Une arme dangereuse dont l’utilisation est condamnée par tous les traités et accords internationaux. Depuis la proclamation de notre indépendance à nos jours, nous n’avions jamais connu cette arme invisible, redoutable produisant des effets traumatiques excessifs frappant sans discrimination et qui tue plus les civils que ses vraies cibles.
La Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction a été signé en décembre 1997 à Ottawa par 121 pays. Elle est entrée en vigueur le 1er mars 1999.
Le Traité définit la mine comme un engin conçu pour être placé sous ou sur le sol, ou une autre surface, ou à proximité, et pour exploser du fait de la présence, de la proximité ou du contact d’une personne ou d’un véhicule, une arme destinée à mettre hors de combat, blesser ou tuer une ou plusieurs personnes.
Les mines constituent une arme dangereuse qui tue ou ampute plus de 18 000 personnes par an à travers le monde, essentiellement des populations civiles. Cette arme, frappe ses victimes bien longtemps après la fin des conflits, et entraîne par sa présence une déstabilisation des zones infestées.
Elle entrave le développement et la reconstruction économique, empêche la libre circulation des personnes et des biens et constitue une épée de Damoclès suspendue au dessus de nos têtes pour plusieurs années. Au 1er juillet 2006, 151 Etats étaient parties au Traité d’interdiction. Depuis 2005, 4 nouveaux Etats sont parties au Traité : Haïti, les îles Cook, Brunei et l’Ukraine.
Les pays qui refusent de signer le traité sont encore la Birmanie, la Chine, l’Inde, le Pakistan, et la Russie. 13 pays produisent toujours des mines antipersonnel : la Birmanie, la Chine, Cuba, l’Inde, l’Iran, la Corée du Nord, la Corée du Sud, le Népal, le Pakistan, la Russie,Singapour, les Etats-Unis et le Vietnam.
En 2005, au moins trois gouvernements ont continué à utiliser des mines antipersonnel : le Népal, la Russie et surtout la Birmanie.
En terme de déminage, au cours de l’année 2005 plus de 740 km² ont été déminés. Une superficie qui s’ajoute aux 1 100 Km² déjà déminés depuis 2000. Plus de 470 000 mines antipersonnel et plus de 3 750 000 engins explosifs ont été enlevés et détruits. Cependant, 78 pays et 7 territoires sont encore affectés selon le rapport de l’Observatoire des mines.
Sur le terrain, les efforts sont concentrés sur les actions de déminage des sites contaminés, de soutien à la destruction de stocks, d’appui aux victimes et de formation aux techniques de déminage et de dépollution. Sur le plan géographique, les spécialistes du déminage ont surtout orienté depuis près de cinq ans leurs actions vers les foyers et les régions les plus affectées notamment le Mozambique, le Cambodge, les Balkans et l’Angola (à partir de 2005).
Cependant, le nombre des victimes des mines augmente chaque jour et les spécialistes du déminage ne savent plus localiser les terrains à cause de leur extension.
L’Angola reste en Afrique l’un des cas les plus frappants. Le Sahara Occidental et le désert mauritanien présentent aussi des foyers inaccessibles et dangereux à cause des séquelles de la guerre. Bientôt, si on ne prend garde, le nord de notre pays sera cité parmi les zones infestées. Qu’avons-nous fait pour mériter un tel sort ? Deux camions de transport ont déjà sauté sur ces engins de mort et les 12 victimes étaient des civils. Sommes-nous en train de nous diriger vers une situation à l’angolaise ?
Mesurons-nous toute l’ampleur du danger qui nous menace ? Une mine placée dans le désert est introuvable pour toujours jusqu’au jour ou un pauvre berger ou un véhicule sautera dessus, car chercher une mine dans le désert équivaudra à chercher une aiguille dans une botte de foin.
Le désert engloutit même de gros engins a fortiori une mine enterrée dont le poids n’excède point les cinq kilos. Les responsabilités restent grandement partagées.
L’Etat a sa part de responsabilité car il n’a pas su gérer les divergences et tempérer les ardeurs afin de se donner le temps nécessaire et les moyens pour l’application effective de ces accords d’Alger.
Il y avait assez de pression de la part de beaucoup de Maliens qui rejettent ces accords. Il y avait aussi la fièvre des élections qui accaparaient nos esprits. Les pouvoirs publics auraient pu pressentir la crise et prendre des mesures pour la désamorcer. Les frères au sein de l’alliance, à leur tour, devaient s’armer de patience et accorder aux autorités le temps nécessaire.
La plupart des Maliens considèrent leur réaction comme une forme dissimulée de chantage. Sauf que le chantage est en train de prendre les allures d’une catastrophe avec l’utilisation des mines. Savez-vous, chers frères dissidents que selon les statistiques le nombre de victimes de mines s’élève à 400 000 personnes gravement mutilées, ou survivant d’un accident par mine dont 80% sont des civils.
Nous vous rappelons que ce sera vous qui irez déminer cette zone car ce sont nos frères, nos sœurs qui sauteront sur ces mines. Ce ne sera pas nos ennemis car nous ne sommes pas dans une guerre classique, rangée, entre deux armés ennemis. Nous sommes entre Maliens. Quel intérêt à placer des mines dans son propre pays ? Et contre sa propre population ?
A bon entendeur salut !
Au Mali nous n’avons pas besoin de mines. Notre région est déjà fortement « minée » par de multiples fléaux qui ne disent pas tous leurs noms. A Kidal, nous avons beaucoup de défis à relever surtout la relance du développement économique, social et culturel. N’en rajoutons pas. Je suis persuadé que quelle que soit l’ampleur de nos divergences, elles ne méritent pas de faire de notre Sahara un champ de mines.
C’est le lieu d’interpeller la société civile, les responsables politiques, les amis de la presse parlée et écrite les stations FM, les radios rurales les associations la fédération des croix rouges et croissants rouges afin de sensibiliser nos frères, nos sœurs sur le fléau, et les protéger contre le danger que représentent ces engins de la mort qui nous guettent et qui demeurent invisibles.
Mohamed Ould Sidi Mohamed
Consultant en Développement Communautaire et Ingénierie sociale Nouakchott.
10 septembre 2007.