Partager

En 2002, au nom de son consensus, le général ATT a privé les partis de leur victoire. Se laisseront-ils faire cette fois encore ?

Les consultations électorales qui viennent d’avoir lieu au Mali prouvent que les partis politiques ont encore un rôle à jouer. Ils ont été unanimes à soutenir un indépendant, signe de leur division et même de leur inconséquence. Mais, au moment de penser à eux-mêmes, que peuvent-ils attendre de cet homme ?

Le consensus tant prôné par ATT a montré ses limites. Il n’a jamais eu de vrais idéologues, en dehors du militaire qui l’a sorti de sa besace trouée, mais qui n’a jamais su le conceptualiser, à fortiori l’appliquer ou le rendre lisible. Le consensus à la sauce ATT n’a abouti qu’à l’aggravation de la corruption, de la concussion, du népotisme, du copinage… Tout est contre l’intérêt supérieur du Mali.

Le consensus d’ATT a infantilisé la nation, instrumentalisé le politique et divisé les fils du pays. Les seules armes utilisées, en lieu et place du débat démocratique ont été, pour tous ceux qui ont eu l’outrecuidance de réfléchir et de voir autrement, les enlèvements, les bastonnades ou les exactions exercées par des sous-fifres de la trempe d’un certain procureur…

Les résultats provisoires en tout cas accordent un sursis aux partis politiques. Les thuriféraires du Mouvement citoyen voulaient sonner l’hallali des formations politiques dont l’essence est de conquérir à l’expression des suffrages.

Refuser la mystification

Les électeurs (ceux qui se sont donné la peine de se déplacer) ont mis le holà à ce désordre entretenu en haut lieu. Ils préfèrent la politique même avec ses imperfections à l’aventure.

A présent, il revient aux politiques d’obliger le président ATT à respecter le fait partisan, c’est-à-dire à traduire en acte concret le choix du peuple, dans des proportions, sur des hommes politiques. Que ceux qui parviennent à former une majorité gouvernent !

Cela aura l’avantage qu’il y aura au moins quelqu’un à sanctionner à l’heure du bilan et nous sortir d’une gestion clanique et épidermique du pouvoir.

Les législatives 2007 ont permis de décanter la situation et surtout de clarifier les positions : les « indépendants » et surtout le « Mouvement Citoyen » ont été ramenés à leurs justes proportions.

Au moins, selon Me Tall, le mythe des fiefs est tombé pour beaucoup. Lui, qui est supposé être de Ségou, s’est toujours fait élire dans « son fief » par portage. En 2002, c’était le RPM. En 2007, c’est sur une liste Adéma qu’il retourne Place de la République…

Qui sera le prochain Premier ministre ? Sans être dans le secret des dieux (surtout qui semblent avoir fui l’échiquier politique malien et tout ce qui va avec…), il est quand même possible de dire qu’il doit être politique, partisan. Aux hommes politiques de se battre pour cela parce qu’on est en République.

Alexis Kalambry

26 juillet 2007.