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Si la présidentielle 2007, la plus importante jamais organisée au Mali, s’est globalement bien déroulée, les législatives prochaines risquent d’être entachées de fraude et d’achat des consciences. Aux organismes chargés des élections – département de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, CENI, DGE, CNEAME – de redoubler d’efforts pour éviter la mascarade aux prochaines élections à l’Assemblée nationale.

Les lampions électoraux de la présidentielle viennent à peine de s’éteindre que pointe déjà à l’horizon les élections législatives de l’an 2007. C’est avec ces prochains scrutins que les citoyens décideront de la composition future de l’Assemblée nationale par le renouvellement de ses députés.

D’ores et déjà, l’histoire retiendra de l’élection du 29 avril 2007 qu’elle a été la plus importante organisée au Mali tant au plan de regroupements de partis politiques d’une part (ADP de la mouvance présidentielle avec 43 partis, FDR de l’opposition avec 14 partis, trois autres candidats solitaires) et, d’autre part, au plan des candidatures crédibles (non fantaisistes ou folkloriques) qui ont pris part à cette compétition pour réaliser l’alternance.

Le scrutin du 29 avril 2007, en plus des améliorations et innovations comme le bulletin unique et la confection de cartes de vote fiables et sécurisées, s’est déroulé dans un climat serein et apaisé grâce aux différents organes chargés des élections comme le département de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, la CENI, la DGE, le Comité national de l’égal accès aux médias d’Etat et à certaines bonnes volontés.

Nous notons qu’en dépit des améliorations, ce scrutin a connu certaines zones d’ombre et de défaillances. Le devoir de citoyen nous oblige aujourd’hui à attirer l’attention des différents organes chargés de l’organisation des élections sur certaines dérives les plus graves et les plus inquiétantes pour l’avenir de notre nation afin de leur soumettre quelques solutions, s’il plait à Dieu, pour l’organisation des législatives prochaines.

Compte tenu des enjeux capitaux des législatives, la fraude a le défaut d’être une industrie qui fonctionne à plein régime. Pour cela, nous attirons l’attention sur la mise en circulation de fausses pièces d’identité, de faux documents administratifs et juridiques qui se multiplient comme des petits pains afin de permettre à ceux qui ne pouvaient pas s’acquitter de leurs devoirs de citoyen de voter en toute impunité.

L’argent, qui est aujourd’hui le nerf de la guerre, fait l’objet d’une utilisation inquiétante le jour du vote dans différents centres pour détourner les consciences, acheter des suffrages par les caciques de la routine, afin de se maintenir vaille que vaille. Cette attitude, déplorable et d’ailleurs réprimée par la loi électorale, se fait au vu et au su de tous. C’est pourquoi les classements s’opèrent dans une certaine mesure en fonction de l’importance de l’enveloppe financière des différents acteurs en compétition.

Le déplacement inattendu des « sotrama » dans les coins et recoins de certains quartiers et la prise d’assaut des centres de vote par des électeurs fictifs sont enfin les éléments les plus importants pour attirer l’attention des organes chargés de l’organisation des élections. Car, après la première élection (la présidentielle), les cartes restantes deviennent une manne très précieuse pour certains maires et conseillers qui font de ces objets précieux un fonds de commerce et un outil de victoire pour leurs formations ou groupements. C’est pourquoi des « sotrama » sont bourrées, le jour du scrutin, d’électeurs fictifs qui font de véritables séries de navettes entre différents centres de vote, munis de cartes d’autrui.

A coté de ces maux, nous citerons aussi l’intimidation, le trafic d’influence, la vente de cartes électorales le jour du scrutin, comme pour confirmer que notre vitrine démocratique est engagée dans un processus irréversible de désagrégation.

Par-delà la multiplicité des candidats ou presque tous les candidats à la présidentielle, ces différents acteurs sont unanimes à reconnaître le caractère médit des prochaines législatives. L’enjeu est de taille et nous en sommes absolument convaincus.

C’est pourquoi nous avons perçu la nécessité d’apporter une contribution au débat concernant la fraude électorale et autres déboires qui ont présentement cours et qui concernent l’avenir de notre nation. Nous invitons tous les segments de la chaîne à la responsabilité, au culte de la transparence, au refus de l’injustice, au respect du verdict des urnes, à la mobilisation de toutes les énergies en vue du développement durable de la nation malienne.

Chers frères citoyens de notre cher Mali, Dieu le Tout-puissant nous enseigne dans le Coran : «Dieu ne changera pas l’état d’un peuple tant que ce peuple n’aura pas changé l’état de son âme». Respectueux et respectables organes chargés de la supervision et de l’organisation des prochaines législatives, efforcez-vous d’envoyer à l’Assemblée nationale du Mali les meilleurs hommes et femmes à travers les critères de transparence, de probité morale et intellectuelle et de patriotisme.

Pour vous permettre de rendre cela possible, nous vous proposons de faire l’audit des cartes d’électeurs restantes après la présidentielle afin de barrer la route aux tricheurs et à la prise en otage des centres de vote par des « sotrama » bourrées de mandataires malhonnêtes et sans scrupule munis de cartes d’autrui (volées ou achetées) avant d’entamer les prochaines législatives. La mauvaise gestion des cartes restantes et leur utilisation frauduleuse ont été parmi les causes de la suspension de plusieurs maires lors des échéances passées.

Respectueux et respectables organes chargés de la supervision et de l’organisation des élections législatives prochaines, nous attirons votre attention que des familles entières sont aujourd’hui à la recherche de leurs cartes électorales enlevées par des tierces personnes.

Sachant bien que les élections crédibles et transparentes ne font pas bon ménage avec l’usage de faux, nous comptons sur vous pour que de telles pratiques puissent appartenir au passé et réprimer tous les acteurs de ces actions malhonnêtes.

Le microcosme politique de notre pays n’a pas le droit de jubiler et doit se poser, en toute humilité et en toute responsabilité, la question de sa légitimité. Il devrait en être autant des futurs députés qui arpenteront, sous peu, les marches de notre auguste Assemblée. Il auront intérêt à afficher un profil bas et à se ceindre les reins pour être élus dans la transparence et dans la crédibilité afin de travailler à l’épanouissement d’un peuple qui attend de multiples défis à savoir l’agriculture et la sécurité alimentaire, la sécurité intérieure et transfrontalière, l’éducation, la formation et l’emploi, la santé, la solidarité, le développement social, la femme, l’enfance et la famille, les infrastructures routières, la bonne gouvernance et beaucoup d’autres encore.

Quant aux futurs députés, le prophète Mohammed (PSL) nous interpelle tous en disant ceci: «Quiconque sollicite la confiance de ses pairs et l’obtient se trouve en face de deux alternatives: exercer son mandat en s’efforçant de faire prévaloir la justice sur l’injustice et être récompensé par le Paradis ou alors exercer son mandat en faisant prévaloir l’injustice sur la justice et obtenir l’Enfer comme rétribution».

Puisse Allah (SWT) étendre Sa Miséricorde incommensurable sur notre pays, le Mali, et sur l’ensemble de la Oumma islamique. Paix et salut d’Allah sur Mohammed, ses compagnons et tous ceux qui suivent sa guidée. Amine !

Mohamed KIMBIRI

(Al Islam) Association Islamique pour le Salut

14 juin 2007.