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Son inventeur, Souleymane Koly, s’entretient avec le Républicain

Le Républicain: Vous êtes de passage à Bamako et nous avons entendu dire qu’il se prépare un événement majeur en rapport avec la date anniversaire des 15 ans de scène des Go de Kotéba dont vous été à la fois le créateur et l’accompagnateur. Qu’est-ce que vous réservez aux Maliens et aux Africains de façon générale?

S. Koly: Oui effectivement, je suis de passage à Bamako à l’invitation de deux associations: «Image au féminin» de Kadiatou Konaré Dramé et «Koladjé» de Fily Condé. Ce sont ces deux associations qui ont décidé d’appuyer la célébration de l’existence des 15 ans des Go de Kotéba.

Les Go de Kotéba sont nées de l’ensemble Kotéba d’Abidjan en 1993 avec la publication de leur album «Bara». 1993- 2008, cela fait 15 ans. Et nous avons décidé de les célébrer. Mais, une célébration qui concernera toute la sous région parce que l’ensemble Kotéba d’Abidjan ainsi que les Go se considèrent comme un produit de la sous- région.

« Image au féminin et Koladjé »

Ce sera donc une célébration tournante avec dans chaque pays visité l’accompagnement de structures culturelles locales. Par exemple, si nous voulons célébrer l’événement au Burkina Faso, nous trouverons dans ce pays des associations ou des structures qui acceptent de prendre en charge la maîtrise du projet. Au Mali, les deux associations que j’ai citées ont accepté d’endosser l’organisation de la célébration des 15 ans des Go.

Voilà l’objet de ma présence ici. C’est pour discuter avec elles afin d’arrêter les contours de l’événement.

Le Républicain : Peut-on avoir une idée de ce qui va se faire?

S. Koly : La célébration sera l’occasion de conférence de presse pour dialoguer avec les Maliens par presse interposée, sous le signe du remerciement et de la reconnaissance dus au public malien, en particulier bamakois et ségovien qui nous ont toujours réservé un accueil délirant.

Pour nous Kotéba d’Abidjan, pour les Go, pour Souleymane Koly, le Mali est le premier pays qui nous vient à l’esprit. Merci au grand Mali pour tout ce qu’il a donné au sous-continent. Le Mali fait partie de mes chevaux de bataille en matière culturelle. De la même manière que Rome a innervé l’occident, je crois que le grand Mali a émerveillé toute la sous- région.

Elle sera aussi l’occasion d’une exposition photos au Centre culturel français de Bamako, consacrée à la thématique : « sur les traces des Go » où l’on pourra se faire une idée de leur parcours scénique et de leur vie de femme et de citoyenne.

« De Bara à Tougnafo »

Puis ce sera le clou si je puis dire: « Les Go de vives voix », deux grands concerts le 3 octobre à 21 heures au Blomba et le 4 à la même heure au Centre Culturel Français.

Le premier concert va être appelé «Acte 1». Au commencement, il y avait «Bara», c’est le titre qui les avait fait connaître. Et comme par hasard, «Bara» veut dire le «travail». C’est du travail qu’il faut quand on veut commencer et réussir. On ne peut arriver à rien sans le travail; ça c’est le premier concert, avec des titres tirés de leurs débuts.

Le deuxième concert, nous l’avons baptisé «concert de la maturité». On ne peut pas arriver à la maturité sans la responsabilité et quand on a la responsabilité, il faut savoir s’exprimer sur les choses du moment.

Le titre phare sera «Tougnafo» qui signifie «dire la vérité», condition sine qua non pour participer aux débats de la Cité. Voilà donc les grandes lignes. Il y aura des invités majeurs comme Cheick Tidiane Seck ainsi que le talentueux arrangeur Alassane Soumano qui nous accompagnent depuis toujours et qui ont assuré avec brio les arrangements de leurs albums.


Le Républicain : Votre anniversaire s’inscrit-il dans le contexte de la fête de l’indépendance du Mali?

S. Koly : Oui, bien sûr! Je le dis toujours, le Mali est très important pour la sous- région. Ces concerts sont comme à la fois une sorte de prolongement du 22 septembre 2008 et l’annonce de ce que sera le cinquantenaire de l’indépendance du pays de Soundjata, d’El Hadj Oumar Tall, de Firhoun et de tous ces valeureux fils depuis 1960.

Le Républicain : Doyen Koly, vous savez que les Go de Kotéba ou les Go d’Abidjan ont plusieurs publics. Est-ce que dans votre programmation, vous envisagez tous ces publics?


S. Koly :
Les initiatrices ont totalement à l’esprit de faire en sorte que tous les publics puissent avoir accès à ces spectacles. C’est pour cette raison qu’elles ne se sont pas contentées de faire venir les Go pour un spectacle unique mais deux. Pour ma part, je puis vous assurer que tous ces publics auront la chance de voir les Go dans de bonnes conditions de confort technique et artistique.


Le Républicain :On sait que les Go sont venues plusieurs fois au Mali mais jamais au-delà de Mopti. Et Dieu sait qu’elles ont des Fans qui les attendent un peu partout au Nord du Mali d’où est originaire Awa Sangho. Ne serai-t-il pas envisageable d’aller leur chanter du Takamba à la sauce abidjanaise ?

S. Koly : Oui, ce n’est pas elles seules qui vont chanter. Moi, aussi je vais chanter!!! (Rires). Bon, plaisanteries mises à part, nous attachons une importance majeure à ce que les spectacles des Go puissent se délocaliser vers le Nord-Mali. Parce que, comme vous le savez, une des personnalités importantes du groupe est originaire de là-bas.

Je le dis toujours, le Mali a beaucoup donné à la sous région en terme de diversités et je crois que nous nous devons toujours d’y aller en pèlerinage et de plus en plus dans les régions septentrionales.

C’est important que nous y allions pour nous enrichir et aussi dire merci pour ce formidable répertoire que nous avons parfois exploité. Donc rendez-vous est pris. Et s’il y a là-bas des initiatives qui s’éveillent et qui nous proposent de venir, nous irons avec un très grand plaisir.


Le Républicain :
Joyeux anniversaire aux Go, au Kotéba et à Koly.


S. Koly :
Merci.

Interview réalisée par

S. El Moctar Kounta

03 Octobre 2008