Partager

Dans l’affaire de l’otage français, les négociations entre les parties malienne et française auraient permis au président malien d’obtenir de son homologue français la baisse de la pression sur son gouvernement quand au vote d’une loi sur des sujets sensibles qui ont fait monter la tension d’un cran en 2009, obligeant les autorités à reculer et à tenir compte de la voix de la rue.
En 2009, notre pays a failli sombrer dans le chaos suite à une éventuelle signature de l’accord de réadmission, de l’adoption du nouveau Code de la famille et des personnes et de l’abandon de la peine de mort.

Les deux derniers sujets, considérés comme une transgression de nos valeurs, ont poussé les Maliens à se mobiliser comme un seul homme pour exprimer leur colère à travers des manifestations, marches, meetings, etc.
Malgré ces démonstrations de force, le gouvernement malien, sous la pression des partenaires techniques et financiers (PTF), initie un projet de loi d’un nouveau Code de la famille et des personnes, voté à la hâte par l’Assemblée nationale. La suite on la connaît.

Le président de la République se félicite de la portée historique du vote avant de jeter des fleurs au président de l’Assemblée nationale. Ils pensaient que le tour était déjà joué. Et l’affaire dans le sac.

Parce que, pour eux, ils croyaient que les manifestions liées au code ne sont que l’expression d’une poignée d’agités de Bamako dont l’objectif est de sortir de l’ombre. Erreur.

Les manifestations se sont multipliées. Il ne se passait un jour sans qu’une capitale régionale ou une ville secondaire montre à la face des autorités qu’elles se battront jusqu’à leur dernier souffle pour le respect de nos valeurs religieuses et sociétales.

Malgré cela, le gouvernement ne souhaitait accorder aucun crédit à ce mécontentement grandissant. Mais il a fallu le meeting du 22 août au Stade du 26 Mars pour que le président Touré se rend réellement que son pouvoir risque gros en s’accrochant à son nouveau code, appelé satanique par les musulmans du Mali.

De la guerre à la diplomatie

Le président renvoie le code à une seconde lecture à l’Assemblée nationale. Depuis lors, les stratèges du régime réfléchissent sur un code consensuel. Et entre temps, le chef de l’État malien ne sait plus où donner de la tête. Car il avait promis aux partenaires techniques et financiers (PTF) qu’il va doter son pays d’un code, calqué sur leurs valeurs au mépris de celles du Mali.
Du renvoie du code aux négociations de la libération de Pierre Camatte, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des Martyrs. Et les argentiers ne cessaient de monter la pression.

Ainsi notre président se trouvait entre le marteau des PTF et des associations musulmanes maliennes. Et grâce à la libération de Camatte, le président sort sa tête de l’eau et met sur la balance par la libération de ce dernier les sujets brûlants qui l’empêchent de fermer les deux yeux. Il s’agit notamment de l’accord de réadmission, du code de la famille, de la peine de mort.

Pour l’accord de réadmission, sa signature serait renvoyée aux calendres grecques. Au grand bonheur de l’Association malienne des Expulsés (AME) qui se bat pour que le gouvernement n’appose pas sa signature au bas d’un document qui permettra à la France de mettre hors de ses frontières 20 000 Maliens ainsi que tous ceux qui possèdent des papiers maliens.

Selon nos sources, ATT aurait bien négocié ce point avec Sarkozy. Il n’y aurait pas d’accord sous son règne. S’il a un mérite aujourd’hui, c’est sur ce point. En aucun moment, il n’a cédé aux injections des autorités françaises qui ont multiplié menaces et intimidations pour le faire fléchir.

Pour le Code de la famille et des personnes et de la peine de mort, le président français se serait engagé à être l’avocat du Mali au près de l’Union européenne (UE) pour que le cas malien soit étudié avec une autre loupe.
Ainsi ATT échange Pierre Camatte contre la non signature de l’accord de réadmission, de l’abandon de la loi du Code de la famille et de la peine de mort.

Yoro SOW

08 Mars 2010.