Les usagers sont soumis à une gymnastique intense pour avancer sur des portions de la voie, en embrayant pour passer la vitesse supérieure ou rétrograder. C’est un vrai casse-tête pour ceux qui ne quittent pas leurs domiciles à l’aurore.
Parcourir le tronçon Yirimadio-Niamana ou inversement sur la Route nationale (RN6) relève d’un parcours du combattant. Même le bon état de la voie ne dissipe pas les appréhensions des usagers qui y passent environ une heure voire deux. La route se révèle parfois dans toute sa cruauté avec le terrible bouchon constant. C’est souvent une descente aux enfers.
Ce lundi d’octobre, alors que le soleil commence à darder ses rayons sur la capitale, une scène ubuesque se déroule sur le tronçon Niamana-Yirimadio. Dans un tohu-bohu digne d’une époque révolue, le vrombissement des moteurs le dispute à un concert de klaxons stridents d’automobilistes et motocyclistes et aux invectives de piétons qui n’entendent pas parfois céder la moindre portion de la voie aux engins mobiles. Dans cette nasse, les usagers peinent à avancer.
Ce casse-tête renvoie aux défis d’une métropole en pleine effervescence. Mais aussi en pleine croissance démographique avec des milliers de véhicules qui soumettent à rude épreuve l’infrastructure routière. Chacun essaie de se frayer un passage plus rapidement sans y parvenir parce que «le piège infernal» se referme sur tous. Ce casse-tête quotidien est vécu par les usagers de ce tronçon.
Les travailleurs qui logent dans les quartiers situés le long du trajet sont astreints à une gymnastique intense. Avancer sur des petites portions, en embrayant pour passer la vitesse supérieure ou rétrograder. Ceux qui ne veulent pas vivre ce calvaire font le choix de quitter dès l’aurore pour regagner leurs bureaux au centre-ville ou leurs échoppes ou boutiques pour les commerçants détaillants.
Les retardataires partagent le même désarroi. «Je quitte toujours tôt la maison pour mes rendez-vous. Mais avec tout ça, il m’arrive souvent d’être en retard», témoigne un automobiliste. Une mère de famille confie aussi qu’il faut sortir le petit matin pour éviter l’embouteillage. «Je réveille mes deux enfants de moins de 10 ans chacun à 5 heures du matin afin de les apprêter pour l’école. Nous quittons la maison à 6 heures», explique-t-elle à qui veut l’entendre.
La bagarre des grincheux- Les véhicules de transport en commun, créant le désordre ignorant superbement le plus souvent à dessein le Code de la route, contribuent à l’embouteillage. Les policiers, souvent dépassés par les évènements, peinent à canaliser la cohorte d’engins mobiles. Le marché de Yirimadio, à quelques encablures du viaduc, contribue pour beaucoup à l’embouteillage. Les marchands envahissent la chaussée avec leurs étals, créant un véritable désordre dans lequel automobilistes se retrouvent coincés entre l’incapacité d’aller à un bon rythme de progression et la crainte d’une collision malheureuse.
Les piétons se retrouvent souvent contraints de marcher sur la chaussée parce que les motocyclistes aussi se déportent sur cette partie de la route. Le passage devient périlleux. Les accidents impliquant des piétons sont légion. Un conducteur d’automobile exprime son indignation. «Imaginez à quel point c’est pénible de donner un coup de frein à chaque 20 mètres pour permettre aux piétons de se faufiler entre les véhicules».
Tout comme cet usager, des vendeuses aussi expriment leur état d’âme devant la situation. L’une d’entre elles explique n’avoir d’autres choix que de forcer le passage. Elle salue en passant les policiers qui aident les piétons à traverser la voie. Elle souligne aussi que lorsque les policiers sont absents, les piétons se débrouillent pour traverser».
Les gros porteurs et les bus de transport interurbain sont aussi incriminés à raison comme des facteurs d’embouteillage sur le même tronçon. Ceux-ci bloquent les voies et rendent souvent la circulation cauchemardesque. Les nerfs des usagers sont à fleur de peau. Les plus grincheux se bagarrent parfois. Une situation qui en rajoute au chaos. Ceux qui sortent de la nasse mettent souvent quelques minutes à retrouver leurs esprits.
Généralement, c’est aux environs de midi que la circulation se fluidifie. Mais le trafic qui est intense sur la voie retrouve un semblant de calme avant de repartir de plus belle entre 16 et 17 heures. C’est seulement pendant la nuit que les voies se libèrent progressivement. Les klaxons se font rares. C’est l’histoire, le vécu des usagers du trajet, pour lesquels c’est une odyssée. Il faut surtout prendre son mal en patience.
Rokia TOGOLA
Source: L’Essor