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Sentiment d’injustice, impunité, corruption, banditisme, vie chère, crise scolaire, prostitution, expropriation des pauvres de leur terre. Dix sept (17) ans après la chute de la dictature, le Mali semble plus que jamais assis sur une poudrière.


Annoncé à grand renfort de déclarations, les pseudo démocrates avaient martelé pour un peuple chloroformé par la série de condamnations sans mesure lancées contre le système dans lequel les Maliens avaient vécu que la démocratie qui s’instaurait, allait ouvrir à la prospérité générale et que le temps était venu pour les voleurs du moins aux audacieux de saisir la chance de faire fortune.

Curieusement cette chance, les autorités de la troisième République l’ont saisie malgré le slogan de mars 91 : «kokajè» Traduction : la grande lessive.

En se débarrassant des sentinelles de la révolution de mars 91, les divers clans installés au pouvoir vont s’efforcer de détruire toutes les structures qui gênent le développement d’une société telle qu’ils la conçoivent c’est-à-dire ouverte au vol, à la spéculation et à l’enrichissement individuel.

Pour mieux mettre leur plan diabolique, les autorités de la troisième République se sont entourées et continuent de s’entourer d’une cour de flatteurs, de personnages douteux, se chargeant volontiers des basses œuvres qu’ordonne le monarque de droit divin, qui sait les récompenser en fermant les yeux sur les vols et les prévarications dont ils ont les auteurs ou les complices.


La privatisation, le raccourci du vol

L’ancien président Alpha Oumar Konaré a organisé le plus grand hold- up de tous les temps en faisant croire à son peuple que les tares du pays seront soignées à travers la privatisation des sociétés et entreprises d’Etat. Mais hélas ! C’était une manière pour lui et sa bande de prédateurs de faire mains basses sur les maigres ressources de l’Etat.

Et avec la complicité de la Banque mondiale, Alpha et ses vrais faux économistes ont poussé les entreprises à la faillite pour en abaisser la valeur et faciliter la privatisation. La SONATAM, les EDIM, EDM, ITEMA, RCFM ont subi ce sort.

Plus grave, ils ont racheté ces sociétés avec des prête noms ou ils sont les actionnaires majoritaires.

Au lieu que la privatisation, annoncée comme la poule aux œufs d’or, profite aux Maliens, c’est Alpha et consorts qui se taillent la part du lion.

Quelques années après, des fantastiques fortunes personnelles s’élevant à des dizaines de millions se sont constituées à la vitesse de l’éclair. Ces nouveaux milliardaires, liés aux réseaux mafieux, se font construire d’incroyables villas, roulent avec chauffeur dans les voitures les plus chères. Ils ont un faible pour les 4×4.

«Enrichissez- vous !» ou plutôt «Enrichissez- nous !» était la devise qui rassemblait les voleurs.
Et il n’était pas rare d’entre : Vive les voleurs, les escrocs, les gangsters, les affameurs, les trafiquants de toutes espèces et politiciens corrompus.

Le successeur de Alpha au lieu de faire le ménage continue malheureusement avec les mêmes méthodes de vol. Mieux, il a ajouté l’impunité. Tous les voleurs de la République ont maintenant le dos large. Ils ne craignent personne.

Même celui qui les protège.
La privatisation a été un véritable gâchis pour le Mali.
Dix sept ans après, les maux combattus sous la dictature ont rebondi sur la scène politique avec cette fois ci une dose scientifique. Et le Mali semble plus que jamais assis sur une poudrière avec les problèmes qui le minent aujourd’hui.


Yoro SOW

07 Juillet 2008