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Les tisserands y avaient entonné l’accent dramatique pour fustiger «l’échec du gouvernement», «les souffrances du peuple malien» et autres joyeusetés du genre. Une attitude dictée par la rancoeur née de la place dérisoire que le Général leur a faite au gouvernement, bien qu’ils eussent le parti le mieux représenté à l’Assemblée nationale avec 45 sièges au départ.

Malgré tout, le Général, qui revendique une toute autre philosophie en matière de gestion du pouvoir- celle-ci n’obéît pas toujours à «l’arithmétique politique» comme il ne se lasse pas de le répéter- n’est guère disposé à entendre, encore moins à comprendre des critiques aussi sévères de la part d’un parti qui participe au gouvernement.

Aussi, s’attendait-on dans son proche entourage, comme dans d’autres cercles de la politique malienne, à ce qu’il en tire les conséquences en sanctionnant le RPM.

Pourquoi celui-ci et celui-ci seul alors que d’autres partis politiques, à commencer par l’ADEMA, n’ont pas été avares d’admonestations, voire d’intimidations à la faveur de ce 8 juin de tous les dangers?

Souvenons-nous des formules-choc de Dioncounda Traoré: «Le 8 juin, ce n’est pas notre affaire», «Le consensus actuel est anti-démocratique et porte en lui-même le germe anti-démocratique».

Et tutti quanti. Le crime du RPM, si l’on peut l’appeler ainsi, c’est d’avoir fait parvenir au président de la République sa fameuse déclaration sous pli fermé, en empruntant les voies les plus officielles, lui donnant ainsi l’allure d’une déclaration de guerre, d’une lettre de rupture.

Du moins, c’est ainsi que ATT a cru comprendre la démarche qui l’a, semble t-il, irrité au point qu’il ait songé à prendre l’initiative d’une séparation avec le RPM d’IBK. Au finish, il n’en a rien été. Du moins pour le moment.

Le président de la République a-t-il voulu s’accorder un délai supplémentaire de réflexion? On devrait être édifié là-dessus d’ici à la rentrée parlementaire d’octobre.

En attendant, pour ne pas trop décevoir les attentes de certains milieux politiques qui le pressaient de modifier la configuration du gouvernement, voire de changer d’attelage tout simplement, ATT vient de frapper un grand coup psychologique en démettant de ses fonctions le jeune et courageux ministre de la Jeunesse et des Sports, Dr Moussa Balla Diakité.

On peut parler d’un acte sacrificiel, une pure immolation, dans la mesure où l’on ne relève aucune faute dans le bref parcours de ce dernier au gouvernement. Tout au contraire, il s’est évertué, brisant les tabous, à redresser le football malien, à lui redonner ses lettres de noblesse.

Il ne peut être puni pour cela. Ce pour quoi il vient d’être puni, c’est parce qu’il y avait un besoin manifeste et urgent de faire une offrande à la jeunesse malienne, à la veille de ce 26 juin, où se jouera, au détour d’un Conseil national extraordinaire de la Femafoot, le sort du football national. Le vrai remaniement est donc à venir.

El Hadj Saouti Labass Haïdara

21 juin 2005