Nouvelle porte du palais de Aguibou Tall » title= »Nouvelle porte du palais de Aguibou Tall » class= »caption » align= »center » />
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Dans l’article précédent, je vous aavais parlé du tata de Sikasso. Il n’est pas le seul exemple de Tata célèbre dans notre pays.
Tata de Hamdallaye:
Ville en attente de renaître de ses cendres comme l’a souligné le poète Albakaye Ousmane Kounta, Hamdallaye a aussi connu des moments de gloire. Entourée en son époque par deux immenses tata concentriques, l’un entourant la ville l’autre la concession royale, la ville a résisté dans sa structure, face aux multiples assauts guerriers de divers envahisseurs.
De nos jours, sur le site désaffecté de la cité disparue d’Hamdallaye, énormes vestiges et ruines témoignent des enjeux sociaux et économiques d’antan. Hamdallaye est en voie de reconstitution.
Tata de Mignan
Dans la boucle du Baoulé, le tata de Mignan est une ex-forteresse qui mérite aussi que l’on s’attarde là dessus. Il est imposant comme les deux précédents. La surface qu’il englobe avoisine les 10.000 m2, presque la surface de deux terrains de football. Son édification date de la période du célèbre royaume du Kaarta. Sériba Diarra, un seigneur local, en serait le maître d’œuvre.
Que retenir de ces fortifications !
Comme toute réalisation humaine d’envergure, les tata sont d’époque, leurs dimensions dépendaient des cités ou villages qu’ils protégeaient. De forme généralement circulaire et irrégulière, la forme du tata est un zigzag de murailles massives, qui va de plus de 6m à la base à 5m au sommet. Les murs sont flanqués presque toujours aux angles de tours ou tourelles plus ou moins arrondies. Celles ci, jouent le rôle de poste d’observation ou de guérite de sentinelle rehaussée.
Les murailles étaient dotées de meurtrières reparties en des distances régulières, généralement aménagées dans les deux ou trois premières assises. Ces meurtrières, en raison de l’étroitesse de leur diamètre (entre dix et quinze centimètres) et l’épaisseur des murs, offrent un champ de vision très réduit et précis et étaient certainement utilisées pour des tirs croisés par les guerriers postés à l’intérieur.
Elles sont rétrécies à l’intérieur et élargies à l’extérieur, épousant ainsi une forme parallélépipédique.
Le banco, le matériau de base devant être très consistant, était gâché pendant plusieurs jours. On y mélangeait des gravillons, de la bouse de vache, du son de riz – mil ou de la paille hachée, une technique de base encore usitée de nos jours, dans la construction des ouvrages en terre.
L’édification de la forteresse se faisait à un coût énorme. L’entreprise était fastidieuse et nécessitait l’implication de tous. Des facteurs importants très déterminants dans la conduite des opérations, méritaient d’être tenus en compte.
Ce sont:
– le besoin en main-d’oeuvre et en matériau était très élevé, pour la construction de l’ouvrage ;
– l’urgence de livrer l’ouvrage dans un délai court ;
– la nécessité du respect des délais limités, imposés par les matériaux et techniques de constructions.
La valeur de la tâche et l’honneur de la cité
L’érection de la forteresse était assez lente, car elle nécessitait une abondante main d’œuvre. Il fallait attendre que les assises inférieures sèchent avant de continuer l’élévation. Conscients des enjeux, toute la population prenaient activement part à ce travail collectif. Chacun donnait du sien et faisant de son mieux, car il fallait dans un bref délai venir à bout de ce chef d’œuvre d’architecture.
L’ouvrage se terminait par la mise en place de lourdes et massives portes. Cette tâche (réalisation et technique de mise en place des ouvertures) revenait au forgeron, qui déjà nous le savons tous, avait une maîtrise de la réalisation d’armes de défense à partir de haut fourneaux.
Il faut reconnaître que ceux ci étaient des spécialistes confirmés. Pour la petite histoire, sachez que lors de la restauration du palais Aguibou Tall de Bandiagara, nous avons eu d’énormes difficultés à restaurer la porte d’entrée. Construite depuis la 1ère réalisation du palais, cette porte a traversé le temps et a échappé au pillage des hommes. Et oui la porte est toujours là, et peut se revendiquer de figurer, parmi les objets les plus âgés de Bandiagara et ses environs.
(à suivre)
29/07/2005
Cheich Abd El Kader, architecte
_abdelkader@afribone.net.ml