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Les récentes promotions à la police font monter la tension: Les commissaires réclament un retrait pur et simple de la décision de nomination

« Ça ne peut pas passer. Ça ne passera pas. Nous ferons tout pour faire échec à la décision. On a jamais vu une telle nomination et ce n’est pas au Mali qu’elle va commencer » déclarent les commissaires de police au cours d’une rencontre avec la presse.

Les nominations à titre exceptionnel opérées dans les rangs de la police à la veille du 22 septembre continuent d’empoisonner les relations entre policiers.

Le syndicat des commissaires est sorti de sa réserve vendredi à la faveur d’un point de presse pour dénoncer avec la dernière rigueur ces nominations qui n’ont pour mobile que d’intéresser les policiers qui ont participé aux évènements du 22 mars, a-t-on déclaré. Les commissaires précisent à juste titre que cette nomination faite sur la base du clanisme et du favoritisme violent les statuts et règlements en vigueur à la police nationale. Les commissaires qui ont réclamé un retrait pur et simple de la décision de nomination, disent tout mettre en œuvre pour que les choses se passent dans les règles.

« Si nous ne prenons pas garde, nous ne sommes pas loin des mêmes raisons qui ont fait chuter le régime d’ATT » prévient d’entrée de jeu le secrétaire général du syndicat des commissaires de police Ousmane Diallo. Ce sont 20 commissaires, 30 inspecteurs, 50 sergents chef et un major à avoir bénéficiés de ces nominations à titre exceptionnel.

Au cours du point de presse, le nom du capitaine Amadou Haya Sanogo est intervenu plusieurs fois comme étant celui qui a usé de toute son influence pour que cette promotion puisse se faire. Même si au demeurant, le président de la transition, professeur Dioncounda Traoré et le général Tiéfing Konaté ont apposé leur signature au bas du document.

Dans les rangs des commissaires, on est convaincu que c’est un juste retour de l’ascenseur entre putschistes. « Le syndicat de la police nationale avait démarché à Kati les membres de l’ex-CNRDRE pour une proposition de promotion. Une liste avait été montée et envoyée au Gouvernement. Et c’est cette liste qui vient de voir le jour » déclare t-on chez les commissaires. Après la publication de cette liste, le syndicat dit avoir approché le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile. Lequel, dit-on, n’a guère été convaincant dans ses propos. Général Tiéfing Konaté avait suggéré à ses visiteurs de laisser de côté ce que disent les textes en la matière pour ces nominations à titre exceptionnel. Une déclaration qui sonne le glas surtout quand elle sort de la bouche du patron de la sécurité.

Les commissaires en ont eu pour leur grade. Pourtant s’agissant des nominations à titre exceptionnel, les textes sont clairs.

Les articles 120 et 121 stipulent que seuls peuvent bénéficier d’une telle promotion, ceux qui ont fait un exploit ou ceux ont été blessés au cours d’une opération. Alors que dans le cas d’espèce, nous ne sommes dans aucun des deux cas.

Les commissaires estiment que ceux qui viennent d’être promus ont participé à un coup d’Etat. Lequel est considéré par la Constitution comme un crime imprescriptible. C’est pourquoi, lors de son assemblée générale, le syndicat des commissaires a décidé d’user de tous ses droits pour amener les autorités à revenir sur cette décision. Le syndicat qui s’est aussi rendu à Kati pour rencontrer le capitaine Amadou Haya Sanogo, est resté inflexible sur sa décision. Une promotion hasardeuse d’une telle nature est lourde de beaucoup de conséquences.

Aussi, nous allons user de tous les moyens pour avoir le retrait pur et simple de la décision, indique Ousmane Diallo. Nous n’avons rien contre ceux qui viennent d’être promus, nous voulons qu’on respecte nos textes, a-t-il ajouté. Il était prévu la publication des mêmes listes de nomination dans l’armée, l’incident survenu à la police et qui avait fait décaler le conseil des ministres, a poussé les autorités à la prudence.

Abdoulaye DIARRA

02 Octobre 2012