Si peu d’électeurs se sont déplacés lors du premier tour des législatives, leur absence a été notoire, sinon criarde, lors du second tour. Dans la quasi-totalité des bureaux de vote du district, le constat est unanime : cette fois-ci, les électeurs ont, comme qui dirait, littéralement déserté les urnes. Et le taux de participation risque d’être encore plus faible…
A 11 heures déjà, la cour des bureaux de vote du groupe scolaire de l’ex-base aérienne était désespérément vide. Pas un seul électeur, à l’exception de quelques femmes restantes de la Commune III- du quartier, selon l’une d’elles- venues en délégation pour accueillir le chef de l’Etat et son épouse.
Le couple présidentiel, à son accoutumée, s’est acquitté de son devoir civique, à la même heure (10 h) et dans les mêmes bureaux de vote. Le Président de la République n’a, du reste, pas manqué de faire cas de son inquiétude, face à ce “divorce définitif” entre l’électorat et la classe politique.
Une inquiétude reprise en écho par le Président de bureau de vote, Kassim Tabouré. Selon lui, tant que les cadres politiques ne rétablissent pas la jonction avec leurs bases (les militants et les électeurs), la situation ne fera qu’empirer au fil des ans. Et d’ajouter : “Aujourd’hui, aucun parti ne peut valablement comptabiliser le nombre de ses militants. Et rares sont ceux qui initient des formations d’éducation et de sensibilisation à l’endroit des militants, pour leur édification civique”.
C’est qu’en fait, la politique n’est plus la chasse gardée d’une certaine frange de la société : tout le monde s’y met, n’importe quand et n’importe comment. Et aux dires de M. Tabouré, “certaines conditions sine qua non doivent être exigées des candidats qui veulent se présenter aux législatives et aux communales. Ils doivent fournir la preuve de leur militantisme et de leur longue pratique politique, documents à l’appui : carte d’identité, carte d’adhérent, cartes d’électeur des années passées au cours desquelles des élections ont eu lieu…” ..
M. Tabouré n’a pas aussi manqué de déplorer le carence de culture et l’incivisme de la plupart des jeunes qui (notons le) représentent quand même une grande partie de la population. Ce qui explique, le plus souvent, la primauté de leurs intérêts personnels sur le devoir citoyen.
Un assesseur interrogé attribue, quant à lui, cette désertion des urnes, à la démission des candidats et leurs partis : “Ni eux, ni leurs partis, n’ont plus d’argent, encore moins de ressources humaines pour mobiliser les électeurs. Tout ce qu’ils devaient et pouvaient faire, ils l’ont déjà fait lors du premier tour. Ils n’ont donc plus rien à dire ou à faire. Ceux des candidats qui seront élus à ce second tour ne le devront qu’à l’aide, disons plutôt à des ingérences irrégulières des partis ou associations qui les soutiennent, et non à leur implication ou à leur force de mobilisation. Tout ce que je sens, c’est qu’à la fin, il n’y aura plus de vote au Mali, si ça continue comme ça.”.
Oumar DIAWARA
23 juillet 2007.