Les prétendants à la fonction parlementaire seront en principe fixés sur leur sort aujourd’hui. En effet, la Cour constitutionnelle statue ce lundi à 17h sur la validité des candidatures dont les dossiers lui ont été transmis par le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales. Dans les coulisses, on apprend que certains candidats, des indépendants surtout et les groupements de partis, qui, dans la précipitation n’ayant pu remplir toutes les dispositions de l’article 158 de la loi électorale du 04 septembre 2006, risqueront de dire adieu à la compétition.
Cet article dispose : “La déclaration de candidature, sous peine d’invalidation, doit comporter un nombre de candidats titulaires égal au nombre de sièges à pouvoir. Les candidats indépendants doivent choisir un titre différent de celui des partis politiques légalement constitués. Le titre du groupement de partis politiques ou de candidats indépendants doit être notifié au ministère chargé de l’Administration Territoriale au plus tard la veille de la clôture du dépôt des déclarations de candidature et figurer en tête de la liste des candidats présentés aux élections”.
Or, il se trouve donc qu’il y a des indépendants et des groupements de partis politiques qui n’ont pas observé ce dernier détail mis en avant par l’article 158 de la loi électorale”. Les dossiers de candidature ayant fait fi de cette disposition de la loi électorale n’ont pas une autre alternative pour éviter l’invalidation Seront-ils purement et simplement déclarés invalides par les sages de la Cour Constitutionnelle ?
La réponse à cette question dans quelques heures. En attendant, un juriste de nous dire que les dossiers dans de telles situations sont d’office exclus, la loi étant la loi et qui reste inviolable une fois entrée en vigueur.Les dés sont désormais jettés pour les législatives de juillet prochain même si on ne connaît d’abord les chanceux qui franchiront le ligne d’arrivée.
Qu’à cela ne tienne, les législatives de cette année ont la particularité d’inscrire quelque chose d’inédit dans les annales politiques de notre pays. Une particularité qui tire son essence dans les alliances contre-nature dans la bataille rangée pour le renouvellement de l’Assemblée Nationale. Pour comprendre les enjeux, il faut remonter à la présidentielle d’avril dernier, tenue dans un contexte nouveau avec la bipolarisation de la classe politique nationale.
En effet, à la veille de l’élection présidentielle, deux camps, constitués de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) et le Front pour la Démocratie et la République (FDR), se croisaient le fer. Ces pôles politiques ne sont pas partis de rien. L’ADP et le FDR, tous deux créés avant le scrutin du 29 avril, ont des objectifs spécifiques qu’ils se sont fixés en vue d’aborder les joutes électorales de 2007, (présidenteille et législative).
Pendant qu’on s’attendait à une compétition électorale entre ces deux forces en présence, voilà que celles-ci ont décidé de se donner des coups de mains dans certaines circonscriptions électorales du pays à travers des alliances qualifiées de contre-nature par certains responsables politiques. A croire que ni l’ADP, ni le FDR, n’a le poids ou ne prétend l’avoir. Certes, les législatives, à l’image des communales, sont des élections de proximité qui font plus appel à des spécificités et réalités locales. Mais déjà à aller jusqu’à piétiner les objectifs primordiaux, voilà un pas qu’il ne fallait pas franchir.
En tout cas, de l’avis du ministre de l’Agriculture, Seydou Traoré, et non moins secrétaire politique de l’ADEMA-PASJ, un des principaux partis de l’ADP, si l’on n’y prend garde, l’objectif que s’est fixé l’ADP risque de ne pas être atteint. Comment conforter le chef de l’Etat d’une majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale, si la force de frappe qui a beaucoup contribué à sa réélection doit constituer de passoire à ses rivaux déclarés de se retrouver à l’hémicycle.
A regarder de près, sacré Seydou n’a pourtant pas tout à fait tort. Mais est-ce là l’avis des responsables de l’ADP ? Voilà une autre manche de la question qui a déjà sa réponse sur le terrain. Dioncounda et camarades ne sont certainement pas du même avis que “Seydou criquet”. En témoignent les alliances scellées par-ci, par-là entre les partis membres de l’ADP et du FDR.
C’est peut-être par là que passe aussi l’objectif de l’ADP, ce qui veut dire en termes clairs que l’ADP à elle seule n’a pas la capacité de ratisser large lors des législatives de juillet prochain. Idem pour le FDR, comme le démontre son accord express à cheminer avec l’ADP dans certaines circonscriptions. Un amour forcé donc entre des ennemis jurés dont le cheminement peut-être fatal pour les uns et les autres.
Mais comme on le dit, la politique est ce qu’elle est, et Dieu seul sait les réelles motivations des hommes politiques. C’est donc dire qu’une nouvelle configuratiion de l’Assemblée Nationale promet de véritables surprises. Des retournements de situation, il faut s’y attendre à tout point de vue. A qui profiteraient ces retournements?
Adama S DIALLO
28 mai 2007.