Après des émiettements qui n’ont fait que de les affaiblir, des partis politiques maliens cherchent à se réunifier. Une initiative salutaire mais qui, en dehors de l’exemplaire fusion Adéma/RND, peine à trouver son chemin.
L’échiquier politique malien compte plus d’une centaine de partis politiques (110) selon le recensement de l’IMD qui fait référence aux partis ayant leur récépissé. Bon nombre des partis politiques sont nés de scissions au cours des congrès où au moment de la désignation de candidats aux élections présidentielles. C’est le cas de l’Union soudanaise/Rassemblement démocratique africain (US-RDA).
Ce parti connaîtra sa première scission en 1992 lors des premières élections pluralistes et démocratiques en donnant naissance au Bloc démocratique pour l’intégration africaine (Bdia/Faso jigi), créé par Tiéoulé Mamadou Konaté (paix à son âme).
Motif de la scission : l’incapacité des responsables et militants du parti de la Charrue à s’entendre sur la candidature que Baba Akhib Haïdara et Tiéoulé Mamadou Konaté se disputaient. De l’US-RDA sont issus directement ou indirectement le Bdia, le PIDS, dirigé par Daba Diawara, et le RMC/Mali Kanu. C’est donc cette grande famille que le parti de l’Indépendance veut réunifier pour, dit-on, rebâtir la maison commune de Mamadou Konaté et de Modibo Kéita.
La réunification des partis politiques maliens est une bonne chose. Elle a été d’ailleurs un thème de préoccupation de la clase politique malienne. Depuis 2003 une commission de réflexion de 10 membres a été mise sur pied en vue de la réunification de ces partis nés des divergences au sein de l’US-RDA. Les pourparlers seraient bien avancés à en croire le secrétaire général de l’US-RDA Dr. Badra Alou Macalou. On note dans ses explications que le blocage se situerait au niveau du nom que le parti devra emprunter.
Le nouveau nom en cause
Il semble que le PIDS et le Bdia ne souhaiteraient pas qu’après la réunification des trois partis, le nom « US-RDA » ait toujours cours. Ils voudraient qu’un changement y soit apporté, quelconque chose qui pourrait signifier que le retour au sein de l’US-RDA du PIDS et du Bdia a eu lieu. L’autre motif du changement de nom, indique-t-on, est l’archaïsme de l’appellation US-RDA. En clair au PIDS et au Bdia, on est partant pour moderniser jusqu’au nom le parti unifié.
Mais cette vision n’est pas partagée par le Ben de l’US-RDA, initiateur de la réunification du moins par son secrétaire général. Tous ceux qui ont écouté le message de Badra Alou Macalou, aux termes du congrès des jeunes, auront compris que le parti de la Charrue (emblème de l’US-RDA) n’adhère pas encore à ce changement.
Le secrétaire général de l’US-RDA voit même une ambiguïté dans la proposition de ses camarades du PIDS et du Bdia. « Il n’est pas clair, alors que nous devons aller sur une base claire », a déclaré M. Macalou. Il a ajouté que s’il y a eu division au sein de l’US-RDA, c’est « parce que les gens ont été peu regardants sur ses textes ».
On comprend alors aisément que la réunification de l’US-RDA n’est pas pour demain. En effet, les responsables de l’US-RDA tiennent à son identité et cette identité ne peut, à leurs yeux, se manifester qu’à travers les présidents Mamadou Konaté et Modibo Kéita.
Denis Koné
21 Octobre 2008