Au Mali, le tata a été utilisé au cours des siècles derniers par plusieurs communautés villageoises, pour se défendre contre d’éventuels assaillants. Le tata ou tara car c’est de lui qu’il s’agit, selon que l’on soit en milieu bambara ou malinké, est un mur entourant une agglomération, permettant ainsi de se défendre contre toute agression. A partir du 18ème siècle, la réalisation du tata a connu un certain essor.
Signe d’une certaine confiance, symbole d’une éventuelle protection et d’une épisodique assurance, le tata a garantit des moments de paix aux cités, abritées par sa masse imposante à tous égards. Ayant longtemps oeuvrés contre la soumission et l’esclavage, ces réalisations grandioses, constituent de nos jours d’immenses épaves du patrimoine architectural national, jetées au gré des intempéries et de la société.
Du temps des tata à aujourd’hui, on peut affirmer, qu’aucun inventaire, n’existe. Des restes de pans de mur subsistent encore dans le Kaarta, dans la boucle du Baoulé et dans certains cercles de Sikasso, en 3ème région du Mali.
Malgré, l’existence de relevés par ci et là dans quelques publications, nous n’avons point retrouvé d’études détaillées ou de relevés de plan de construction fiable de leur construction.
Réalisations
Parmi les réalisations remarquables dont des pans importants et entiers nous sont parvenus, il faut citer les tata de Koniakary (Kayes), Sikasso (Sikasso) et Mignan dans la boucle du Baoulé.
L’histoire nous enseigne, que de grands conquérants et ou guerriers tels, Sériba Diarra et El Hadj Omar Tall, Babemba Traoré en ont fait usage dans la quête de défense de leur territoire. De façon générale et dans la plupart des cas, le matériau fondamental de réalisation reste le banco, avec l’utilisation de la pierre sèche selon la disponibilité et l’endroit.
Au Mali, le tata le plus connu et le plus cité ou médiatisé, est incontestablement celui du royaume du Kénédougou (Sikasso). Pour offrir un témoignage aux générations futures, les autorités nationales ont commandité une restauration de quelques pans de cette ancienne fortification : le résultat tout en laissant perplexe, a suscité pas mal de polémiques et de critiques de la part de tous les observateurs.
A la lumière des diverses témoignages et à la suite d’observations sur le terrain, nous pouvons attester que cette imposante muraille pourrait bel et bien revendiquer les dimensions suivantes : un mur épais de plus de six mètres à la base pour une hauteur d’au moins cinq mètres. Son tracé en zigzag lui conférait un gondolage régulier. Ces dimensions pharaoniques justifiaient la robustesse attendue de cet imposant chef d’œuvre communautaire. Quand au périmètre de la réalisation il était fonction de l’aire des villages ou cités à protéger.
Un bien communautaire
De façon générale et commune nous retiendrons l’existence de :
– tourelles plus ou moins rondes ou tour de guet aux angles de la forteresse,
– meurtrières aménagées aux 1ères assises de l’ouvrage,
– deux à trois grandes portes d’entrées, voire quatre au maximum dans le tata.
Résultat d’un effort et d’un travail communs à l’ensemble de la population vivant dans son périmètre, le tata répondait à un souci de regroupement des forces contre l’envahisseur. Il est le témoignage du génie créateur d’une communauté aspirant à la tranquillité, au développement harmonieux de sa population, ainsi qu’à un destin commun vieux de plusieurs siècles.
(à suivre)
21/07/2004
Cheich Abd El Kader, architecte
–abdelkader@afribone.net.ml