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La Brigade de Recherches du Camp I de la Gendarmerie Nationale qui était en charge du dossier interpella alors la semaine dernière les neuf personnes s’occupant du “Sitanè bougou” (le domicile de Daouda Yattara en Commune IV du District de Bamako). Après interrogatoire, six personnes ont été relaxées. La brigade de recherches décida de maintenir les trois autres en garde à vue pour les besoins de l’enquête. C’est alors que le Vieux chasseur Kita Balla fut cité par les parents de Mory Magassouba Blakoroba comme étant un partisan de Daouda Yattara.

Selon le grand frère de “Blakoroba” M. Sayon Magassouba, venu de Siguiri en Guinée Conakry et qui a porté plainte contre Daouda, Kita Balla aurait intimidé Blakoroba en 2003, quand celui-ci était venu de Siguiri pour régler son compte à “Sitanè” “en disant qu’il ne peut rien faire à un Malien au Mali et qu’ils allaient même le tuer sans que les autorités maliennes ne réagissent”. Est-ce ce qui s’est passé ? s’interroge le grand frère de Blakoroba.

KITA BALLA AU CAMP I
Le vendredi 06 mai 2005, Kita Balla fut interpellé et entendu au Camp I. Notre vieux chasseur, président d’une Association de la confrérie des chasseurs du Mali, interrogé sur son rôle probable dans l’assassinat de Mory Magassouba, a nié en bloc son implication dans cette histoire à quelque niveau que ça soit. Il a rejeté du revers de la main les accusations de Sayon Magassouba.

Le lendemain samedi 07 mai, Kita Balla s’est rendu pour la deuxième fois consécutive au Camp I pour répondre aux interrogations des gendarmes. Il aurait répété les mêmes propos le samedi dernier que le premier jour de son interpellation. Après son audition, il est rentré chez lui. En tout état de cause, les parents de Blakoroba, à commencer par son grand frère Sayon Magassouba en séjour actuellement à Bamako, sont décidés à ce que justice soit rendue.

LA BRIGADE DE RECHERCHES DESAISIE DU DOSSIER

Vu la tournure des événements dans l’affaire Daouda Yattara, la Brigade de Recherches du Camp I, qui a pourtant remporté des succès notables, a été dessaisie de l’affaire et le dossier a été transmis au service d’investigations judiciaires situé à l’entrée du Camp I spécialisé en la matière et donc compétent. Après les recherches donc, place aux investigations judiciaires. Selon nos sources, la transmission du dossier Daouda Yattara d’une section de la gendarmerie à une autre serait due aux nombreuses ramifications de l’affaire qui nécessite des investigations judiciaires.

LE FILM DES EVENEMENTS
Nous sommes en fin 2003, Mory Magassouba dit “Blakoroba”, de nationalité guinéenne, débarque à Bamako, pour, dit-on, régler son compte à Daouda Yattara dit “Sitanè”, un féticheur malien qui avait pignon sur rue. Le phénomène Daouda Yattara avait séduit plus d’un, ses adeptes se multiplièrent. L’homme s’est enrichit très vite grâce à des fétiches que Blakoroba lui aurait prêté ou vendus. C’est alors que Daouda commença à défier les musulmans ; il ne jurait qu’au nom de “Sitanè” (Satan), Daouda Yattara n’hésita pas à remercier Satan publiquement au cours des cérémonies réunissant les chasseurs. Ces comportements provocateurs de Daouda Yattara à l’égard des musulmans irritèrent Blakoroba qui aurait été son maître en fétichisme.

C’est alors que le Guinéen Blakoroba décide de retirer à Daouda les fétiches qu’il lui aurait remis en Guinée. Dans ce combat des féticheurs, Daouda Yattara aurait pris le dessus. C’est ainsi qu’il aurait ligoté Blakoroba avec le concours de ses disciples. Suite à des médiations, Blakoroba disparaît de la circulation pour être ensuite accusé de viol sur une mineure. Il fut enfermé au Commissariat du 9è arrondissement pendant près d’un an. A sa libération l’année dernière, à la veille de CAN 2004 en Tunisie, il aurait été enlevé par Modibo Kéïta dit “Van”, un disciple de Daouda sur instruction de ce dernier.

Depuis personne n’a revu Mory Magassouba dit Blakoroba. Pour faire disparaître les traces, Daouda aurait donné de l’argent à Modibo “Van” et à Kassim Dafara pour qu’ils puissent aller à l’aventure hors du Mali. Quelques mois après, les deux jeunes hommes reviennent au bercail réclamer le reste de leur argent à Daouda. Mais entre-temps, Modibo aurait épousé l’une des soeurs de “Sitanè” ; en complicité, les deux gendres auraient décidé d’éliminer Kassim.

Ce qui devait arriver arriva. Ainsi, le 30 mars 2005, entre 21 heures et 22 heures, Kassim rendit l’âme suite à des coups et blessures que lui ont infligés Sitanè et complices notamment Van non sans attirer l’attention des forces de sécurité en poste à la sortie de Sébénikoro à quelques mètres du domicile de Daouda Yattara, lieu du crime.

Suite à une plainte du père de Kassim, le Commissariat du 5è arrondissement envoya Van en prison et le dossier fut transmis au Camp I où les gendarmes décident de maintenir son complice “Sitanè” en garde à vue le 6 avril. Une semaine plus tard, c’est-à-dire le 13 avril 2005, Daouda Yattara dit Sitanè fut déféré à la prison centrale de Bamako.

Il est aujourd’hui accusé d’un double crime voire plus : l’assassinat de Kassim Camara dit Kassim Dafara et celui de Mory Magassouba dit Blakoroba. Jusqu’où ira l’affaire Daouda Yattara ? En attendant, les interpellations se poursuivent.

Daba Balla KEITA