A la suite de la cérémonie, le Président a ordonné que ces animaux, espérons-le indemnes, soient rejetés dans le fleuve. Il leur est, en effet, impossible de survivre en dehors de leur milieu aquatique. Il a, par là même, manifesté qu’il était extrêmement sensible à la présence au Mali de ces animaux extraordinaires qui réussissent à survivre malgré toutes les contraintes auxquelles ils sont confrontés.
Le réflexe écologique du Président est à saluer lorsqu’on sait que la survie des lamantins est menacée par de multiples facteurs : chasse abusive, pêche intensive, pression humaine et variations du niveau du fleuve qui réduit leur habitat.
Rappelons que ces animaux étonnants ont inspiré les figures légendaires des sirènes.
Ces divinités aquatiques maléfiques représentées avec un buste de femme et une queue de poisson étaient réputées séduire les navigateurs par leurs chants mélodieux.
Ensorcelés par leurs “lamentations”, les malheureux marins se précipitaient dans les flots pour rejoindre ces merveilleuses créatures.
Les scientifiques ont depuis longtemps démythifié cet animal de moeurs très pacifiques.
Le lamantin (en bambara Man), est un mammifère aquatique de la famille des Trichocidés, et de l’ordre des Siréniens, qui vit dans les fleuves d’Afrique et d’Amérique. L’espèce qui vit au Mali est Trichechus senegalensis. Il est exclusivement végétarien et ne fait donc aucune concurrence aux pêcheurs. Il peut atteindre 3 m de long, a des formes grasses et arrondies, qui rappellent de loin la morphologie de ses énormes cousins, les éléphants de mer.. Il est exclusivement aquatique.
Les femelles ayant un seul petit tous les trois ans, c’est une espèce très vulnérable. Ce n’est donc pas sans raison qu’il est protégé par la Convention de Washington du 3 mars 1973 réglementant le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction.
Cette convention a été ratifiée par le Mali en 1993. Sur le plan interne, la loi n°95 031 du 214 mars 1995, fixant les conditions de gestion de la faune sauvage et de son habitat protège intégralement le lamantin. Sa destruction est punie de lourdes peines.
Personne n’a malheureusement oublié l’épisode pitoyable de l’arrivée au zoo de Bamako de deux lamantins capturés par des pêcheurs.
L’un est mort rapidement, faute d’installations adéquates pour l’accueillir. L’autre survit dans un petit bassin privé en aval à Bamako.
Le lamantin constitue certainement l’un des plus beaux fleurons de la faune malienne, aux côtés de la gazelle dama dont il reste quelques individus dans le Tamesna, et du chimpanzé, dans quelques coins reculés du Bafing. Il pourrait être l’emblème de la biodiversité encore présente dans le milieu naturel du Mali. Gageons que le geste du Président ATT constituera un exemple et un avertissement à tous ceux qui seraient tentés d’enfreindre la législation malienne en matière de protection des espèces menacées d’extinction.
Source : Ambassade de France
19 mai 2005