Les producteurs qui viennent de renouveler leur bureau, approuvent la récente levée de boucliers du ministre de la Culture et des artistes contre le phénomène, a indiqué M. Djibril Kané, président du nouveau bureau et principal animateur de la conférence.
L’engagement des producteurs
Ce sont les producteurs qui font les musiciens. Ceux-ci, sans producteurs, sont voués à la précarité, obligés qu’ils sont alors de brader leur maquette. Le processus de production d’une c assette au Mali est un véritable parcours du combattant, jalonné de frais. Au studio, il faut payer 150.000 F/jour, et l’enregistrement dure d’une semaine à 10 jours.
Mais avant cela, il aura fallu nourrir pendant des jours, à raison de 1000 F par personne, les musiciens en répétition. Il faut faire la promotion de la cassette sur l’ORTM (où une émission comme Top Etoiles vous coûtera 100.000 F), faire la duplication à 450 F la cassette, et payer 90 F par cassette au BUMDA (Bureau Malien du Droit d’Auteur) pour le droit d’auteur et le sticker. Voilà qui assurément n’est pas peu et qui justifie les 200 F de royalties du producteur sur les 850 FCFA que coûte la cassette.
Désormais, les producteurs vont s’engager dans la lutte contre la piraterie aux côtés du ministère et des artistes, certes, mais ils réclament d’être représentés au BUMDA, avec les artistes, les éditeurs et les représentants de l’Etat, afin d’être présents au moment de la prise de grandes décisions, d’autant plus que c’est eux les principaux pourvoyeurs de fonds dudit bureau.
Le mal de la piraterie
Une cassette piratée est une cassette dont la duplication et la vente ont lieu sans l’accord (payant) du producteur et du distributeur. Le pirate se soustrait donc au paiement des droits du producteur et de l’auteur, privant en même temps l’Etat de l’impôt dû.
Mais c’est l’artiste qui fait les frais de l’opération, puisqu’il ne touche que 60 % des 60 F sur les 480 F que coûte la cassette, alors que l’Etat perçoit 210 F et le producteur 200 F ! Avec cette portion déjà misérable sur la cassette légale du producteur, l’artiste ne touchera plus rien sur la cassette du pirate.
Certes, les producteurs se voient privés de l’exploitation totale de leur produit, mais les artistes (chanteurs, compositeurs, arrangeurs etc..) eux, meurent de faim et doivent raccorder, arrêter de faire de la musique. C’est un danger mortel pour notre culture, qui est pourtant un atout essentiel de notre développement, et notre meilleur ambassadeur à l’extérieur, a dit M. Kane.
Les producteurs phonographiques du Mali (producteurs de CD et de cassettes) soutiennent les mesures vigoureuses lancées par le gouvernement dont celle permettant à l’artiste de se faire accompagner par les forces de l’ordre pour faire arrêter tout vendeur de cassettes illégales rencontré dans la rue.
Quant aux autorités douanières, elles demanderont désormais à tout soi-disant importateur de cassettes de déposer une photocopie de leur licence d’importation. Tout le problème ne tournerait-il pas autour d’une nouvelle définition des professions de producteur et de distributeur de musique, à laquelle s’attelle en ce moment le ministère de la Culture, comme l’a dit M. Djibril Kane, répondant à la question d’un journaliste ?
On peut espérer que ce futur texte réserve aux artistes la part qui leur revient de droit dans l’exploitation du produit musical, en les protégeant de la gourmandise des commerciaux. C’est à ce prix qu’on défendra réellement la culture nationale.
Ibrahima KOITA
06 juillet 2005