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Sauf si le verdict de la Cour constitutionnelle venait changer l’ordre des choses, les élections législatives de cette année sont en passe de ravir la vedette à celles de 2002 par la hausse du nombre de candidatures.

D’ores et déjà, pour les 147 sièges de l’Hémicycle, 538 dossiers ont été reçus par le ministère de l’Administration Territoriale. Mais ces 538 sont loin d’être le nombre total des candidats. Selon Boubacar Sow, directeur national de l’intérieur, les dossiers qui représentent les listes des candidats comportent chacun plusieurs noms. Et sur chaque liste, en fonction du nombre de sièges par circonscription, il y a plusieurs candidats.

Avant d’être acheminés au ministère de l’Administration territoriale, les dossiers ont d’abord été constitués au niveau des 55 circonscriptions électorales que compte le Mali. En effet, c’est des 49 cercles plus les 6 communes du district de Bamako que sont partis les candidatures pour atteindre le département de l’administration.

La Cour constitutionnelle qui a reçu les dossiers après le 23 mai se prononcera sur leur validité cet après midi 28 mai 2007. Il y a en tout cas 90 dossiers de plus cette année qu’en 2002 où il y avait un plus de 400 dossiers, d’après le directeur national de l’intérieur.
Et en moyenne, il y a 9 candidatures par circonscription cette année.

Les 9 sages vont-ils cependant valider plus de dossiers cette année ? Rien n’est moins sûr. Par contre, la bataille fait rage dans les circonscriptions. Le plus grand nombre de dossiers a été fourni par Bamako. Et c’est la commune II qui vient en tête avec 23 dossiers. En deuxième position arrive la commune VI avec 20 dossiers. Sur le registre des circonscriptions qui ont fait moins de dossiers, il y a la commune rurale de Tinéssako au nord où il y a eu seulement un dossier. On peut ajouter à cette circonscription celle d’Abeïbara dont le nombre de dossiers se limite à deux.

En matière électorale, les partis jouent un grand rôle. Mais une des caractéristiques des législatives prochaines est la montée en flèche des candidatures indépendantes. En réalité, c’est sur un fond de crise au sein des partis politiques que les candidatures indépendantes ont pris de l’ampleur. Mais pour le directeur national de l’intérieur, deux facteurs expliquent la hausse des candidatures : d’abord les candidatures indépendantes, surtout celles liées aux déchirures internes aux partis politiques. « Beaucoup de candidats de 2002 ont eu des difficultés au sein de leurs partis« , rapporte un analyste qui estime que le nombre, cette année, des partis politiques en lice est le même qu’en 2002. Butés donc à des résistances dans leurs formations politiques, ces candidats ont pour la plupart décidé de se présenter en indépendants.

Le cas le plus médiatisé fut celui du jeune député Me Demba Traoré qui dut rejoindre une liste où il a accepté de composer avec l’URD. Mais le Mouvement citoyen a contribué à la hausse du nombre des candidats indépendants. Cette association politique a accueilli dans ses rangs de nombreux élus ayant faussé compagnie à leurs partis d’origine. Tous ces élus et d’autres aspirants affiliés au Mouvement citoyen sont dans la course pour l’Hémicycle.

Par ailleurs, plusieurs personnalités de la société civile envisagent de siéger à l’Assemblée nationale. Ainsi Soumaïla Bahini Traoré membre du conseil national des jeunes (CNJ) et du conseil social, économique et culturel, est également dans la course au parlement.

Selon Boubacar Sow, l’autre facteur qui explique la hausse du nombre des candidatures est le jeu des alliances. Contrairement au paysage politique qui avait prévalu jusqu’à l’élection présidentielle, les législatives ont imposé les réalités du terrain aux états-majors des partis.

Ainsi la rivalité qui existait entre le FDR et l’ADP s’est totalement effacée pour les législatives. C’est pourquoi dans plusieurs localités du pays, il y a des alliances entre des partis membres de l’ADP et du FDR.

En attendant un prochain revirement de la situation, la logique frontale entre l’opposition et le camp présidentiel ne répond plus au besoin des partis qui ont désormais le souci d’avoir le maximum de sièges.

Soumaïla T. Diarra

28 mai 2007.