Appareillage du Tata de Hamdallaye » title= » Appareillage du Tata de Hamdallaye » class= »caption » align= »center » />
Sésame, ouvre-toi !
Le tata ne s’ouvrira que lorsque vous donnerez la formule magique, tout comme dans le conte de » Ali Baba et les 40 voleurs « .
L’ouverture des portes d’entrée encastrées dans l’immense enceinte fortifiée, était réglementée. Une fois la porte fermée, de jour comme de nuit, il fallait pour entrer ou sortir de la cité, donner le mot de passe. Il va sans dire, qu’à une heure avancée de la nuit, la porte ne s’ouvrait sous aucune condition, quelque soit l’importance du motif.
Les portails comportaient de lourds battants en bois massif sculpté. Très souvent, ils étaient renforcés à l’extérieur par des fers trempés, et dans certains cas, pouvaient résister aux balles de fusil.
Les battants étaient munis de serrures dont l’ouverture nécessitait une clé. A la différence de nos clés actuelles tournantes, les clés d’antan, s’enfonçaient, déplaçant ainsi le verrou de sûreté. Tout cela, exigeait et nécessitait une grande connaissance pour sa réalisation ainsi qu’une grande dextérité pour sa manipulation.
Pourquoi les tata ?
Nos investigations ne nous ont pas permis de remonter aux origines de ces fortifications. Mais nous estimons leur apparition en rapport avec les périodes d’insécurité. Entre autre période, nous citerons la conquête coloniale à travers la traite des noirs et les guerres claniques, voire hégémoniques de domination et d’asservissement des terres et des hommes des localités voisines.
Vous avez sûrement eu connaissance des grands empires du Moyen Age du Ghana, Songhoy et leur chute ou fin.
Grands états pas assez forts et structurés, aussi bien en hommes, en matériel qu’en organisation et face à l’insécurité généralisée, ces états n’étaient pas à même d’assurer et de maintenir le besoin d’ordre, de paix, de quiétude des populations et des biens. Cela serait sûrement à l’origine de l’édification de immenses fortifications, qui à la lumière de beaucoup de nos patrimoines sont exposés aux intempéries.
Ainsi pour se protéger de différents dangers tels les razzia, captures d’esclaves, etc; un moyen de protection sûr et efficace a été ainsi trouvé par les populations afin de pouvoir produire et vivre en toute tranquillité.
La construction de ces remparts connaîtra un véritable boom jusqu’au début de l’ère coloniale.
Deux personnalités par de multiples conquêtes, auront largement contribué à donner leur lettre de noblesse à l’édification des tata: El Hadj Omar fondateur de l’empire Toucouleur du Fouta Toro et Samory Touré fondateur de l’empire Peul du Wassoulou.
Comment venir à bout d’un tata ?
Ne dit-on pas que le seul et unique moyen de venir à bout d’un chose » terrée » est de l’assiéger sans relâche. La solution était ainsi trouvé : là, où la flèche et le fusil ont montré leur limite, le siège devrait réussir.
Le siège du tata de Sikasso par l’Almamy Samory Touré, a duré neuf mois. La stratégie, qui a consisté à affamer l’ennemi et à l’obliger de sortir de ses retranchements, s’est soldé par un échec. Un e fois encore la fortification, s’est montré efficace et imprenable.
L’organisation spatiale de la cité était rigoureuse et très bien structurée. Elle répondait aux besoins d’extrême sécurité. Ainsi, les espaces pour la culture et le pâturage se trouvait aux limites de la muraille et les habitations regroupées le plus vers l’intérieur, de manière à éviter d’éventuelles flammes des assaillants, pouvant provoquer des incendies.
Une lecture d’un récit militaire des armées coloniales, démontre à suffisance l’efficacité de ce moyen célèbre et populaire de défense qu’a été le tata. Tenez-vous bien, il parait qu’une balle du célèbre fusil » Lebel « , le plus moderne à l’époque, tirée presque à bout portant dans le banco des murailles ne pénétrait que de douze centimètres. Oui, douze centimètres sur 500 centimètres (5 mètres), la largeur moyenne de la forteresse. Qui dit mieux !
Que faire maintenant …
Nous ne cesserons jamais de démontrer que notre pays regorge d’énormes savoirs- faire accumulés des siècles durant. Il nous reste entre autres à les mettre en valeur et se les approprier, simplement par :
La mise en place d’un répertoire exhaustif et d’un débat sur leur problématique ;
La réalisation d’un plan de conservation et de fouilles archéologiques ;
L’élaboration éventuelle d’un programme de sauvetage et de classement ; et
La vulgarisation et la médiatisation des enseignements tirés de ces chefs d’œuvre.
Conclusion
Le tata, comme moyen défensif, a été une architecture monumentale et fonctionnelle. Témoin d’une période politique et sociale trouble, il nous importe de faire le point sur ces chefs d’œuvre abandonnés à la dégradation naturelle et à l’action dévastatrice de l’homme, qui n’hésite pas à réutiliser le banco des tata pour la réalisation de sa demeure personnelle.
Bibliographie :
-Archives nationales
Récit
06/09/2005
Cheich Abd El Kader, architecte
–abdelkader@afribone.net.ml