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Cette victoire annoncée pour le parti de Ibrahim Boubacar Kéïta pouvait passer inaperçue si elle n’intervenait pas dans le contexte qui caractérise actuellement le landernau politique malien.

En effet, elle intervient quelques mois avant la tenue d’élections générales (législatives et présidentielles) dans notre pays. Sauf erreur de notre part, ces élections de Sikasso seront les dernières consultations électorales locales avant les consultations nationales prévues en 2007.
Sikasso donne donc logiquement des raisons d’espérer au Rpm pour le futur.

Et ce parti semble déterminé à tirer le maximum de gain politique d’une victoire quoique obtenue à l’arrachée.
Deuxièmement : cette victoire du Rpm intervient quelques semaines seulement après le départ «forcé» du parti à l’opposition parlementaire.

La nouvelle option des tisserands a-t-elle pesé dans la balance ? La question mérite réponse d’autant que l’Adéma s’affiche aujourd’hui comme le porte-drapeau de la Mouvance présidentielle.

Cette position affichée des abeilles les a justement poussé à commettre des erreurs qui au finish se sont avérées imparables.

En effet, conscient du poids électoral qui était le sien dans un passé récent dans le Kénédougou, l’Adéma, lors de ces élections partielles, a tourné le dos à ses traditionnels partenaires politiques et électoraux, pour ne compter que sur un éventuel soutien du Mouvement citoyen.

La réalité des urnes a, dès le premier tour, montré les limites de la stratégie des abeilles.

Au deuxième tour, l’ex-parti majoritaire a tenté de rectifier le tir, en sollicitant le soutien de partis comme l’Urd (Union pour la République et la Démocratie) et le Parena.

Rien n’y fit. Ces formations, démarchées dès le premier tour par le Rpm, ont logiquement répondu à la main tendue des tisserands.

Résultat : l’Adéma n’avait en définitive que le soutien et la bénédiction du Cnid et du Mouvement citoyen. En revanche, l’Urd, le Mpdd et le Parena avaient fait bloc derrière le Rpm.

En réalité, la stratégie de l’ex-parti majoritaire testée dans le Kénédougou risque fort de lui jouer des tours aux prochaines élections générales.

En fait, ce parti semble jeter son dévolu sur le Mouvement citoyen et affiche manifestement son intention de s’interposer entre le Président de la République et les autres formations.

Le calcul des abeilles est simple : faire porter le manteau rouge et blanc au chef de l’Etat et se positionner pour le futur.

En clair, faire le vide autour du Président de la République, ensuite aller aux élections de 2007 avec uniquement le Mouvement citoyen, tout en écartant les autres.

Le piège est mortel. Les résultats de Sikasso viennent donc comme un cinglant avertissement à la fois pour l’Adéma et pour le Président de la République qui bénéficie depuis la semaine dernière du «soutien électoral» de cette formation.

C.H Sylla

17 novembre 2005.

17 novembre 2005.