Partager


La campagne pour les législatives du 1er juillet a démarré depuis le 10 juin sur toute l’étendue du territoire national. Malgré la morosité qui la caractérise ( jusqu’à présent, pour bon nombre de responsables politiques), le scrutin du 1er juillet, en raison de plusieurs remarques, ne sera pas comme les autres que le pays a connu par le passé. Sur quoi se base t-on pour montrer un tel optimisme? Cet avis exprimé dans certains états-majors politiques n’est, cependant, pas partagé par quelques candidats en lice pour la compétition.

Le taux de participation : un défi jamais relevé

Au Mali, le taux de participation aux différentes élections a été faible. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle d’avril 2007, c’était la principale question à l’ordre du jour de toutes les réunions et assemblées générales des différentes structures impliquées dans l’organisation et la gestion des scrutins au Mali. Au sein des formations politiques également c’était la même préoccupation.

Ainsi, on aura vu tout le monde s’impliquer pour améliorer ce taux. Ceci a pu produire un effet, car, on est sorti de cette élection avec un taux de 36%. Ce taux n’a jamais été atteint dans l’histoire d’élections présidentielles dans notre pays, en tout cas, pour ce qui est de l’ère multipartite, sauf qu’en 1997, un score jamais égalé avait été réalisé par Alpha Oumar Konaré, lors de la présidentielle qui l’a vu affronter un certain Mamadou Maribatrou Diaby, président du PUDP. A l’époque, le processus électoral avait été boudé par les leaders politiques retranchés dans le collectif des partis politiques de l’opposition.

Pour rappel, lors de ces élections âprement contestées, Alpha Oumar Konaré, qui s’était battu pour un deuxième mandat, avait été élu avec 1 056 816 votants, soit 28,3% des électeurs inscrits contre 4 160 pour son rival. Avec un taux de participation extrêmement faible, le candidat Alpha Oumar Konaré avait tout de même été réélu en remportant les suffrages à 95,85%. Malgré les conditions calamiteuses de son déroulement, on a remarqué que le taux était meilleur par rapport à la participation de 1992, où le Mali organisait pour la première fois de son histoire des élections démocratiques.

Des archives, nous retenons qu’au deuxième tour de l’élection présidentielle de 1992, 1 019 781 électeurs avaient voté en se rendant dans les bureaux de votes. Cela avait donné un taux de participation de 21,6%. A l’époque, le candidat Alpha Oumar Konaré avait, pour challenger, feu Tiéoulé Mamadou Konaté. S’agissant du nombre de voix décrochées par chacun de ces deux candidats, il se présentait de la façon suivante : 690 921 voix pour le candidat Alpha Oumar Konaré de l’Adéma PASJ contre 309 984 pour Tiéoulé Mamadou Konaté du BDIA. Le nombre d’inscrits était de 4 717 967 électeurs.

A voir le taux de 36% réalisé au cours de la présidentielle du 29 avril 2007, un scrutin remporté haut les mains par Amadou Toumani Touré (le candidat du peuple disent certains), on est en droit de dire que le taux de participation s’améliore d’année en année. S’agira t-il de la même chose pour les autres élections considérées comme de proximité? Le doute est permis à ce niveau, et cela pour plusieurs raisons.

D’abord, le manque de confiance à l’endroit des élus qui, souvent, déçoivent beaucoup les populations qui les ont élus, mais aussi le peu d’intérêt que certains ont pour les élections. Et ce, malgré les différentes actions de sensibilisation sans cesse, organisée par les hautes autorités du pays, mais également des formations politiques trop préoccupées par le sujet.

C’est donc à juste titre que les uns et les autres doivent s’interroger sur ce que nous réservent les élections législatives du mois prochain. Seront-elles des élections avec un taux de participation dépassant celui du 29 avril 2007?

Sabotage ou prise de conscience?

On ne sait surtout pas ce qu’il faut dire du comportement des citoyens qui ont tendance à avoir la phobie des urnes. En effet, de plus en plus, les Maliens rechignent à voter pour le choix des responsables qui devraient présider aux destinées de la cité, du fait qu’ils ont en charge sa gestion pour l’amélioration du bien-être collectif.

Ceci, pour certains, s’explique par leur déception devant des élus qui ne font jamais du bien pour leur circonscription. Le cas des maires spéculateurs fonciers en est une parfaite illustration.

Bien que le député et le maire n’aient pas la même fonction, car, n’étant pas investis de la même mission, le citoyen a tendance à les confondre. En tout cas, pour ce qui est de leur devoir dans la cité, “le député et le maire, c’est bonnet blanc blanc bonnet« . Tel est le jugement des citoyens face à des hommes qui sont appelés à oeuvrer pour le développement du pays.

Attendons l’issue de ce scrutin pour voir si le taux de participation demeure toujours un défi à relever pour le Mali.


Laya DIARRA

20 juin 2007.