« Notre génération a vu l’Afrique reconquérir son indépendance. Certains d’entre nous en ont été les acteurs. Aujourd’hui, confrontés aux obstacles sans nombre qui se dressent sur la route des jeunes Etats, nous avons l’ambition de construire l’Afrique nouvelle qui atteindra pleinement les objectifs du millénaire ».
Les chefs d’Etat assurent qu’ils ne fuiront pas leurs responsabilités. Ils se réjouissent au passage du fait que les regards et les perceptions par rapport à l’Afrique changent. Ceci est un signe encourageant et les chefs d’Etat l’affirment : « du continent ou de la diaspora, soyez fiers d’être Africains ».
Par rapport à la jeunesse et à l’avenir du continent, les chefs d’Etat ont pris des engagements. « Nous nous engageons à développer et à rendre accessibles ces technologies pour vous permettre, à travers tout le continent, d’affirmer votre voie, votre présence, votre esprit d’entreprise, votre capacité créatrice. Il s’agit pour vous d’une priorité. Pour nous d’un devoir ».
Les chefs d’Etat ont également pris des engagements dans le domaine de la paix, de la santé, de l’éducation, des moyens et outils de communication…
Les handicaps hérités de l’histoire, du climat, des règles commerciales inadaptées, font obligation à la communauté internationale d’aider l’Afrique.
« Nous avons évoqué l’enjeu capital que sont les bourses et les visas. La France continuera à accueillir sur son sol les étudiants africains en veillant à ce que les compétences des jeunes diplômés puissent profiter à leur pays d’origine ».
En terminant, les chefs d’Etat affirment : « Nous vous saluons tous, jeunes femmes et hommes qui portez haut l’espérance de l’Afrique : votre message est éloquent, juste et lucide. En répondant à notre sollicitation, vous êtes entrés avec force dans la vie publique, pour rappeler des principes universels : l’exigence de démocratie, les droits de l’homme, la consolidation de l’Etat de droit ».
En signant, Chirac ajoute à la main : « en confiance et en amitié avec la jeunesse d’Afrique ».
Quant à ATT, il a marqué à la main : « solidaire et engagé avec la jeunesse ».
Alexis Kalambry
CONFERENCE DE PRESSE DE CLOTURE
Le prochain sommet en France
Le 23e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique et de France a vécu. La prochaine rencontre aura lieu en France à une date qui n’est pas encore précisée.
A l’issue du sommet, les présidents malien et français ont animé un point de presse avec Marie Tamoifo N’kom, la porte-parole de la jeunesse.
A cette occasion, ATT, le premier, a remercié tous ceux qui se sont impliqués dans l’organisation pratique de la rencontre. A sa suite, Chirac a salué la présence du Premier ministre somalien, un pays qui n’avait pas participé à ces rencontres et qui n’avait même pas de gouvernement.
Faisant le point de la rencontre, les deux chefs d’Etat ont dit qu’ils ont évoqué le problème du commerce « en mettant en garde contre l’évolution trop libérale de la société ». « Nous avons également évoqué la crise ivoirienne, le Darfour… »
La porte-parole de la jeunesse, Marie Tamoifo N’kom se dira surprise par la rapidité de la réponse des chefs d’Etat.
Pour ATT, « si on ne répond pas aux problèmes de la jeunesse, elle risque de répondre par la colère et l’immigration ».
A. K.
SOMMET AFRIQUE-FRANCE
Les mises en garde de la jeunesse
Au 23e sommet Afrique-France, la porte-parole des jeunes a mis en garde les dirigeants africains contre la marginalisation de la jeunesse, « qui n’est consultée que lorsqu’il s’agit de conflits armés, de Sida ou autres maux de la société ».
Devant des chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique et de France, la porte-parole de la jeunesse, la Camerounaise Marie Tamafo N’Kom, évoquant le vécu de la jeunesse africaine aujourd’hui, n’a pas fait dans la dentelle.
Elle a dénoncé les pseudo modèles de développement et appelé les chefs d’Etat à déceler les préoccupations d’une jeunesse malade, absente dans la prise de décisions et des grands débats de développement afin d’engager les réformes adéquates.
