La maison du quartier, communément appelée «Cases Rondes» construite depuis bientôt 8 ans par l‘humanitaire français, l’Abbé Pierre et offerte à la population de Baco-djicoroni, était destinée à abriter les associations de jeunes et de femmes autour d’un idéal : le développement de Baco-Djicoroni. Hélas !
Cet édifice servait à la couche jeune pour se rencontrer et échanger sur l’actualité : chômage, délinquance, culture, sport, IST/SIDA, formation professionnelle, assainissement, bref refléchir notre devenir et celui du quartier.
En rappel, le premier projet salué par la population et sa jeunesse était l’insertion socio-professionnelle des jeunes filles en coupe et couture et nous avons vu beaucoup de nos jeunes sœurs sortir avec une attestation niveau CAP ou BT dans cette spécialité qui, par finir, a permis à bon nombre d’entre elles de s’installer à leur propre compte et se rendre utiles et indépendantes; voilà juste un exemple illustratif de l’esprit de cette maison.
Nous avons également assisté à de grandes manifestations culturelles et artistiques sur cet espace tels que des concerts, des concours de chant et de danse. Mais, ce qui a le plus qui a retenu nos souvenirs, c’est l’organisation de la semaine artistique et culturelle appelée «Semaine locale» en 2006 par le ministère de la Culture.
Notre maison était retenue pour abriter cette semaine. Voilà, de façon succincte l’objectif et le but que nous avons lus dans les termes de la convention qui lient l’ADER (Association pour le Développement Economique et Régional) l’association du donateur, la mairie de la commune V et L’AMQ (Association de la maison du quartier) qui gère les lieux.
Depuis bientôt deux ans, nous assistons à des scènes incroyables au vu et au su de tous. D’abord au sein de l’AMQ, ce sont des éclatements et des déchirements autour de la gestion du bien public; les filles et leurs formateurs ont été déguerpis des lieux.
Au même moment, des bâtiments commerciaux à étages poussent devant l’espace à une allure inimaginable et, même la nuit, maçons et charpentiers sont en pleine activité.
La population a approché des élus et le chef de quartier pour savoir si ce lieu aussi figure sur la liste des espaces convoités comme nous le remarquons à longueur de journée. Ceux-ci ont tous déclaré ne rien savoir de l’origine du chantier. Et voilà le sort qu’est en train de subir la devanture de notre maison de jeunes censée nous servir de lieu de formation ou de rencontres. Hélas !!!
Le plus dramatique est que «les Cases Rondes» de Baco¬-Djicoroni viennent d’être baptisées «Cases Rouges» où alcool et prostitution se mêlent.
A la question de savoir qui a transformé la maison du quartier en bar et chambres de passe, on n’entend nulle réponse.
Pourtant, il existe un président qui gère les contrats et les activités de la maison et rend compte à la mairie.
A l’instant où vous lisez ces lignes, les chantiers continuent de plus belle, le bar fonctionne à merveille et la jeunesse est au désarroi. Alors comment voulez-vous que dans cette atmosphère les jeunes soient stables, nourrissent et mûrissent des projets au sein leur commune et dans leur pays ?
Face à ce constat qui meurtrit nos âmes, la jeunesse, consciente dans son ensemble de l’ACI à Dougoucoro en passant par Bandiagara et Socoura, s’est mobilisé et organisé pour décrier et dire non à ces individus et leurs œuvres.
La jeunesse n’a plus de tribune pour échanger et accoucher d’idées nouvelles à l’heure des technologies et de l’intégration sous-régionale. Or, la richesse d’un pays, c’est sa jeunesse qui, à son tour, doit être de qualité, dynamique et compétente pour une meilleure continuité.
Ce joyau vient d’être hypothéqué et confisqué par une poignée d’individus qui ne pensent qu’à eux-mêmes. La question que toute la population se pose aujourd’hui est de savoir si la maison du quartier n’a pas été vendue. Et nous voilà étrangers et aventuriers dans notre propre commune.
Pauvre jeunesse de Baco-Djicoroni.
LE BUREAU
Président :
Moussa SISSOKO
Secrétaire Général:
Abdoulaye DIALLO
03 Septembre 2008