lui arrivât quelque chose de pas bien
pour l’y enfoncer.

Ce qui ne tarda pas à arriver sous
forme d’une question que posa A.D à  »
l’assistance ». Elle voulut savoir de quel Kalaban
hélait-on les clients.

Le silence de cimetière qu’elle
rencontra ne l’avertissant pas, elle s’adressa
expréssement à une dame , d’un certain âge, sa
voisine.

Visiblement remontée et paraissant n’attendre que
cette occasion pour se défouler, celle-ci la dévisagea
un court instant avant d’exploser : « Tu te prends
pour qui? Pourquoi tu m’adresses la parole, espèce de
 » et les injures se succèdèrent avant qu’un
monsieur, plus sage, n’intervînt  » Mademoiselle,
comment peux-tu entrer, nous trouver tous ici, sans
même nous saluer
? ».

Car les salutations, ici, est le premier lien de
sympathie entre des gens qui ne se connaissent pas.
Elles permettent de tisser des liens de convivialité,
de bon voisinage et en premier lieu, donne une bonne
impression sur la personne qui salue.

Dans notre religion majoritaire, l’islam, il nous est
instruit de saluer jusqu’a nos enfants et
petits-enfants si nous nous trouvons dans la position
de l’arrivant c’est à dire que le chef de famille , en
rentrant chez lui, doit en premier, saluer les membres
de sa famille.

Les érudits musulmans connaissent même
une formule spéciale de salutation aux morts, en
foulant un cimetière.

L’attitude d’AD s’assimile à celle en vigueur chez
les Occidentaux. En France, par exemple, dire boujour
à quelqu’un qui ne vous connaît pas le fait fuir.

Dans
les bus, train, métros, ou en avion, plonger la tête
dans un journal tout en ignorant ses voisins est la
règle. Inadmissible chez nous.

Il n’est pas rare d’entendre, dans les quartiers,
qu’un tel est « imbu de lui même, hautain … » tout
simplement parce qu’il ne salue jamais ses voisins ou
ne leur adresse pas la parole.

Même dans les services
publics, ceux parmi les visiteurs qui « oublient  » de
saluer ne trouvent pas de réponses à leurs questions,
à cause de leur incorrection, ou reçoivent la même
question de Monsieur K à AD, dans la Sotrama.

Il peut, à l’inverse, arriver que celui qui salue ne
trouve pas d’écho à ses salutations. Deux attitudes
sont courantes dans ce cas : soit il repète ses
salutations jusqu’à ce qu’il reçoive une réponse, soit
il attire l’attention de la personne saluée (ou de
l’assistance) sur le fait qu’il ait salué et qu’on ne
lui a pas répondu.

Dans les deux cas, la personne (ou
l’assistance) ainsi rappelée « à l’ordre », se
confond en excuses, repond aux salutations et souhaite
la bienvenue à l’arrivant.

AD, alertée sur son comportement par la question de
Monsieur K, a présenté ses excuses aux passagers de la
Sotrama et reçu en retour la réponse à sa question.

Avant même la fin du trajet, c’est le cousinage à
plaisanterie qui avait pris le dessus sur l’incident
entre AD et sa voisine, AD se proposant d’aller chez
MT (sa voisine) lui retirer son mari.
Eclats de rire dans la Sotrama

HAIDARA ML

16 septembre 2005.