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merde.jpgBamako foisonne aujourd’hui de call-girls et autres filles de joie qui arpentent nuitamment les grandes artères. Sans compter bien sûr les prostituées qui occupent les bars et restaurants, auberges chinoises, night clubs et autres maisons de tolérance qui poussent dans la capitale comme des champignons.

Comme au cinéma

Ce qui est surtout inquiétant, c’est qu’actuellement la prostitution a gagné le monde scolaire. Un nombre considérable de lycéennes et d’étudiantes s’adonnent à cette pratique, parfois sans même se cacher. On les surnomme les branchées. Même si elles ne font pas le trottoir comme les professionnelles, elles usent tout de même d’autres astuces pour accrocher les don Juan. Elles traitent surtout avec des clients ciblés et opèrent au sein d’un réseau. Tout se passe surtout dans la plus grande discrétion. Ces semi-professionnelles opèrent en général avec les maîtres d’hôtels ou auberges.

Elles déposent au niveau de ces derniers leurs photos et leurs numéros de téléphone. D’après nos informations, un maître d’hôtel peut gagner souvent plus de 75.000 Fcfa pour ces commissions.

Lorsqu’un client se pointe, il fait son choix et le maître d’hôtel appelle tout de suite la fille en question. Tout se passe bien comme au cinéma. La pratique est venue de l’occident pour monter les pays côtiers avant de s’introduire dans notre pays. Il s’est accentué grâce aux médias.

Parmi ces étudiantes et lycéennes, certaines ont bien accepté de parler de leur cas, mais sous des prénoms d’emprunt.

C’est le cas de Nafissa, âgée de 23 ans, étudiante le jour dans une faculté de la place et prostituée la nuit. «Je suis dans le réseau depuis deux ans», révèle-t-elle. Nafissa opère avec deux autres étudiantes de la Faculté. Ces trois charmantes filles ont placé leurs photos et adresses dans presque tous les grands hôtels de la capitale. Et ça marche à merveilles pour les trois. Car les clients ne font pas défaut. «C’est pendant la saison touristique que la demande est très forte. Tout comme lors des grandes rencontres où chacune de nous peut gagner des fois 50 000 Fcfa pour une seule nuit», explique notre interlocutrice.

une clientèle de classe

b.jpgNafissa fait partie des étudiantes qui se prostituent pour être à l’abri des besoins.

«Je suis issue d’une famille aisée, mais très nombreuse. Mes parents ne peuvent pas actuellement satisfaire tous mes désirs. J’ai donc décidé de me prendre en charge et c’est comme ça que je suis entrée dans le réseau des étudiantes prostituées», explique-t-elle. On peut dire que cette étudiante a tout réussi dans le métier.
«Je n’ai besoin de rien actuellement. Grâce à la prostitution je m’épanouis chaque jour un peu plus. J’ai acheté une moto, des bijoux et des habits de classe. Cette richesse est le fruit de mon métier» dit-elle avec fierté.

L’étudiante Neïssa est le leader incontesté d’un autre groupe de prostituées. Contrairement à Nafissa, elle est issue d’une famille plutôt pauvre. «La prostitution pour moi est une source de revenu. Mes parents sont pauvres et je suis obligée de me prendre en charge y compris mes frais d’études», se défend-elle. La prostitution a aidé cette étudiante à réaliser ses rêves : vivre dans le bonheur. «La prostitution m’a apporté le bonheur, donc je ne regrette pas d’offrir mon intimité au plus offrant». Mais quel bonheur ?

Neïssa n’accorde aucune considération aux préjugés dont sont victimes les prostituées et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. «C’est mon corps, j’en fais comme bon me semble» lance-t-elle à qui essaie de la mettre sur le bon chemin.

À 18 ans, Tima a gagné tout dans la prostitution : voiture, bijoux, habits de luxe. Le professionnalisme de cette lycéenne terminaliste bon teint a même dépassé les frontières. Ses clients se recrutent parmi les grands commis de l’État et patrons de sociétés. Elle a même des clients à l’étranger. «C’est une clientèle de classe et je gagne beaucoup. J’ai eu la chance de sillonner le pays et actuellement je m’apprête à gagner les pays de la sous région» confesse-t-elle.

Contrairement à la coquette Tima, Halima est une prostituée occasionnelle. Cette universitaire se prostitue que lorsqu’elle est réellement dans le besoin. «Je ne me prostitue que quand je suis dans le besoin» dit-elle avec sourire.

Le moins qu’on puisse dire c’est que grâce à cette prostitution déguisée, la vie semble bien sourire à ces jeunes filles. Mais jusqu’à quand ?

Mariam A. TRAORÉ | Essor

18 mai 2007