Déjà, à l’Adéma, les dés sont jetés avec le meeting organisé le samedi 25 novembre par l’Association des Amis de Soumeïlou Boubèye Maïga (ASMA) au Centre International de Conférences. A cette rencontre qui a suscité une mobilisation impressionnante, était présent Ousmane Sy, une grande figure de l’Adéma. Ceux qui avaient tout de suite fait le lien entre sa présence et son adhésion aux idéaux et à la démarche de Soumeïlou Boubèye Maïga ne s’étaient donc pas trompés ?
En tout cas, cela ne semble pas surprenant dès lors que le nom de M. Sy figure parmi celui des signataires du manifeste de l’ADJ. Avec l’évolution de la situation politique, cet autre de l’Adéma, Ahmed El Madani Diallo, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2002, vient d’entrer dans la rébellion contre la décision du CE-Adéma. Veut-il exprimer le fait qu’il n’est plus désormais d’accord avec son parti, ses choix ? En tout cas, en 2007 comme en 2002, Ahmed El Madani Diallo navigue à contre-courant de l’option du parti. Jusqu’à preuve du contraire, il n’est pas personnellement candidat. Alors, est-ce à dire qu’il a des relations de partenariat politique avec Soumeïlou Boubèye Maïga? Quid de Ousmane Sy ?
PASSION ET DECEPTION
Il est, en effet, difficile d’admettre que, dans le contexte politique actuel, des acteurs politiques qui sont signataires du manifeste de l’ADJ soient politiquement stables, savent exactement ce qu’ils veulent, surtout quand on sait que l’ADJ n’est autre qu’une association visant des objectifs politiques. En effet, on a pu constater que ses initiateurs sont surtout animés par la passion, consécutivement à des déceptions nées de l’impossibilité pour eux de parvenir à tirer les ficelles du pouvoir. Une autre époque, de nouvelles réalités.
Alors, des insatisfaits ont estimé que la meilleure manière pour eux, à défaut d’apporter le pouvoir à prendre en compte leurs préoccupations, était de tout mettre en œuvre pour le déstabiliser. Souvent, ce sont des critiques insensées de la gestion du pouvoir, des affaires publiques. N’est-ce pas pourquoi en son temps, Soumeïlou Boubèye Maïga avait été clair qu’il n’avait rien à voir avec le manifeste dont il n’est pas signataire? Dans tous les cas, après une période de grande agitation, et au fil des événements, on avait tendance à oublier les initiateurs et signataires du manifeste pour la démocratie. En effet, il y a eu le livre ATTCRATIE dont les auteurs visaient également l’objectif de déstabiliser le pouvoir.
UNE DEMARCATION DE LA LIGNE DU PARTI
En tout cas, ces deux cadres de l’Adéma se sont déjà démarqués de la ligne du parti, et d’ailleurs, à ce sujet, il est question de prendre des sanctions à l’Adéma contre des cadres qui auront des comportements qu’on pourrait assimiler à de l’indiscipline. Au regard de cette décision du CE Adéma, Ahmed El Madani Diallo et Ousmane SY peuvent-ils échapper à des sanctions? S’ils n’étaient pas sanctionnés pour leurs déclarations et prises de position, il y aurait, au sein de la ruche, deux poids et deux mesures. Au regard de cette dynamique à l’Adéma, il y a lieu de s’interroger à qui le tour après Soumeïlou, Ahmed El Madani Diallo et Ousmane SY.
Par ailleurs, au fur et à mesure qu’on va vers les élections présidentielles de 2007, les questionnements se multiplient au sujet des alliances qui pourraient se nouer. Ainsi, après que l’URD eut décidé, lors de sa conférence nationale, de soutenir la candidature d’ATT, au cas où celui-ci rempilerait, les réflexions vont, à présent sur les éventuels alliés électoraux de Soumeïlou Boubèye Maïga et du RPM. Ce qui est sûr, c’est que chacun d’eux bénéficiera de soutien de la part de certains partis politiques. Mais, quel sera l’apport des alliés éventuels des uns et des autres ? C’est en ce moment la principale interrogation dont la réponse permettra aux différentes forces politiques candidates à la présidentielle de 2007 de mesurer les rapports de forces.
QUID DU RPM ?
Le Rassemblement pour le Mali (RPM) est un parti qui manifeste depuis plus d’un an sa détermination persistante à réaliser l’alternance politique en 2007. Dans ce sens, les ténors du parti inlassablement montent au créneau pour fustiger la gestion du pouvoir par ATT, quand bien même ils soient partie prenante à la gestion des affaires publiques.
C’est cela qu’on appelle le paradoxe RPM. Pour cette raison, au sein de l’opinion publique nationale, on ne parvient pas à comprendre l’attitude de ce grand parti dont les ambitions sont grandes, voire démesurées, mais qui a pris l’habitude d’être à la fois juge et partie.
Les responsables du parti, sans doute, savaient qu’ils seraient confrontés à des difficultés au cas où ils demanderaient à leurs représentants au gouvernement de quitter. Leur astuce était de laisser la latitude à ATT de prendre cette décision qui leur permettrait alors de dire que le consensus a été torpillé. Malgré cette prudence, la situation a évolué là avec le départ du ministre de la Santé, Mme Maïga Zéinab Mint Youba du parti. Cela a été considéré par les ténors du parti comme un non événement.
Cependant, le cas de celle-là semble être la partie visible de l’iceberg. En effet, dans le repositionnement des cadres de façon générale et au RPM en particulier, on ne peut être très sûr de rien, surtout lorsqu’on sait que des cadres ont déjà donné le ton, tendant à convaincre qu’ils ont pris fait et cause pour le pouvoir ATT. N’est-ce pas là le début d’un processus qui risquerait, à l’avenir, de porter un coup dur au RPM ?
C’est le temps qui nous en dira long sur les perturbations internes des partis politiques d’ici les élections présidentielles qui pointent à l’horizon.
Moussa SOW
06 décembre 2006.