Partager

Juger que le débat sur une éventuelle candidature de l’actuel premier ministre malien à la présidentielle de 2012, vaut ou ne vaut pas la peine d’être mené, c’est répondre à une question fondamentale à laquelle aucun Malien, digne de ce nom, ne doit se débiner. A savoir, quel dirigeant pour le Mali de demain ?

jpg_Sans_titre-1-16.jpg
Par dose homéopathique, les Maliens sont en train de recevoir consciemment ou inconsciemment (c’est selon) des principes actifs dont l’administration, a pour seul but, de mieux les conditionner pour un objectif non encore avoué. Point n’est besoin d’être démiurge ou mage pour pouvoir décrypter les gestes cabalistiques de Modibo Sidibé. Ce dernier pense bien tenir son sujet depuis qu’il a été “bombardé” Premier ministre un certain 28 septembre 2008, depuis que par un heureux concours de circonstances, son “riz bien initié” a commencé à remplir les greniers. Les puristes de la politique eux, savent mieux que quiconque que le philan tropisme ne peut prospérer dans un milieu où la politique de “ôte-toi que je m’y mette” demeure le principal let-motiv.

Pour les férus de la politique malienne, il n’est pas certain que l’actuel Premier ministre malien laisse passer l’aubaine qui s’offre présentement à lui. D’ailleurs, peut-il en être autrement lorsqu’on s’emploie à s’entourer d’hommes lige, lorsqu’on pose des actes de haute portée politique telles les visites de courtoisie dans les familles fondatrices de Bamako. La caque semble sentir véritablement le hareng. Pour réussir ce hold up au nez et à la barbe des formations politiques, il faudrait bien faire ripaille avec du cheval. Cela en compagnie de convives qui ne sont surtout pas de la dernière pluie autrement dit, des seïdes bien connus dans le biotope politique malien.


Ses hommes


Lassine Traoré

Communément appelé le doyen, il semble être la conscience politique du P.M. Très loin des arcanes politiques, ce cadre malien, selon nos sources , ferait office de mentor qui oriente et met de l’ordre dans les idées. Sa maturité politique, le respect dont il jouit auprès de certains hommes politiques en feraient un élément précieux dans le dispositif Modibo Sidibé.


Abdallah Coulibaly

Promoteur d’une grande école de la place, ce dernier reste l’homme de confiance du Premier ministre. Ils ont beaucoup en commun. Initiateur de plusieurs fora, leurs intérêts n’ont jamais divergé. Ce n’est pas lorsqu’il s’agira de grands enjeux surtout politiques que cette complicité gravée dans du roc s’effritera.

Les Ministres

On parle beaucoup ces derniers temps de membres du gouvernement qui sont tombés sous le charme du “beau Modibo”. Au point de vouloir passer à l’arme, le parti à l’origine de leur fulgurante ascension. Les ambitions personnelles sont passées par là. Bien d’observateurs de la scène politique malienne pensent que le “Tsumani” qui a balayé, il y a quelques temps, certains partis politiques avait un épicentre bien connu. L’objectif étant de déstabiliser au mieux la chaumière, en prendre le contrôle et servir le plus disant.

Certains poussent la réflexion plus loin. Ils pensent même que le maintien de ces ministres au gouvernement, après y avoir passé cinq bonnes années sous le premier mandat d’ATT, répondait à cette logique. Ce serait le cas notamment du CNID où N’Diaye Bah a failli, de peu, commettre le “paricide” n’eut été, la vigilance de certains militants du parti restés fidèles à Me Mountaga Tall. Une volée de bois vert qui a eu son instant de retentissement : A l’URD, on soupçonne le 2è Vice-président, Oumar Ibrahim Touré de vouloir également mettre sous sa coupe le parti de la poignée de mains; afin d’en faire bon usage le moment venu.

Le Mouvement citoyen aurait également passé sous les fourches caudiques des illusionnistes politiques. On trouve Ahmed Diane Semega beaucoup plus maniable que Djibril Tangara. Le Mouvement citoyen, on se rappelle, avait largement contribué à hisser le président ATT au pouvoir et par deux fois. Cette bonne cause, elle pourra la servir encore. Ce qui a amené bien des Maliens à s’interroger sur cette audience spéciale accordée par le Premier ministre Modibo Sidibé à cette formation, quatre mois seulement après sa prise de fonction.

Du côté des Ruchers, on commente beaucoup cette bataille rangée qui a opposé des dirigeants du parti, pourtant connus pour leurs accointances. Certains sont soupçonnés, surtout les ministres, d’être des “Modiboïstes” “fiéfié”. D’où leur acharnement à vouloir trop s’approcher de la chaire et servir au cas où. Iba N’Diaye, Sekou Diakité, entre autres sont beaucoup cités. Avoir avec soi la fine fleur du CE-ADEMA, le mouvement citoyen, le CNID, l’URD, on ne peut mieux espérer pour une ascension du mont Koulouba.


Certains complots ont été éventrés, d’autres suivent leur cours.

A l’image de dur à cuir qu’on lui collait à la peau pour avoir fait avaler des couleuvres à bien de Maliens, du temps où il était secrétaire général de la présidence, Modibo Sidibé a substitué un profil beaucoup plus raffiné ces temps ci.

Pour les besoins de la cause, il s’est assis sur nombre de ses principes pour mieux paraître. On l’a vu faucille à la main, jouant le bon paysan. Des images insoupçonnées il y a seulement quelques temps. Pour son “riz bien initié”, bien lui en a pris. La campagne a été bonne, très bonne même.

Il reste seulement à craindre que ces braves paysans ne soient plus tard l’objet d’instrumentalisation à grande échelle qui feront d’eux des “militants alimentaires” prèts à offrir leurs voix au bienfaiteur d’une année. Bien d’observateurs pensent que c’est à ce scénario que l’on pourrait assister.

Il en est de même du forum sur l’éducation nationale. Aujourd’hui, force est de reconnaître que l’école cristallise tous les sentiments. Une sortie de crise à travers, “l’artifice” du forum, pourrait donner des ailes au Premier ministre. Et lorsqu’on sait la capacité de persuasion des enseignants, leur contribution dans l’éclosion des idées et surtout leur influence sociologique, il n’est pas superflu de croire que, satisfaits dans leurs desiderata, ceux-là ne puissent pas rentrer dans les rangs et au-delà faire acte d’allégeance au grand manitou.

Au “riz bien initié” au forum bien pensé, Modibo Sidibé pourrait adjoindre les yeux doux faits à certain cadres très au fait de la chose politique, Alhousseini Sow entre autres. Un caïd de l’URD, nommé chef de cabinet et qui pourrait jouer le rôle d’enzyme dans la réaction de catalysation lorsqu’il s’agira de passer le parti de la poignée de mains au bistouri.

Son “QG”

Pour mordre la vie à belle dents après une semaine harassante, le Premier ministre selon nos sources, prendrait souvent ses quartiers du côté de Faladié où il réclame une grande bâtisse. Temps de repos, très souvent perturbé, toujours selon nos sources, par d’incessants ballets d’abonnés à la politique qui viennent “pondre” le fruit de leur réflexion.

Malheureusement, parmi ceux-là, beaucoup d’énergumènes pour qui les partis politiques ne comptent que pour du beurre et qu’il suffit simplement d’élaborer des scenarii dont ils ont seuls le secret, pour qu’un inconnu au bataillon se gave de “riz bien initié” et prenne la République en otage. Sans crier gare.


Amadou Sangho

10 Novembre 2008