Pour Marie Tamafo N’Kom, il n’est fait allusion à la jeunesse que lorsqu’il est question d’émeutes, d’incendies, de conflits armés, d’abus de stupéfiants, de chômage, de pédophilie, de Sida…
« Nous avons été longtemps réprimés dans nos aspirations politiques et dans l’expression de nos attentes », a-t-elle déploré. Or, a-t-elle rappelé, cette jeunesse s’est imposée comme un acteur décisif des transformations sociales et politiques du continent.
« Si les dirigeants sont incapables de sortir des solutions pérennes aux maux de la population africaine, la jeunesse, au cœur de beaucoup de combats, a espoir quant à l’avenir du continent. Nous avons imaginé de nouvelles pistes de développement prenant en compte nos besoins et préoccupations ainsi que ceux de nos populations », a-t-elle dévoilé.
Selon la porte-parole de la jeunesse, l’Afrique ne peut plus se permettre les dérives et les errements politiques, la mauvaise gouvernance.
Marie Tamafo N’Kom a estimé que la vitalité, la créativité et les ressources humaines non encore entamées de leur génération et des générations à venir constituent un capital qui ne doit pas être compromis.
« Nous ne voulons plus de déclarations et d’énièmes plans d’actions, mais plutôt des mesures politiques structurées et opérationnelles adoptées par les Etats en vue d’améliorer effectivement les conditions de vie de la jeunesse africaine. Si les politiques ne s’occupent pas de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s’occuper des politiques afin que les engagements aient un sens », a-t-elle averti.
Elle a suggéré aux chefs d’Etat l’élaboration de politiques de développement claires et opérationnelles articulées autour de la formation et de l’emploi des jeunes, le renforcement des programmes nationaux de promotion de l’emploi, la prise en compte dans les différents programmes de formation et de promotion de l’emploi de la spécificité des jeunes en difficulté et celle des handicapés, la scolarisation de la petite fille…
Sur les grandes questions environnementales et sanitaires, la jeunesse a suggéré l’engagement personnel des chefs d’Etat dans la lutte contre la pandémie du VIH/Sida.
S’agissant de l’insertion économique, ils ont proposé la prise de dispositions légales pour la représentation des jeunes dans toutes les instances de prise de décisions à l’échelle locale, nationale et internationale, la mise en place d’un Conseil de la jeunesse africaine et de la diaspora… Tout un projet de société à mettre à œuvre pour ceux qui veulent monter dans l’estime de ceux qui incarnent l’avenir.
Amadou Sidibé
SOMMET AFRIQUE-FRANCE
Bongo secoue le cocotier des jeunes
Fraîchement réélu pour un nouveau septennat, le chef de l’Etat gabonais, El hadj Omar Bongo Ondimba, a fait une intervention remarquée samedi à l’ouverture du 23e Sommet Afrique-France.
C’est en sa qualité de doyen des chefs d’Etat africains qu’il a pris la parole au nom de ses pairs. Son message était entièrement axé sur le thème de la rencontre : « la Jeunesse africaine, son avenir, sa vitalité, sa créativité et ses aspirations ».
Dans un franc-parler dont il est coutumier, le président gabonais a fustigé le comportement des jeunes qui ont, selon lui, « le don de la revendication ».
« De l’école primaire à l’université, la jeunesse ne fait que soumettre des doléances au gouvernement », a dit M. Bongo Ondimba, qui faisait allusion à la situation qui prévaut dans son pays.
Tout en se montrant conscient des problèmes de la jeunesse qui « vit les mêmes réalités dans le monde », il a invité cette couche sensible à garder les pieds sur terre : en ayant à l’esprit qu’il est plus facile de réclamer que de trouver des solutions adéquates aux problèmes.
« Les jeunes doivent savoir que tout ne peut pas être réglé par un tour de passe-passe », a déclaré le président gabonais, qui a engagé les jeunes du continent à faire preuve de créativité, de dynamisme et de combativité au lieu de continuer à s’apitoyer sur leur sort.
« Nous sommes tous passés par là », a-t-il avoué.
Le discours de Bongo, à la limite improvisé, se voulait réaliste plutôt que diplomatique.
Abdrahamane Dicko
LE PRESIDENT CHIRAC AU SOMMET AFRIQUE-FRANCE
« Il faut que l’Afrique mette un terme à ses crises »
Du haut de la tribune du Centre international des conférences de Bamako, le président français Jacques Chirac, a appelé samedi les dirigeants du continent à mettre un terme aux nombreuses crises qui le secouent et qui hypothèquent son développement.
A la cérémonie d’ouverture du 23e Sommet Afrique-France samedi, le chef de l’Etat français a fait le diagnostic de la « maladie » dont souffre l’Afrique.
« Quel avenir l’Afrique va-t-elle offrir à sa jeunesse ? » C’est la seule question qui vaille, a estimé le président Chirac pour qui elle détermine toutes les autres et à laquelle il appartient aux dirigeants d’apporter une réponse.
Situant l’événement dans son contexte, le président français a laissé entendre qu’aujourd’hui, près de deux tiers de la population africaine ont moins de 25 ans.
Pour lui, dans un monde où les solidarités traditionnelles s’effacent devant l’urbanisation, un monde marqué par la circulation instantanée de l’information, rien ne serait plus dangereux que de laisser ces jeunes au bord de la route.
« S’ils devaient prendre la voie sans issue de la contestation violente et des idéologies extrémistes, l’Afrique serait en grand péril et le monde en déséquilibre ».
Chirac, l’Africain
Evoquant les maux du continent, Jacques Chirac a convié les dirigeants africains à plus de responsabilité.
« L’Afrique a d’abord la responsabilité de mettre un terme aux crises meurtrières qui la secouent. Nous ne pouvons tolérer que s’installent la loi du plus fort, des divisions d’un autre âge, le drame des enfants soldats et la tragédie de millions de réfugiés. Ce n’est en aucun cas une fatalité », a-t-il ajouté appelant Africains et Européens à démanteler les réseaux d’immigration clandestine « qui constituent aujourd’hui un commerce odieux et mafieux ».
Pour atteindre les objectifs, le président français a proposé que l’aide publique mondiale soit doublée en la portant à 150 millions de dollars par an. « La France s’engagera pour que le prochain G8 de Saint-Pétersbourg marque une mobilisation exceptionnelle pour votre continent », a-t-il promis.
A la pointe de ce combat, la France instituera en 2006 un prélèvement de solidarité sur les billets d’avion qui rapportera chaque année plus de 200 millions d’euros.
« Cet effort aura valeur d’exemple et d’expérience », a souligné le président Chirac, qui a invité la communauté internationale à rejoindre les pays prêts à s’engager en faveur de l’initiative.
Idrissa Sako
CHOMAGE ET IMMIGRATION
Des défis à relever
Pour le président de la République ATT, les acquis ne doivent pas cacher les difficultés.
La jeunesse africaine, l’immigration clandestine… ont été des points saillants de l’intervention du président de la République, Amadou Toumani Touré, samedi à la 23e conférence au sommet des chefs d’Etat d’Afrique et de France. Aspirant à une éducation de qualité, le chômage et le VIH/Sida sont de véritables sources de profond désarroi pour la jeunesse.
Mais de toutes les difficultés, a commenté ATT, le chômage des jeunes, cause de véritables drames dans les familles, privant nos Etats de bras, dont l’Afrique a impérativement besoin, pour son développement.
Au nombre des défis que l’Afrique doit relever, ATT a mentionné la paix et la sécurité. Car, aujourd’hui, dira-t-il, au-delà de l’extrême souffrance qu’ils imposent aux populations, les guerres et les soulèvements armés épuisent les ressources financières et le potentiel humain du continent, entravant ainsi son décollage.
Or, pour ATT, la bataille du développement ne sera point gagnée sans la jeunesse en qui il a placé sa confiance et son espoir.
Le président Touré ne s’est pas empêché d’évoquer la question de l’immigration clandestine. La raison ? Des milliers de jeunes Africains partent de chez eux à la recherche d’un mieux-être en empruntant le Sahara, les détroits, les océans, etc.
Combien d’entre eux se sont noyés ou perdus à jamais ? s’est interrogé le chef de l’Etat pour qui, l’immigration clandestine interpelle aussi bien pays de départ que pays de transit et pays d’accueil.
Souscrivant à l’idée d’une conférence entre l’Europe et l’Afrique, ATT a conseillé de mieux ordonner le mouvement, à la fois pour la sécurisation des candidats au départ et pour leur insertion dans les pays d’accueil.
D’autres sujets non moins importants comme le co-développement, le coton ont été abordés par le président de la République.
Mohamed Daou
05 décembre 2005.